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La revue n° 64 Figures libres

Figures libres

-B-E-S-T-I-A-I-R-E-B-E-S-T-I-A-I-R-E-B-E-S-T-I-A-I-R-E-B-E-S-T-I-A-I-R-E-B-E-S-T-I-A-I-R-E-

A-ANIMAUX- « Et c’est la main qui fait la marque distinctive de l’homme : la main qui manipule, la main de malignité. » La ferme des ANIMAUX, George Orwell, traduction Philipe Jaworski, Folio Gallimard, 2021.
George Orwell, son autodéfinition : « anarchiste conservateur »

B-BÊTE- « La BÊTE innommable ferme la marche du gracieux troupeau, comme un cyclope bouffe. / Huit quolibets font sa parure, divisent sa folie. La BÊTE rote dévotement dans l’air rustique. / Ses flancs bourrés et tombants sont douloureux, vont se vider de leur grossesse. / De son sabot à ses vaines défenses, elle est enveloppée de fétidité. / Ainsi m’apparait dans la frise de Lascaux, mère fantasmatiquement déguisée, / La sagesse aux yeux pleins de larmes. » René Char, La Paroi et la Prairie, Ed G.L.M, 1952.

C-CHIENS- « Dans les hôtels qui avaient l’air d’organismes vivants. / Dans les hôtels pareils à l’intérieur d’un CHIEN de laboratoire. / Enfoncés dans la cendre. / Ce type-là, à moitié nu, mettait la même chanson encore et encore. » extrait du poème Au bord de la falaise, Roberto Bolano, Les CHIENS romantiques, Christian Bourgeois éditeur, 2012.
« La poésie ne disparaîtra pas. Son non-pouvoir se fera visible autrement. » Roberto Bolano, Amuleto, 2008. Charles Bukowski - Cinq Poèmes du Recueil : L’Amour est un Chien de L’Enfer
www.youtube.com/watch?v=pJMn16AdzRE

D-DODO- « - J’allais proposer, dit le DODO d’un ton vexé, une course cocasse ; c’est ce que nous pouvons faire de mieux pour nous sécher. – Qu’est-ce qu’une course cocasse ? demanda Alice ; non qu’elle tînt beaucoup à le savoir, mais le DODO avait fait une pause comme s’il s’attendait à être questionné par quelqu’un, et personne ne semblait disposé à prendre la parole. » extrait de Alice au pays des merveilles, Chapitre III, La course cocasse, Lewis CARROLL, Independently published, illustrations originales de John Tenniel. « Je suis arrivé vers le cinéma par le théâtre et les arts graphiques. C’est pourquoi les impulsions dans ma création viennent surtout de ces deux domaines. » Jan Švankmajer réalise Alice en 1988
https://www.youtube.com/watch?v=1XIKeorIMTw -

E-ELEPHANT- « John Merrick : I’m not an ELEPHANT ! I’m not an animal ! I am a human being ! » The ELEPHANT Man, David Lynch, 1980.
« On croit comprendre les règles quand on devient adulte, alors que tout ce que nous faisons est brimer notre imagination. » David Lynch. Rabbits, Un Court Métrage de David Lynch, 2002
https://www.youtube.com/watch?v=drjQfQtv2BQ

F-FLAMANT-« Des reflets au miroir comme de Fragonard / ne te livreraient pas de leur blanc, de leurs roses, / plus que ne t’apprendrait parlant de son amie, / un homme qui de dit : « Elle était douce encor / De sommeil. » Car, dressés dans le vert, / légèrement tournés sur leurs tiges de rose / ensemble fleurissant comme un parterre, / Plus charmeurs que Phryné eux-mêmes se séduisent. » extrait de Les FLAMANTS roses, Reiner Maria Rilke, Nouveaux poèmes suivi de Requiem, traduction Lorand Gaspar et Jacques Legrand, Points Seuil, 2008.

G-GRUE- « La GRUE la plus vieille et qui forme à elle seule l’avant-garde, voyant cela, branle la tête comme une personne raisonnable, conséquemment son bec aussi qu’elle fait claquer, et n’est pas contente (moi, non plus, je ne le serais pas à sa place), tandis que son vieux cou, dégarni de plumes et contemporain de trois générations de grues, se remue en ondulations irritées qui présage l’orage qui s’approche de plus en plus. » extrait de Les chants de Maldoror, Chant 1, Lautréamont, éditions Prairial, 2020.
Breton déclare : « Pour nous, il n’y eut d’emblée pas de génie qui tînt devant celui de Lautréamont. »

H-HIPPOCAMPES- « Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur / Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, / Des lichens de soleil et des morves d’azur ; / Qui courais taché de lunules électriques, / Planche folle, escorté des HIPPOCAMPES noirs, » extrait de Le Bateau ivre, Arthur Rimbaud, édition Les petites allées, Rochefort, 2016.

I-INSECTE- « En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux INSECTE. Il était sur le dos, aussi dur qu’une carapace, et, en relevant un peu la tête, il vit, bombé, brun, cloisonné par arceaux plus rigides, son abdomen sur le haut duquel la couverture, prête à glisser tout à fait, ne tenait plus qu’à peine. » Incipit de la Métamorphose, Franz Kafka, traduction Alexandre Vialatte, illustrée par Raymond Grandjean, éditions Fage, 2015.
« La littérature : un coup de hache dans la mer gelée qui est en nous. » Kafka. The royal ballet, The metamorphosis
https://www.youtube.com/watch?v=9kIZai79i48

J-JAGUAR- « Enfant JAGUAR / Serpent gueule ouverte qui se dilate / Ta pupille dévore le ciel / Quand se produit l’union du ciel et de la lune / Le serpent s’élève avec l’haleine de son lit de terre jusqu’au vide sans limites / Dans la hauteur il danse / Il s’enivre et renverse une coupe d’ambroisie. » extrait de Jaguar et autres poèmes, Elsa Cross, traduits par Claude Couffon, édition bilingue, Caractères, 2009.
Pour Octavio Paz Elsa Cross est : « l’une des voix les plus personnelles » de la littérature latino-américaine

K-K- « Ce que tu vois émerger de l’eau et qui nous suit, n’est pas une chose, mais bel et bien un K. C’est le monstre que craignent les navigateurs de toutes les mers du monde. C’est un squale effrayant et mystérieux, plus astucieux que l’homme. Pour des raisons que personne ne connaitra jamais, il choisit sa victime et une fois qu’il l’a choisie, il la suit pendant des années et des années, toute la vie s’il le faut, jusqu’au moment où il réussit à la dévorer. Et le plus étrange, c’est que personne n’a jamais pu l’apercevoir, si ce n’est la future victime ou quelqu’un de sa famille. » extrait de le K, il colombre, Dino Buzzati, traduction Jacqueline Remillet, collection bilingue, Le livre de Poche, 2003.

L-LEZARD- « Mais, déconcertant mes regards, / Un LÉZARD qui dormait sur la ligne / Où brillait le nom des Césars. / Seul héritier des sept collines, / Seul habitant des ces débris, / Il remplaçait sous ces ruines / Le grand flot des peuples taris. » extrait de Le LÉZARD, Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, Poésie Gallimard, 1981

M-MOUETTE- « La voix de la mémoire / à O.A. Glebovaïa-Soudeïkina/ Que vois-tu, de tes yeux vagues, sur le mur/ A l’heure où s’éteint le couchant ? / Une MOUETTE sur la nappe bleue des eaux ? Les jardins de Florence ? / L’immense parc de Tsarskoïé Siélo, / Où l’angoisse t’a coupé la route ? / Vois-tu à tes pieds ce captif / Qui s’est donné à la mort blanche ? / Non, je ne vois que le mur, le reflet / Sur lui des feux du ciel qui meurent. » poème extrait de Requiem, Poème sans héros et autres poèmes, Anna Akhmatova, 1913, Poésie Gallimard.
Les secrets du métier, Anna Akhmatova
https://www.youtube.com/watch?v=7KCmNZ7A11g

N-NAUTILE- « Mais je dois nommer, juste en effleurant / O NAUTILUS, ta destinée ailée, / l’équation circulaire où tu navigues / En faisant glisser ton vaisseau nacré, / Ta géométrie spiralaire où se fondent, / horloge de mer, la nacre et la ligne, / et je dois vers les îles, dans le vent, / partir avec toi, dieu de la structure. » extrait de Molusca Gongorina, Le grand océan, Chant général, Pablo Neruda, source web : Open Edition, Neruda, poète ou malacologue, Sara Contreras et Michel Etienne.

O-ORPHÉE- « ORPHÉE / Regardez cette troupe infecte / Aux mille pattes, aux cent yeux : / Rotifères, cirons, insectes / Et microbes plus merveilleux / Que les sept merveilles du monde / Et le palais de Rosemonde ! » Poème Orphée tiré de Le BESTIAIRE ou Cortège d’Orphée, Guillaume Apollinaire, version dessinée Michel Vincenot, éditions Passage Piétons, 2002.
Le groupe des Six, nommé Les Six, 1916 et 1923 : Auric, Durey, Honegger, Darius Milhaud, Poulenc, et Tailleferre. Influencés par Satie et Cocteau. Poulenc, Le Bestiaire, ou Cortège d’Orphée Gérard Souzay -
https://www.youtube.com/watch?v=UBXWZ6z_Sj8

P-PAPILLON- « Lorsque le sucre élaboré dans les tiges surgit au fond des fleurs, comme des tasses mal lavées, -un grand effort se produit par terre d’où les PAPILLONS tout à coup prennent leur vol. / Mais comme chaque chenille eut la tête aveuglée et laissée noire, et le torse amaigri par la véritable explosion d’où les ailes symétriquement flambèrent, / Dès lors le papillon erratique ne se pose plus qu’au hasard de sa course, ou tout comme. Allumette volante, sa flamme n’est pas contagieuse. » extrait du poème Le PAPILLON, Le parti prix des choses, Francis Ponge, Poésie Gallimard.

Q-QUETZAL- « Parti de son vieux pays maya brisé un oiseau-QUETZAL est descendu dans mon jeu : je suis pour lui le toit d’une petite maison en bois rustique ; je suis une épaule de nègre habituée à porter des fardeaux qui pèsent plusieurs siècles de solitude ; je suis le poète qui ne rend pas au cyclone et aux lubies de Castro ; je suis le poète qui n’a pas à rougir du feu libre de ses mots ni des roses et des mimosas de son jardin. » extrait de l’oiseau-QUETZAL au temps des poètes, René Depestre source web : site Poèmes et Poésie.

R-RAT- « - J’ai appuyé sur le premier levier, dit O’Brien. Vous comprenez la construction de cette cage. Le masque s’adaptera à votre tête, sans lui laisser aucune échappée. Quand j’appuierai sur cet autre levier, la porte de la cage glissera. Ces brutes affamées s’élanceront comme des balles. Avez-vous déjà vu un RAT sauter en l’air ? Ils vous sauteront à la figure et creuseront droit dedans. Parfois ils s’attaquent d’abord aux yeux. Parfois, ils creusent les joues et dévorent la langue. » La cage était plus proche. Elle était fermée à l’intérieur. Winston entendit une succession de cris perçants qui lui parurent provenir d’en haut, au-dessus de sa tête. » extrait de 1984, Troisième partie, Chapitre V, Georges Orwell, trad Josée Kamoun, Folio Gallimard.

S-SCORPION- «MACBETH -O, full of SCORPIONS is my mind, dear wife !/ Thou know’st that Banquo, and his fleance, lives. » Act 3, scene 2, The tragedy of Macbeth, Shakespeare. « MACBETH – O chère épouse, mon esprit est rempli de SCORPIONS. Tu sais que Banquo et son fils Fleance respirent ? » Acte 3, Scène 2, Macbeth, Shakespeare, traduction Guizot.

T-TARENTULE- -« La mauvaise petite figure de brique pilée, qu’il exhibait sous les flocons, se manifestait plus bouillonnante et plus cuite chaque fois qu’on la regardait. « - Je suis le parloir des TARENTULES ! criait-il de sa voix de promis à la camisole. » extrait de Le Parloir des TARENTULES, Léon Bloy, Histoires désobligeantes, 1894.
Short église Louise Bourgeois
https://www.youtube.com/shorts/LP7JFdyGVJw

V-VIPÈRE- « Dans le cœur de ma dame, une VIPÈRE demeure, / Qui, de sa queue, bouche son oreille, / Afin qu’elle puisse entendre ma dolente complainte : / Voilà, sans plus, ce qui la tient toujours en alerte. / Et, dans sa bouche, jamais ne dort, / Le scorpion qui perce mon cœur à mort. » extrait de Le livre du voir dit, Guillaume de Machaut, Lettres gothiques, Livre de Poche, 2001.

W-WALT-WHITMAN- « I think could turn and live with animals ; they are so placid and self-contain’d, I stand and look at them long and long » « Je crois que je pourrais vivre avec les animaux, ils sont si placides et si réservés, je reste des heures et des heures à les regarder » Walt Whitman, Feuilles d’herbe, Poésie Gallimard.
« Un volubilis à ma fenêtre me plaît plus que toute la métaphysique des livres. » Walt Whitman. - Pour faire une prairie..., Emily Dickinson lue par Nathalie Boutefeu
https://www.youtube.com/watch?v=tbXJdf16SdQ

U-X-Y-ZOOLOGIE-. « … Là je vis aussi l’Auroch, la Parpue, la Darelette, l’Epigrue, la Cartive avec la tête en forme de poire, la Meige, l’Émeu avec du pus dans les oreilles, la Courtipliane avec sa démarche d’ennuque ; des vampires, des Hypédruches à la queue noire, des Bourrasses à trois rangs de poches ventrales, des Chougnous en masse gélatineuse, des Peffils au bec de couteau , le Cartuis avec son odeur de chocolat, des Daragues à plumes damasquinées, Pour-piasses à l’anus vert et frémissant, les Baltrés à la peau de moire, les Babluites avec leurs poches d’eau, les Carcites avec leurs cristaux sur la gueule, les Jamettes au dos de scie et à la voix larmoyante, les Purlides chassieux et comme décomposés, avec leur venin à double jet, l’un en hauteur, l’autre vers le sol …» extrait de Notes de ZOOLOGIE, La nuit remue, Henri Michaux, Poésie Gallimard.
« 
L’amour pour toutes les créatures vivantes est le plus noble attribut de l’homme. » Charles Darwin. - L’animal mange-serrure, Henri Michaux
https://www.youtube.com/watch?v=QXHh9ecPwSo

Béatrice Nizza