poètes du monde
La colline aux fougères
Alors j’allais jeune et souple sous les branches des pommiers
Près de la maison berçante et heureux comme l’herbe est verte,
La nuit au-dessus de la vallée étoilée,
Le temps me laissait clamer et gravir
Doré dans les beaux jours de ses yeux,
Et honoré parmi les chariots, j’étais prince des villes de pommes
Et, sous ce temps-là, seigneur des arbres et feuilles
Au traînes d’orge et de marguerites
Je descendais les rivières de la lumière immature.
Dylan Thomas
extrait de La colline aux fougères in Vision et prières et autres poèmes
Poésie Gallimard
Trad : Alain Suied
Un autre (un
salaud) a
passé par là :
a écrit OURS
NON
: quel con. J’
achève son œuvre
en traçant les lettres manquantes :
VIVE L’
AUX CONS
& hop.
Cédric Demangeot
& ferrailleurs, éditions Grèges
Sur la plage blanche
où sèchent les barques
- métamorphoses des masques -
l’écume du dieu
caresse les femmes, les terriennes
qui tressent sur le sable
l’étui bleu
de son sexe.
Thierry Metz
Poésies 1978 – 1997, éditions Pierre Mainard
Sans pouvoir
imiter l’oiseau
la guenille pend sur la branche
rouge près de la pomme douce
l’oiseau envolé et la pomme tombée
elle reste
manifestant le froid des âges
et la couleur dans le silence ;
des hommes raisonnent
dans une époque sombre
non loin de ce lambeau marquant seul l’espace.
Jean Follain (1903-1971)
Des heures, éditions Gallimard, 1960
Silentium !
Tais-toi, et garde en toi
Tes sentiments et tes rêves.
Dans les profondeurs de ton âme,
Qu’ils s’élèvent et déclinent
En silence, comme les étoiles dans la nuit.
Sache les contempler et te taire.
Le cœur – saurait-il s’exprimer ?
Un autre – saurait-il te comprendre ?
Peut-il entrer dans ta raison de vivre ?
Toute pensée qui s’exprime est mensonge.
En les faisant éclater, tu troubleras tes sources.
Sache seulement t’en nourrir et te taire.
Apprendre à ne vivre qu’en soi-même !
Dans ton âme est tout un monde
De pensées magiques et mystérieuses.
Le bruit du dehors les assourdira
Les rayons du jour les dissiperont.
Sache écouter leur chant et te taire.
Fiodor Tiouttchev