La
page
blanche

La revue n° 64 poètes du monde

poètes du monde

La colline aux fougères

Alors j’allais jeune et souple sous les branches des pommiers

Près de la maison berçante et heureux comme l’herbe est verte,

                   La nuit au-dessus de la vallée étoilée,

                           Le temps me laissait clamer et gravir

                   Doré dans les beaux jours de ses yeux,

Et honoré parmi les chariots, j’étais prince des villes de pommes

Et, sous ce temps-là, seigneur des arbres et feuilles

                           Au traînes d’orge et de marguerites

                   Je descendais les rivières de la lumière immature.

Dylan Thomas
extrait de La colline aux fougères in Vision et prières et autres poèmes
Poésie Gallimard
Trad : Alain Suied

 

 

Un autre (un

salaud) a

passé par là :

 

a écrit OURS

               NON

 

: quel con. J’

achève son œuvre

en traçant les lettres manquantes :

 

VIVE L’

                        AUX CONS

 

& hop.

Cédric Demangeot
& ferrailleurs, éditions Grèges

 

 

Sur la plage blanche

où sèchent les barques

- métamorphoses des masques -

l’écume du dieu

caresse les femmes, les terriennes

qui tressent sur le sable

l’étui bleu

de son sexe.

Thierry Metz
Poésies 1978 – 1997, éditions Pierre Mainard

 

 

Sans pouvoir

imiter l’oiseau

la guenille pend sur la branche

rouge près de la pomme douce

l’oiseau envolé et la pomme tombée

elle reste

manifestant le froid des âges

et la couleur dans le silence ;

des hommes raisonnent

dans une époque sombre

non loin de ce lambeau marquant seul l’espace.

Jean Follain (1903-1971)
Des heures, éditions Gallimard, 1960

 

 

Silentium !

Tais-toi, et garde en toi

Tes sentiments et tes rêves.

Dans les profondeurs de ton âme,

Qu’ils s’élèvent et déclinent

En silence, comme les étoiles dans la nuit.

Sache les contempler et te taire.

 

 

Le cœur – saurait-il s’exprimer ?

Un autre – saurait-il te comprendre ?

Peut-il entrer dans ta raison de vivre ?

Toute pensée qui s’exprime est mensonge.

En les faisant éclater, tu troubleras tes sources.

Sache seulement t’en nourrir et te taire.

 

 

Apprendre à ne vivre qu’en soi-même !

Dans ton âme est tout un monde

De pensées magiques et mystérieuses.

Le bruit du dehors les assourdira

Les rayons du jour les dissiperont.

 

Sache écouter leur chant et te taire.

Fiodor Tiouttchev