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blanche

La revue n° 64 Mission traduction

Mission traduction

I

On ressent le poids comme des cheveux sur les épaules

les pores qui se resserrent pour ne pas laisser passer l’eau

 

le frottement toujours lorsqu’une coïncidence se produit.

 

Mais ils disent qu’aujourd’hui le poids du temps est irréel

il ressemble à l’air siphonné par les insectes

 

qui se nourrissent de sang et parfois meurent

sous la paume de la main.

 

II

La conscience se détache, au-dessus de nous un miroir

nous voit, traces, flotter dans une piscine

 

Il voit la peau sale du sang de tant de monde compressé dans

[une tache -

les meubles fléchis sont doigts végétaux, le circuit électrique

[dissous

une pensée de soumission, la pure pensée de se redonner

[au temps.

 

III

Nous disparaissons dans l’eau. Nos maisons sont de l’eau

elles cachent sur la paume le condensat des personnes

 

l’idée qu’en l’observant nous nous transformons

écrasés avec les autres dans une tache.

 

IV

Puis, pour se voir, la conscience a déchiré un câble

elle le brise avec ses dents, les doigts ébréchés par le fil électrique

 

elle ressent la tache de sang ouverte -

elle a trempé le fil dans l’eau...

 

V

La conscience séparée du corps a ressenti le temps

[se nettoyer

dans la maison comme dans une baignoire une lumière de fond

les meubles fléchis sont doigts végétaux, le circuit électrique

[dissous

une poussière, une perspective, un fil incandescent

 

le temps qui est coïncidence, l’histoire de tous et d’une personne

transparent hors du barycentre dans l’eau

 

sans poids, il vit et voit

Mario Boro
Trad : Lorenzo Foltran