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blanche

La revue n° 66 Notes de...

Notes de...

Maheva Hellwig

Dans un salon, dialogue entre deux personnes.

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Ah, mais moi je vois plutôt la poésie comme “hommage rendu à la beauté” !

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Eh alors, pourquoi cela ne serait pas également?! Depuis le 18ème, beaucoup de choses se sont passées en Art !

De la définition du Beau, comme ce qui plaît universellement et sans concept, on est quand même revenu ! L’Art est autre chose aujourd’hui : une économie d’abord, un moyen de pouvoir ensuite, enfin un devoir d’interpeller,

de surprendre, de faire concevoir les choses autrement, y compris dans l’horreur et la douleur.

La confrontation entre le plaisir et l’effroi, la permanence de l’altérité.

( - circonspecte)

(-- le constatant et reprenant :)

Ce qui fait art ne fait pas qu’émouvoir positivement ! Et votre définition est un peu plate. L’art donne un relief

différent aux choses. C’est un vecteur de surprise.

Grâce à l’Art, on peut comprendre comment un Mahorais peut comprendre la vie et la nature en dépit des atrocités

qui ont été commises à l’encontre de son peuple.

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Vous êtes dans le matériel. C’est un peu bas de plafond, tout de même! Je me suis mal exprimée. Il y a un aspect

mystérieux et sacré. Votre Mahorais a bien une famille, des ancêtres, une tradition indépendante des

aléas historiques... et une représentation mentale de cela. Lorsque votre Mahorais regarde la nature aujourd’hui,

il comprend tout ensemble la spoliation des terres et une culture ancestrale fantasmée peuplée d’esprits. Il ressent

le beau, la gratitude d’exister... peu importe le vecteur ! Pourquoi pensez-vous que les religions aient autant de porosité entre elles ? S’il est vrai que l’œil ne se voit lui-même, il est également vrai que prendre l’œil de

votre voisin (sans chirurgie) ne vous rendra pas la vue pour autant !

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Le sujet n’est pas le même ! Voilà que vous parlez de religion à présent ! (Boudeur) Vous ne savez pas vous concentrer...

Je ne comprends pas le rapport avec la poésie...

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Si l’on veut que l’objet soit bien loué, il faut des mots à la hauteur de l’objet qu’on loue.

La physique n’existe qu’au service (ou comme véhicule) au service de ce qui est au-dessus.

-- (railleur)

Et les mots pour le dire viennent aisément !

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De même, il n’existe pas de langue désuète, que des esprits étriqués.

Dès lors qu’il est utilisé, un mot cesse d’être mort. Il n’y a pas de langue morte, que de l’inculture.

Excellente leçon introductive au Latin par Mme Laroche, éphémère agrégée de lettres anciennes au Collège Pont-Rousseau.

Nous ne sommes tous que des insectes infatués des accidents de parcours qui nous glorifient.

J’essaie de me détacher de ces fantaisies pour donner de la valeur à ce qui est important.

La vie est une leçon d’humilité permanente.

-- (rigolant tout de bon)

Amen ! (contrit) Je dois vous quitter. Mais nous reprendrons plus tard cet entretien.