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La revue n° 66 Sans dessus dessous

Sans dessus dessous

L’Olympisme : médailles ou revers de la médaille ?

L’Olympisme, au niveau du sport, avouons que c’est le « top » ! Et si la Grèce antique avait le Mont Olympe, Paris a eu, en 2024, à la fois le Mont Parnasse et les Jeux... Rappelons toutefois que comme le sport est un art, il lui faut la manière. Attention donc à gagner de belle manière ces médailles... Tout en en évitant les revers...

Revers de la médaille de bronze : l’économie
Les J.O. sont la plus belle des fêtes. Une fête où prime la belle devise «Plus vite, plus haut, plus fort. Ensemble.» Mais moins belle que celles étrangères. Tous ensemble donc, mais les uns contre les autres, car l’important, c’est de gagner. De l’or 1 . Et de l’argent. Beaucoup d’argent. Depuis qu’on a fait rimer «Paris» avec «paris» (rime pourtant si riche...), on est désormais prêt, en plein désert, à faire rimer «remontées mécaniques» avec «retombées économiques.» Gageons de plus qu’il faut être un peu sadique pour imposer aux athlètes à l’hygiène de vie drastique un soda hypercalorique comme boisson officielle. Quoique, on n’a plus peur d’un paradoxe supplémentaire, quand on prône le dépassement de soi pour dépasser les autres, plutôt que l’entraide. Tous solidaires, mais un seul vainqueur.

Revers de la médaille d’argent : le sport
Cela étant dit, revenons aux dieux du stade qui font si bien parler la foudre ! Mais imaginons un peu qu’ils soient athées – ô comble du manque de confiance en soi ! «La religion, c’est l’opium du peuple», avançait Karl Marx, qui s’y connaissait pourtant en lutte à l’internationale. Mais même avec le sport comme religion, on est encore loin du «Christ» d’Apollinaire, qui, lui, s’y connaissait en déréliction autant qu’en calligrammes et en tour Eiffel. Prévenons du reste les athlètes de leurs défaites certaines :
«C’est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs
Il détient le record du monde pour la hauteur 2 »
Attention donc à ne pas tomber de haut… car plus dure sera pour l’athlète la chute au pied du podium. Et derrière la vitrine dorée et les réjouissances populaires comme la banque du même nom 3 on pourrait aussi lire dopage, tricheries, hubris.

Revers de la médaille d’or : le climat
Mais un constat s’impose : le palmarès olympique fait fi du bilan carbone. Car l’olympisme impose des règles économiques, nonobstant le dérèglement climatique. Preuve supplémentaire qu’économie et écologie ne font pas bon ménage. Alors, comme avec les canicules estivales, les dieux du stade seront à l’avenir sur le point de mourir de chaud, l’Olympisme sera conséquemment voué au paganisme et les Jeux aux gémonies. Heureusement qu’on a gardé la gratuité, après Paris 2024, pour «Paris Sport Proximité 4 ». Qui pollue bien moins. C.Q.F.D.

Patrick Modolo


1. Comment le comité olympique n'a-t-il d’ailleurs pas songé à placer ces jeux sous l'égide de Midas, sponsor idoine s'il en est ?

2. Extrait du poème Zone de Guillaume Apollinaire, in Alcools, 1913.

3. Petite pensée pour toutes les petites gens qui ont vu leur prêt refusé par cette banque qui n’aura eu de populaire que le nom...