La
page
blanche

La revue n° 62 e-poésies

e-poésies

L’œil maltraité par ces centaines d’images se referme sur son globe desséché. Tout ce qu’il a vu d’horrible cette seconde-là persiste sur l’écran miniature de sa paupière. Ce théâtre nain rappelle de manière sinistre la télévision nationale et son convoi de bêtises. Puis les restes de lumière s’effritent en une fine poussière jaune ; la rumeur des commentateurs faiblit et l’anxieux s’endort enfin dans son tombeau de sommeil. Le photographe regarde son négatif et hésite un instant avant de le plonger dans la solution révélatrice. L’ampoule électrique suce dans le mur l’énergie de sa rubescente lueur.

Jérôme Fortin