La
page
blanche

La revue n° 63 e-poésies

e-poésies

Libertad

La liberté, mon fils, c’est bien plus que ce que tu crois

elle s’écrit à même le ciel, la terre et la mer

elle se dessine dans la vie que tu vois et celle que tu ne connais pas

dans la lueur espérée des verres que l’on a bus

dans le parfum des femmes qu’on a connues

et dans le sang de nos ancêtres disparus

lente et furtive elle ne manque pas d’air

la liberté, mon fils, c’est une prière divine posée comme un baume sur nos maux à l’âme

elle s’invite discrètement sur les mélodies d’un groupe de jazz

elle imbibe le coton ramassé par des esclaves noirs

et elle contemple en souriant tous les prêtes, imams, rabbins sorciers, griots, chamans....

elle est l’ennemie jurée de l’injustice

elle est la lumière d’une bougie au plus profond des ténèbres

elle hurle parfois si fort qu’elle réussit à faire taire quelques fusils

la liberté est une conscience qui navigue de Pablo Neruda à Nelson Mandela

elle a le souffle de la révolte de Che Guevara,

elle a des yeux à Tian’anmen et des soubresauts au Tibet

c’est le cœur d’en enfant qui bat dans tes bras

la liberté, mon fils, c’est Dieu quand il n’existe pas

c’est Gainsbourg et Mallarmé qui trinquent

c’est Cocteau et Rimbaud qui s’exclament lors de belles nuits d’été

et qui veillent avec toi pour toujours

dans la fumée des vers lancés parmi tant d’autres

dans l’arrière-cour trop étroite d’un café millénaire

Christophe Condello