Notes de...
Matthieu Lorin
On demande à l’adulte que je deviens ses projets alors que je ne connais ni mon groupe sanguin ni les dates de péremption.
Je ne suis que déséquilibre avec ce cœur qui se déplace à la moindre parole parentale. Chaque ciel se recouvre de mes peurs nocturnes, comme des pyrrhocores dos à dos. Et il faut me figurer ce qu’est un homme ?
Je pense à un roulement à billes ou à un poème de Rachida Madani, pas davantage.
L’extrait
Le soleil était à portée de main
du temps où j’avais un ciel
mais je marchais à l’ombre
et mon enfance avait la fraîcheur
d’une vitre cassée
harponnant des après-midi de peste
depuis je demeure
poète des mauvais jours et
mauvais poète
Partir ainsi désarmée
quand le vent se lève !
Nous sommes deux, ô don
Quichotte
à n’être plus que déchirés
et comme toi pauvre justicier j’ai toujours moins de bras que le moulin
Ne pourra me chanter qu’un mauvais poète je n’ai ni soleil dans les yeux ni vagues dans la chevelure
pas même un parfum exotique
à hauteur d’aisselle
je vais livide et vieillie
je vais rasant là où il fait gris
sur les murs
Solitude de pierre et de mousse
j’ai désappris le langage des cités
Rachida Madani, Femme je suis, Inéditions Barbare (extrait)