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blanche

La revue n° 63 Notes de...

Notes de...

Matthieu Lorin

On demande à l’adulte que je deviens ses projets alors que je ne connais ni mon groupe sanguin ni les dates de péremption.

Je ne suis que déséquilibre avec ce cœur qui se déplace à la moindre parole parentale. Chaque ciel se recouvre de mes peurs nocturnes, comme des pyrrhocores dos à dos. Et il faut me figurer ce qu’est un homme ?

Je pense à un roulement à billes ou à un poème de Rachida Madani, pas davantage.

L’extrait

Le soleil était à portée de main

du temps où j’avais un ciel

mais je marchais à l’ombre

et mon enfance avait la fraîcheur

d’une vitre cassée

harponnant des après-midi de peste

depuis je demeure

poète des mauvais jours et

mauvais poète

Partir ainsi désarmée

quand le vent se lève !

Nous sommes deux, ô don

Quichotte

à n’être plus que déchirés

et comme toi pauvre justicier j’ai toujours moins de bras que le moulin

Ne pourra me chanter qu’un mauvais poète je n’ai ni soleil dans les yeux ni vagues dans la chevelure

pas même un parfum exotique

à hauteur d’aisselle

je vais livide et vieillie

je vais rasant là où il fait gris

sur les murs

Solitude de pierre et de mousse

j’ai désappris le langage des cités

Rachida Madani, Femme je suis, Inéditions Barbare (extrait)