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La revue n° 63 Notes de...

Notes de...

Simon Langevin

Petite note à propos de la lune

« La lune n’est pas morte. » Cette phrase, en apparence anodine, recèle en fait une grande vérité. Astronomiquement, elle est considérée comme un astre « mort ». Mais il n’en est rien. On sait qu’elle régit les marées ; que la nuit, elle dévie l’éclat du soleil pour nous éclairer ; qu’elle perturbe, selon qu’elle soit pleine ou nouvelle, notre sommeil (en tout cas, le mien) puisque nous sommes nous-mêmes constitués de plus de 80 % d’eau. Elle est donc pour nous bien « vivante ».

Pour moi, elle est comme ces défunts, comme ces êtres chers décédés qui, d’un « au-delà », d’un « ailleurs », continuent d’exercer sur nous une influence. Qui n’a jamais pris une décision ou fait quelque chose en songeant à un disparu, qui n’a jamais fait quelque chose en leur mémoire, ou qui a agi selon ce que ces êtres aimés auraient souhaité ou tant voulu ? Force est de constater qu’ils poursuivent leur influence sur nous au-delà de la mort, comme la lune.

Elle est toujours là à nous regarder, à nous montrer son unique visage. Elle est ainsi comme une mère ou un ange-gardien. Elle a la blancheur laiteuse d’un œil qui s’ouvre et qui se ferme sans cesse et qui a le pouvoir de percer la nuit la plus sombre pour nous observer sous tous les angles. Et à défaut de pouvoir se rendre à sa surface, comme le font les astronautes, tous ont la possibilité de se retrouver en elle. Qui n’a jamais été dans la lune ? C’est à coup sûr un endroit merveilleux entre rêve et réalité. C’est un lieu privilégié où se rejoignent beaucoup de poètes et d’artistes.

Voilà pourquoi je dis que la lune n’est pas morte.

Le 21 janvier 2023, Limoilou.