La
page
blanche

La revue n° 65 e-poésies

e-poésies

UNE VIE

J’allais le voir chaque semaine dans ce qui lui restait de vie. Lui apporter ce qui lui restait d’envie. Cinq ou six livres qui lui feraient la semaine. Et quelques photos de ses petits-enfants. Ses soleils.

Il avait fait placer son bureau face à la fenêtre dans ma chambre d’enfant qui était devenu la sienne.

Son lit, qui avait été le lit conjugal, se rabattait dans une armoire qui lui permettait de circuler librement dans la pièce. Jusqu’à ce qu’il abandonne, n’ayant plus la force d’actionner le système. Le laissant à jamais ouvert. Comme un livre ouvert. Le livre d’une vie.

Luc Marsal