La
page
blanche

La revue n° 65 simple poème

simple poème

quand on y pense c’est fou
le monde a changé, tout est devenu 
lointain, on prend froid à se frot-
ter aux autres, à n’importe qui

ça pleure de haut
en bas de droite à gauche 
un cauchemar japonais 
une assimilation à l’envers

je suis triste moi surtout
dès que j’allume ma cigarette 
mélancolique ça s’apprend 
le désespoir la dignité aussi 
en reprenant tout à zéro sur 
une île déserte entouré de
verdure un jardin de sou- 
venirs à trier, à compulser

c’est dur, on y pige que dalle 
c’est broussailleux c’est mé- 
langé heureusement que tu 
rentres bientôt je ne vais plus 
mentir c’est promis, je ne 
peux plus rien dire de faux 
c’est insupportable cet 
aller-retour permanent entre 
l’avant et l’arrière des choses

tu reposes sur la panse maritale 
c’est l’heure du jour de nous unir 
dans la foudre universellement 
crainte et qui surprend l’aumônier

tout carré tout blême j’ai attendu 
dix heures du soir
pour verser une larmichette 
d’égoïste quand le réverbère
a éclaté dans la rue 
avec personne dessous

ainsi tout blême je radote
tout est devenu imagerie
image de soi désespoir
j’en ai les yeux rouges d’angoisse 
la ruine des peuples

& sa suite d’événements catastrophiques

Pierre Andreani