simple poème
quand on y pense c’est fou
le monde a changé, tout est devenu
lointain, on prend froid à se frot-
ter aux autres, à n’importe qui
ça pleure de haut
en bas de droite à gauche
un cauchemar japonais
une assimilation à l’envers
je suis triste moi surtout
dès que j’allume ma cigarette
mélancolique ça s’apprend
le désespoir la dignité aussi
en reprenant tout à zéro sur
une île déserte entouré de
verdure un jardin de sou-
venirs à trier, à compulser
c’est dur, on y pige que dalle
c’est broussailleux c’est mé-
langé heureusement que tu
rentres bientôt je ne vais plus
mentir c’est promis, je ne
peux plus rien dire de faux
c’est insupportable cet
aller-retour permanent entre
l’avant et l’arrière des choses
tu reposes sur la panse maritale
c’est l’heure du jour de nous unir
dans la foudre universellement
crainte et qui surprend l’aumônier
tout carré tout blême j’ai attendu
dix heures du soir
pour verser une larmichette
d’égoïste quand le réverbère
a éclaté dans la rue
avec personne dessous
ainsi tout blême je radote
tout est devenu imagerie
image de soi désespoir
j’en ai les yeux rouges d’angoisse
la ruine des peuples
& sa suite d’événements catastrophiques
Pierre Andreani