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AUTEUR-E-S - Index 1

11 - Victor Ozbolt

Présentation - Un ciel

VICTOR OZBOLT

Professeur des écoles et membre de la rédaction de Lpb, Victor Ozbolt participe à différentes revues de poésie : Traction-Brabant, Comme en poésie, Lichen, Le Journal à Sajat, Les Poètes en Berry, Latoiledelun... Il a obtenu en 2014, au concours d’Europoésie, l’édition de son recueil Sur mon hamac de nuages.


QUESTIONNAIRE DE LPB - VICTOR OZBOLT

1/ Pouvez-vous indiquer un livre que vous aimez particulièrement ?


Il y en aurait beaucoup mais je vais choisir le Docteur Jivago de Boris Pasternak car c'est l'histoire d'un médecin poète.


2/ Pouvez-vous donner un vers, un mot, que vous aimez ?


"Doutez que les étoiles ne soient de flamme.

Doutez que le soleil n'accomplisse son tour.

Doutez que la vérité soit menteuse infâme.

Mais ne doutez jamais de mon amour."

William Shakespeare (Hamlet).

A noter qu'on trouve des variantes de cette traduction.

Un mot : audacieux. Car le Petit Poucet audacieux a renversé l'Ogre.


3/ Quelles sont vos lectures habituelles aujourd’hui et comment s’expliquent ces habitudes ?


Je lis essentiellement des revues de poésie aujourd'hui. Parfois des anthologies, des recueils. J'ai lu aussi beaucoup de romans, de nouvelles, de fantastique auparavant. Je dois faire à présent des choix draconiens pour une question de temps et la poésie l'emporte la plupart du temps. Mais j'ai par exemple lu le journal d'Anne Franck il y a quelques mois. Ce livre m'a pris et je l'ai terminé sans hésitation.


4/ Pouvez-vous citer un support de diffusion de la poésie que vous affectionnez (autre que le livre)?


Les revues sur le net comme la Page Blanche, Lichen, des sites internet comme la Toile de l'Un. Internet est un formidable outil pour diffuser, découvrir. Mais je dois admettre que pour apprécier des poèmes, prendre le temps, je préfère tout de même le support papier. On finit par se perdre sur la toile... Bref, Internet, c'est très bien pour découvrir de nouveaux horizons, mais moins pour atterrir et flâner.


5/ Le monde lit-il toujours et quoi ?


Je serais tenté de dire, à mon humble avis, qu'il y a trop à lire aujourd'hui, trop de livres sur tout et n'importe quoi, de qualités très différentes. Donc je pense que le monde lit toujours, mais on ne sait plus vraiment quoi. Pour se divertir, les gens se tournent peut-être plus vers les séries (et là pareil, on trouve vraiment de tout).


6/ Quel est votre plat préféré ?


les crêpes jambon-fromage.


7 / - Question subsidiaire : pourriez-vous recommander un site de poésie et expliquer votre choix ?


Pour donner un site autre que la Page Blanche, je dirais Lichen : 

Lichen - Revue de Poésie (lichen-poesie.blogspot.com)

Les raisons : c'est suffisamment connu, il y a une parution chaque mois, la chance est donnée à n'importe quel nouveau et on y trouve un catalogue de nombreuses autres revues de poésie, en ligne et en format papier.




Il y aura toujours 



Il y aura toujours ce rien qui nous échappe, cette couleur qui fuit là-bas au crépuscule, cette corde qui vibre dans des cœurs enflammés, ces amours qui façonnent leurs corolles secrètes, cette encre qui frémit envoûtée par les mots, cet enfant qui déchiffre des fragments d'univers, ces êtres chers qui glissent vers un astre inconnu, il y aura toujours ce rien qui nous échappe, nous ronge ou nous fascine sur les marches des jours 




Un ciel

 

Un ciel silencieux lisse et sans noirceur, l’orage est passé, voici un nuage qui au loin s’avance chargé de mystères d’angoisse et d’espoir, voici un poème 



Entre les réci

fs urbains


 

Entre les récifs urbains se faufile une frégate dont les phares ardents flottent sur les frimas fantastiques, les fiers marins des faubourgs affrontent flots et saisons et font rêver les enfants qui les saluent aux fenêtres, aventuriers fabuleux éboueurs infatigables 



Enfants migrants 


Canari claudicant aux parents disparus j'ai fui les ouragans de ma contrée lointaine. Ici je réapprends à voler et chanter parmi des oisillons dont j'ignore les mots. Je chante pour l'azur que nous réinventons dans un charmant désordre de pinceaux et de rires pour ce nid de dentelle de lune et de tendresse qu'en la paume d'un orme je confectionnerai avec mes souvenirs 



Donnez-moi un peu de temps 



Donnez-moi un peu de temps pour assembler les couleurs et peupler l’obscurité. Donnez-moi un peu de temps pour inverser les étoiles et surprendre l’océan. Donnez-moi un peu de temps pour réinventer les mots et apprivoiser la lune. Donnez-moi un peu de temps juste encore un peu de temps pour déguster l’univers avant que la lueur s’estompe 



Cette mélodie 


Le murmure de l'écume sur la peau marbrée du monde ne s'éloigne qu'un moment, le costume des comètes sur le panorama flâne l'été en caméléon, cette mélodie enflamme mon cœur immédiatement, Ô mémoire de nos jours mélodie de notre amour 



Nos pirogues 


Des visages adorés s'illuminent dans nos cœurs quand nos pirogues s'élancent loin des rives familières sur des fleuves empourprés dont les ardentes cymbales à l'embouchure des rêves réinventent l'horizon et où pleins d'espoir s'envolent des papillons de rubis lorsque nous donnons du sang 



Qu’adviendra-t-il ? 


Or qu’adviendra-t-il plus tard de nos rêves de nos mots ? Nous butinons chaque jour de forêts en violoncelles de lagons en aquarelles sans entrevoir l’avenir - Le pollen à l’horizon peu à peu disparaîtra tandis que se dresseront dans un humble jardinet quelques tiges prodigieuses aux corolles flamboyantes - Jardinet insoupçonné Amour incommensurable 



Oiseaux


Les grands oiseaux blancs s'agitent autour d'un nuage gris dès que s'invite l'aurore, je suis un tout autre oiseau au plumage imprévisible en caméléon des airs, un oiseau porteur de rêves qui offre au bord de la lune un coin de mon duvet tendre, un oiseau porteur de rires jongleur de mots et d'instants qui brave la maladie moi le clown de l'hôpital 



Cymbale étourdissante 


Cymbale étourdissante écho interminable, entre ses doigts crochus la pénombre et les larmes, vautour impitoyable dans son azur sanglant où l’harmonie ne règne qu’en des matins trop courts, cymbale étourdissante écho interminable, éclairs et frissons lorsque à une heure improbable surgit ce triste appel 




Si je devais m'éloigner 


Si je devais m'éloigner brusquement vers l'au- delà je n'aurais pas réussi à rassembler tous ces astres à écouter chaque saule sa sagesse et son fou rire, à ausculter chaque mot sa silhouette et son secret, à garder chaque seconde sa couleur et son arôme, si je devais m'éloigner brusquement je vous dirais : 

Non ne pleurez pas ainsi mon séjour dans l'au-delà, grâce à votre amour sublime j'ai pu parcourir en prince des palais insoupçonnés sur la rosée de mes songes, partout des ponts apparaissent et mes pas suivront les vôtres 




Temps mort 


Lorsque pépé tournait en rond ainsi qu’un poisson dans son bocal, que même ses mots s’égaraient, nous enfants coquins on l’imitait sans savoir qu’il avait quitté l’océan pour un lac nauséabond où tyrannisés par les piranhas les poissons zèbres s’entassaient. Ils rêvaient de pain chaud et de sommeil mais s’écaillaient à édifier des digues et beaucoup flottaient à la surface. On ignorait ce qu’était Buchenwald. Un jour enfin il revit l’océan, vogua sur les flots rayonnants de l’aube sans poissons zèbres ni piranhas mais le spectre du lac resurgissait. Lorsque pépé tournait dans son bocal nous enfants coquins on l’imitait sans savoir que pour lui Buchenwald ne s’arrêterait jamais