La
page
blanche

Le dépôt

PAGE NOIRE

Sans dessus dessous

Auteurs invités - Jérôme Fortin




L'Almanach univarsel (sic!)


L’Almanach Univarsel est écrit par Jérôme Fortin en 2004.

Tombé dans les arcanes du temps, c'est son ami de toujours, Simon Langevin, qui le tire "de ses catacombes" fin décembre 2022.


Assurément, M. Jérôme Fortin ne fera plus de vieux os !


De l'aveu de l'auteur lui-même, qui de plus l'avoue avec un grand sérieux, il s'agit ici de "textes rigolos".


Puissent ces textes humoristiques vous procurer un grand plaisir de lecture, et un grand merci à l'auteur de ces textes, ainsi qu'à leur "inventeur", au sens archéologique et rupestre du terme !



Partie 1 : Ecrivains et dramaturges méconnus

Introduction :


Nous connaissons tous Shakespeare, Joyce, Proust, Tolstoï, Ducharme… Mais dans l’ombre de ces génies, tels le taillis sous le futaie, de nombreux auteurs de moindre envergure auront malheureusement pourris dans les oubliettes de l’histoire. Les raisons pour cela peuvent être multiples: soit ils n’eurent pas la chance de faire rayonner leur génie, soit ils étaient trop en avance sur leur temps et donc incompris, soit encore ils réalisèrent trop tard qu’il était impossible d’écrire un roman ou une pièce de théâtre avec un batteur à oeuf. Après avoir longuement expurgé de vieilles anthologies de littérature universelle, M. Fortin nous présente ici quelques-uns de ces écrivains mal connus.


Ulrick Datsün


Dans son drame naturaliste “Enrik et Ulma”, le dramaturge suédois Datsün, bien connu dans les milieux intellectuels stockholmiens pour sa barbe parfaitement taillée, ses vêtements sobres et sa maîtrise du rouli-roulant, dépeint avec justesse les conditions oppressantes de la femme scandinave à la fin des années 1800. Ulma, qui ne prononce que le mot “färshpouk” tout au long de la pièce (ce qui signifie “ j’en ai mare de ces conditions de merde et, d’ailleurs, qui est-ce qui est encore parti avec ma serpillère?”) est au prise avec un mari idiot et contrôlant, propriétaire de quelques lopins de terre sur la Rive-Sud de la Voxnan. Suite à de mauvais placements (Enrik, suivant les conseils de son frère Sergerik, ayant placé toute leurs économies dans un gisement de réglisse en Laponie, sans se préoccuper du fait que l’entrepreneur véreux ait tendance à pouffer de rire sans raison et à écrire Laponie avec deux n) le ménage se retrouve ruiné. Humilié, Enrik passe sa frustration sur son épouse Ulma. Cela commence subtilement, avec des remarques désobligeantes telles que “Ulma ma chérie, je crois que ton höns est un peu trop cuit ce soir”, puis dégénère rapidement vers une violence verbale et physique probante. À la fin de la pièce, avant que Ulma, à l’aide d’un höns carbonisé, ne tue Enrik, celui-ci passe ses journées à la pourchasser avec un bâton de golf en criant “grosse vache! Grosse vache! Tu cuisines encore plus mal que ta mère!”. Suite à l’échec retentissant de Enrik et Ulma, Datsün se convertira au surréalisme avec la pièce “Je suis un morceau de gruyère”. Malheureusement, sa parabole dada en 18 actes ne trouvera pas plus les faveurs du public que sa pièce précédente, et la critique insistera surtout sur la valeur balistique de l’oeuvre. L’auteur tenta, sans succès, de se suicider en éliminant les fibres de son alimentation



Louis Tuile


Contemporain de Proust et de Gide, Tuile poussa la littérature d’introspection à ses limites narcissiques dans sa fresque en douze volumes: “En quête du Moi perdu… et de son frère jumeau”. Il fut l’un de ceux qui tenta d’accorder le Je non seulement aux verbes pronominaux, mais également aux adverbes. Un de ses passages les plus célèbres, que Joe "balloune" Caron cite dans son anthologie “La littérature française mondaine entre mai 1867 et juin 1869” est: “Mademoiselle Aubier, si belle lorsqu’elle incline son petit chapeau de la sorte sur sa tête frisée de caniche, m’a encore ignoré chez Madame Charlotte cette semaine lorsque, m’étant pourtant vêtu avec soin (ayant mis ce gaminet de chez Diane arborant un imprimé imitant le toxédo)… Je me suis alors écrié en moi-même, dans mon mal de vivre: “Comment-je?” Pourquoi-Je””. Assurément, mademoiselle Aubier ne pouvait être l'amante de Tuile (à moins qu’on ait ici affaire à un autre cas de transubstitution de genre, et que le “petit chapeau” dont il est fait mention soit en fait un cantaloup). Tuile, c'est bien connu, était un homosexuel réprimé. Il tenta de dissimuler son orientation à sa mère en épousant son caniche Biquette, mais lorsque cette dernière enfanta de 12 petits chiots, sa mère réalisa qu’il ne pouvait en être le père et le renia. On raconte qu’il mourut ignoré et humilié, et que son goût morbide pour les biscuits au gingembre et les Francforts l’aurait rendu si gros qu’on le surnommait, dans les salons littéraires, “la grosse baleine à Loulou”.


Martin S.Stone


Gertrude Stein le décrit comme étant: “une des figures les plus tragiques de la Génération Perdue”, insistant sur son alcoolisme sévère, sa personnalité limite et son goût pour le patin à roulettes. Tout comme Hemmingway, il s’adonnait régulièrement à la chasse au lion, mais jamais en Afrique. Lorsqu’il rencontra Fitzgerald en 1912 à Sing Sing, Stone avait déjà sombré dans un alcoolisme profond et, après 16 heures, ne savait plus que prononcer la phrase: “Zelda a un gros cul, mais t’es mon meilleur chum”. En pleine prohibition, il arrivait quand même à ingurgiter des litres de tord-boyaux frelaté qui lui faisait oublier sa déchéance. Face au puritanisme des éditeurs américains et leur compréhensible réticence à publier son premier roman (un roman de style "Jazz" dont le manuscrit, raconte-t-on, sentait bizarre), il s’exila à Paris et s’anéantit encore davantage dans l’acool et le sexe. Son second roman “Malade dans les toilettes à Clichy” est, selon Stein, son chef-d’œuvre. En voici un extrait: “ Devant mes paupières émues dont les embruns perlés faisaient ricocher les fauves et les magentas du soleil déclinant, sa peau, nue, sur laquelle tournoyaient en kaléïdoscope les reflets scintillants de la Seine, était un parchemin m’indiquant la voie du Salut. Cette pute de Pigalle, à la bouche encroûtée, avait beau avoir une haleine de moule, elle était mon Seul et Ultime espoir. Je vidai la bouteille de pinard et terminai la nuit à vomir dans les toilettes de l’hôtel de la rue Gît Le Cœur (qui deviendra le Beat Hotel, n.d.a) … “ Plusieurs auteurs de la génération Beat qui suivit citèrent Stone. Burroughs aurait aimé son style imprégné de surréalisme, bien qu’il le décrive comme: “un ectoplasme vacillant au menton tellement fuyant qu’il avait l’air d’avoir la mâchoire supérieure plantée dans l’os du cul”. Kerouac dira de lui: “Martin S. Stone? Ça me dit vaguement quelque chose… était-il serveur à Newark? “


Itof Maïachev


Si le gentilhomme terrien Tourgueniev représente la Russie rurale et pittoresque du XIX siècle et Dostoïevski le citadin pauvre et tourmenté par le Mal Universel, Itof Maïachev, quant à lui, représente la classe moyenne banlieusarde de l’époque pré-révolutionnaire. Ses romans (dont le plus connu s’intitule Le Démon est mon voisin Gaëtanoski) et son unique essai (Comment vaincre le Mal Russe et les Pissenlits) constituent les témoignages les plus authentiques des préoccupations de la Russie suburbaine du dix-neuvième siècle. On y retrouve de vibrants témoignages sur les difficultés que connut alors la Russie quant à la cueillette des ordures ménagères, les taxes municipales, la consommation d’opium et de vodka par les jeunes dans les parcs et, surtout, les mœurs de l’habitant moyen de la Rive-Sud de la Volga. Le personnage principal de Le Démon est mon Voisin Gaëtanski, Roberteï, se trouve oblitéré par les récriminations d’une femme neurasthénique représentante en tupperware et les agacements d’une fille adolescente laissant dépasser son string par-dessus son baboushka. Comme si cette tension familiale n'était pas déjà assez opressante, il doit en outre composer avec Gaëtanski, son osti de voisin, qui possède un ordinateur, une charrue et une femme plus grosse que la sienne. Roberteï passe ses nuits à échafauder la parfaite combinaison pour se débarrasser et son voisin et de sa femme, mais flanche toujours quand, au matin, il hume le parfum sucré des crêpes au sarrasin que lui prépare invariablement son épouse Iga. Pour oublier sa médiocrité, il consacre les quelques heures de liberté que lui octroit son travail de fonctionnaire à tondre sa peloushka et à fantasmer sur Olga, la femme obèse de son voisin. C’est durant un barbekïuch party (un méchoui de yak, généreusement arrosé de vodka) que Roberteï, ayant trop bu, laissa accidentellement dégouter de sa bouche un épais filet de salive dans le décolleté de Olga. Il s’ensuit la traditionnelle “réparation par les armes” au cours de laquelle Roberteï est blessé au talon. C’est dans le vif de cette scène que Maïachev écrivit sa réplique la plus intense et la plus citée dans les notes de cours de tous les cégeps de la Rive-Sud: “Roberteï, tombant à genoux après avoir été touché par le fleuret de Gaëtanski, s’écria, le visage congestionné: “ ah maudit! tu m’as fait mal au pied!”.


Serge Blais


Dans son anthologie de la littérature québécoise, parut chez VLB, Claude Langevin (professeur au cégep de la Rive-Sud), décrit Serge Blais en ces termes: “ Lorsqu’il entrait au bar Chez son Père, demandant au barman sa traditionnelle quille de Molson, Blais ne portait généralement pas de pantalon”. Influencé par Kerouac et la culture Beat américaine, il se tint néanmoins à l’écart de la tendance indépendantiste de la période post-duplessiste (on remarque une absence de revendications nationalistes dans son oeuvre, à l’exception peut-être de cette tirade ambigüe dans le premier tome de C’est le bordel chez Jean-Pierre: “ Criss d’impéralistes anglo-saxons! Impérialistes irréalistes, ça me déréalise. C’est pas pour dire; j’en suis à m’en déchirer la peau, peau rouge, peau blanche, personne le sait, le soleil jette ses rayons de l’Atlantique au Pacifique comme dans une grande mer de bière”. Contemporain de Ducharme, il était friand d’allitérations et de calembours. À la fin de sa vie, il n’écrivait plus qu’en onomatopées, ce qui compliquait la description de certaines scènes, comme celleci où Luc, un travailleur récemment mis à pied par Alcan, a une altercation avec son agent d’aide sociale: “ A floush, boing flapapapoup! Shlouink, shlouink! Apapipout, apapipapout, APAPIPAPOUT!”. Gauvreault dira de lui: “oui, je dois admettre avoir volé ses idées...”. Les éditions La petite cabane à sucre a récemment obtenu une subvention du gouvernement pour rééditer l’ensemble de son œuvre sur des deux par quatre. Son œuvre pourra ainsi être accessible à tous, entre 14 et 16 heures dans le soussol C de la Bibliothèque des Archives Nationales. Madeleine, la réceptionniste, est cependant assez peu aimable en fin d'après-midi.




Partie 2 : Les phénomènes paranormaux

introduction :


De tous temps, les hommes ont été fascinés par l’inexplicable, l’irrationnel, l’impalpable... Tout ce qui franchit les frontières étroites de la logique fascine: les phénomènes psychiques, les esprits frappeurs, les extraterrestres, le Gouvernement… M. Fortin nous a recueilli quelques exemples historiques d’hommes ayant tenté, parfois avec succès, souvent en vain, de pousser plus au-delà nos connaissances du paranormal.


La télépathie


Un des phénomènes paranormaux les mieux documentés est bien-sûr celui de la télépathie, qui consiste à communiquer avec d’autres personnes sans se préoccuper de son haleine. Le Dr. Allan Schwarz, de l’Institut par Correspondance de Recherche en Parapsychologie (entièrement financé par la vente de chocolat) a mené plus d’une centaine de travaux à ce sujet. Lui et ses disciples, que l’on cite dans des publications aussi prestigieuses que “ The International Journal of Psychopathology”, le “Journal de Mickey” et, plus récemment, “Photo Police”, ont entre autres démontré que, avec un taux de réussite de près de 50%, il était possible de faire deviner à un sujet un nombre en 1 et 2 sélectionné par un babouin neurasthénique. Bien que l’Éthique de la Recherche se soit plaint du mauvais traitement infligé au primate (aucun retranchement de solitude n'avait été prévu dans le dispositif expérimental pour lui permettre de s’adonner à sa routine auto-érotique) les sujets humains impliqués dans la recherche auraient, en revanche, eut droit à du rôti de bœuf et des brochettes aux fruits de mer durant toute la durée de l’expérience. L’équipe du Dr. Schwarz a également publié des articles controversés sur la livraison à distance de son épicerie par hypnose transubstitutive. Les fonds furent cependant coupés lorsqu’on s’aperçut qu’il était possible de faire tout ça par internet. On raconte aussi qu’il lui arrivait parfois, durant les colloques, de s’écrier “vous êtes tous des imbéciles si vous croyez à ça!”, ou encore “Ein Fuhrer” et qu’il avait l’habitude de dévaliser les buffets (une fois, on dénicha 28 sandwichs aux œufs sous son chapeau. )


La télékinésie


Obsédé par la télékinésie, l’Américain John Smith, de Cleveland, passa 20 ans de sa vie à tenter de faire éclater un grain de popcorn par la seule force de son mental. Lorsqu’il y arriva enfin, il tenta ensuite, sans succès, de faire fondre le beurre et devint fou. Bien que, durant toutes ces années, il ait rédigé un mémoire de plus de 800 pages sur son projet de recherche, le programme “Volontaire” de l’aide sociale refusa d’en financer la publication. Transformation de la matière Un autre cas intéressant est celui de Lord Chasterton, un ami présumé d’Oliver Crowley (on raconte qu’ils partageaient la même esthéticienne, d’où l’absence de favoris, une rareté à l’époque). Lord Chasterton était un homme ferré en alchimie et en cuisine macrobiotique. Selon des récits plus ou moins légendaires, mais fondés selon quelques spécialistes, il serait parvenu à formuler la recette pour transformer le soja en or, mais le résultat s’avéra indigeste. De là viendrait l’expression: “Péter une pépite”.


Les ovnis


Le jeune américain William Forsey s’intéressa, quant à lui, aux ovnis. Alors qu’il n’avait que 6 ans, il aurait construit son premier télescope en utilisant les double-foyers de son grand-père qui, raconte-t-on, les cherche encore aujourdh'ui. Il eut l’intuition que nous n’étions pas seuls dans le vaste Univers. Il s’aperçut aussi que raconter des mensonges permettait d’être aussi moins seul dans la vaste cours de récréation. Il fut renvoyé de son école primaire après avoir convaincu ses compagnons de classe d’escalader le Mont Wilson (une station de ski durant l’hiver se convertissant en club naturiste “sans poil” l’été) afin d’y faire la “Rencontre du Troisième Type”. Deux de ses compagnons souffrirent de coliques durant l’expédition, et une fillette se fit mordre par un renard.




Partie 3 : Les innovations agroalimentaires

Les recherches ont démontré que les humains avaient, depuis longtemps, perdu la faculté de s’alimenter sans l’aide de médecins et de spécialistes de la nutrition, et que cette incapacité à s’alimenter augmentait lorsqu’on habite la Rive-Sud et qu’on s’appelle “Robert”. Or, chaque année, de nouveaux nutriments dit “essentiels” font la une des médias et se retrouvent assez vite dans les petits gâteaux emballés et la nourriture en poudre. L’agribussiness, qui finance l’essentiel de cette recherche, est évidemment en quête perpétuelle de nouveautés nutritionnelles afin de pouvoir apposer des appellations “santé” sur leurs choucroutes de synthèse. La société Coca-Cola serait d’ailleurs en attente d’approbation de la FDA pour introduire des acides gras polyinsaturés oméga 3 dans ses boissons gazeuses. Après en avoir fait ingérer des centaines de litres par semaine à des babouins, ils se seraient aperçu que ceux-ci avaient un peu plus de facilité à fourrer la pièce triangulaire dans le trou hexagonal. Ils y verraient là une preuve irréfutable des bénéfices de leur soda sur le cerveau, malgré le fait que la plupart des babouins ayant participé à l’expérience aient ensuite déménagé sur la Rive-Sud et, pour oublier leur diabète de type 2, passent leur journée à écouter “Loft Story”. Afin d’aider l’honnête citoyen à se retrouver dans tout ce fatras nutritionnel, Mr. Fortin nous a dressé une petite liste non exhaustive des dernières découvertes miraculeuses de la recherche agroalimentaire.


Les O.G.M.


Comme on sait, les organismes génétiquement modifiés (O.G.M.) sont des organismes génétiquement "améliorés" à la suite de manipulations génétiques. Plus précisément, cela consiste à introduire discrètement dans l’ADN d'un organisme hôte des gènes, des séquences de gènes, ou encore des condoms scellés remplis de cocaïne. Le premier aliment transgénique à faire intrusion dans nos supermarchés fut la fameuse “super tomate” de Genetec, laquelle devait se conserver plus longtemps, se planter elle-même et parler un parfait espagnol. Les attentes furent néanmoins déçues, la tomate fomentant, avec les travailleurs saisonniers mexicains, une mutinerie dans les fermes canadiennes. Aussi, on remarqua qu’elle avait tendance à disparaître avec un “plop” audible au moment où on s’apprêtait à la couper en rondelles. Le brevet de la super tomate fut néanmoins racheté par Monsanto, qui prévoit l’utiliser non pas à des fins alimentaires, mais pour son habileté à chanter “La cucaracha” moyennant trois ou quatre verres de sangria. En fait, le cheval de bataille de Monsanto consiste surtout à créer des organismes résistant au glyphosate, l’ingrédient actif de son fameux herbicide le “Round-Up”, et à ensuite en breveter les semences. Ainsi, advenant une nouvelle guerre du Vietnam, il sera possible de détruire la végétation indochinoise au complet (oui oui, toute toute) tout en préservant la végétation des villages alliés préalablement plantés d’espèces transgéniques. On parle aussi vaguement de “régler la faim dans le monde”, mais généralement vers la troisième ou quatrième journée des colloques, lorsque les chercheurs scientifiques somnolent en songeant à leurs maîtresses.


La fraline


La fraline est un pro-biotique que l’on isole à partir des gousses avariées de Fralinea L., aliment de base du kioulou, un petit marsupiaux de Nouvelle-Zélande ressemblant étrangement à mon cousin Stéphane. Depuis longtemps déjà, les chercheurs soupçonnent cette alimentation riche en fraline d’expliquer chez l’animal la remarquable énergie sexuelle (l’animal passe plus de 12 heures par jour à copuler, l’heure d’éveil restante étant consacrée à la masturbation et à l’ingestion de gousses avariées de Fralinea L.). Ceci est d’autant plus remarquable que, comme on l’a expliqué, l’animalcule ressemble à mon cousin Stéphane et qu’en raison des gousses avariées dégage une haleine fétide. L’industrie agroalimentaire et, bien-sûr, pharmaceutique s’intéresse vivement à cette nouvelle molécule. Le problème majeur à la commercialisation du produit est que la fraline est un composé aromatique produit par la décomposition des tannins de la gousse, et que sa consommation engendre une haleine similaire à celle du kioulou. Une étude systémique poursuivit auprès de 23 volontaires mâles entre 18 et 25 ans au scrotum soigneusement épilé a démontré qu’une telle haleine pouvait engendrer des problèmes relationnels chez l’humain. Les sujets devaient approcher des femmes dans des stationnements souterrains et leur demander: “Est-ce que ton père est un voleur? Ah non? Car je croyais que c’était lui qui avait mis des étoiles dans tes yeux”. Dans plus de 92% des cas, les réponses étaient du genre: “Va-t-en chez le dentiste maudit dégueulasse”. Le 8% restant habiterait, pour la plupart, la Rive Sud.


Les acide gras polyinsaturés Omega 12


Similaire à son cousin chimique l’Omega 3, l’Omega 12 est un “bon gras”, qu’on différencie généralement du “mauvais gras” en mesurant à quel point l’habitant de la Rive-Sud a envie de le manger. Plus il l’aime, plus il doit être mauvais, d’où les efforts inouïs des chercheurs à recréer la texture et le goût du mauvais gras à partir du bon, créant de la sorte un bon “mauvais” gras permettant à Robert de se gaver comme un cochon la conscience tranquille. Malheureusement, comme on découvre à chaque mois un nouveau “bon” ou “mauvais” gras, et que ce manichéisme lipidique s’avère interchangeable selon les chercheurs et les époques, on recommande aujourd’hui de manger moins de rutabaga frit dans l’huile et un peu plus de topinambour. Les patates frites et oignons frits sont à proscrire, mais une délicieuse alternative serait le potiron nain brésilien accompagné d’une trempette marine (c’est ici qu’on y revient) riche en Omega 12. Se trouvant presque uniquement dans le repli des fesses du fouignant (un mixte entre le poisson-chat et l’anguille électrique), ce gras permettrait de réduire le mauvais cholésterol, l’arythmie cardiaque et la durée du trajet Montréal-Windsor. Malheureusement, comme l’anus du fouignant contient également de la 3-xine, une molécule jugée aphrodisiaque en Asie, le fouignant est présentement en voie d’extinction. Cependant, le docteur Max Frank et son associé, le stagiaire post-doctoral Robert Einstein (de l’Institut de Recherche en Génétique Mary Shelley), travailleraient présentement sur les possibilité de faire pousser des fesses de fouignant sur l’ananas.


Le succédannée de sucre Nutrasupercoolwé®


Dans ce cas-ci, il ne s’agit pas de la découverte d’un mystérieux nutriment mais bien d’un nouveau succédannée de sucre breveté par la compagnie Novagri, également bien présente dans l’industrie de l’aéronautique, du divertissement pour adultes, de l’herbicide, des feux d’artifice, de l’armement et du poison à rat. Formé de chaines d’hydrates de carbone combinées de manière à se dégrader huit fois plus rapidement que le fructose, les enfants seraient particulièrement friands du dégagement mirifique d’énergie que procure ce nouveau produit. C’est pour cette raison que Novagri a récemment acquis la compagnie “Aliment-nimo”, détenant présentement le monopole dans la nourriture pour enfants. On y retrouve des biscuits, des gâteaux, des yogourts en tube, des chips, du chocolat, des goes balls, de la mescaline, etc. Bien que le Nutrasupercoolwé® soit encore interdit dans la plupart des pays d’Europe, d’Asie, d’Océanie, d’Afrique et d’Amérique, le gouvernement canadien assure l’inocuité du produit en autant que consommé avec modération. Une légère surconsommation entrainerait cependant des risques accrus de développer un bec de lièvre et d’être bossu une fois rendu à l’âge adulte. Une consommation plus que deux fois supérieure à celle recommandée par le gouvernement entraînerait quelques effets indésirables chez l’enfant, tel que le nanisme, la cécité totale et la mort subite.