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blanche

Le dépôt

POÈMES

TRANSPROSE

SUR LA TRANSPROSE ET AUTOUR

Travaux en cours du groupe de recherche lpb



Le groupe de recherches lpb lance un appel à poèmes en transprose


 Pour compléter notre travail de recherche sur la transprose, déjà bien entamé quant aus notions gravitant autour du néologisme transprose , nous voudrions créer une petite anthologie exemplaire de poèmes en transprose, de façon à mettre en évidence les particularités expressives des vers de la transprose , qui sont des groupes de mots séparés par des espaces, l’ensemble formant une prose percée d'ouvertures (trans-prose) pour permettre l'épanouissement poétique du texte. 


Nous ferions un nouveau pas en avant en présentant des exemples de poèmes en transprose que pourraient apporter des invité(e)s au dépôt…


Une définition simple de la transprose : ce sont des groupes de mots séparés entre eux par des blancs, des silences, des respirations. Forme de prose aérée, c'est une façon du XXIème siècle, une forme esthétique et pratique à part entière dans l’écriture de poèmes, à côté des vers et de la prose, c'est une synthèse prose et vers.


Le mot transprose que nous devons à Patrick Modolo est apparu pour la première fois dans une note écrite par Air dans le zoom du numéro 60 Lpb de juillet 2022 consacré au poète Abdelatif Laäbi .



Sur la Transprose et autour, zoom sur la transprose de Patrick Modolo, suivi d'une discussion et d'exemples.



ZOOM SUR LA TRANSPROSE


              Il fallait bien un texte de départ. De « départ ». Ecrit dans la ville de Lisbonne qui compte comme quartier Belem, ce Cap Canaveral du XVème siècle. Voilà pour la base de lancement. Ce texte fut offert par la sérenpidité, celle d’un kairos (καιρός) grec, cette « circonstance » qui rime avec chance et concordance des Temps.


             Lors d’un séjour à Lisbonne, en février 2024, je fus emporté par la Poésie de cette ville, qui glorifie ses écrivains et ses poètes, Pessoa, Saramago, Camoes en tête. Et par ce Pont du 25 avril, riche d’Histoire. Une Histoire qui allait fêter dans quelques semaines son demi-siècle. L’Histoire d’un peuple qui reconquiert sa liberté grâce à son armée. L’armée qui par un coup d’état renverse la dictature de Salazar en ce 25 avril 1974, pour installer une nouvelle démocratie et redonner le pouvoir au peuple. Du jamais vu, ou presque, dans la longue histoire des coups d’état.

             En toute fin de séjour, l’ultime jour, est donc né ce poème, comme un point d’orgue poétique de cette visite. Une retranscription de cette émotion. Faire presque partie de l’Histoire. De cette histoire. Du moins, en perpétuer la mémoire. Et la transprose, forme moderne s’il en est, s’est imposée au thème, pour lui redonner de l’acuité textuelle. Et lui offrir « de l’espace ». Et des espacements.

             Ce poème est pour la première fois paru dans le numéro 250 de la revue des Hydropathes de Périgueux, en mai 2024. Merci du reste à Maurice Melliet pour cet accueil et cette publication. Mais Maurice Melliet « interpréta »  à nouveau ce poème, sans le savoir, sans le vouloir, sans doute. Sûrement pour des contraintes spatiales, il le « retravailla » pour lui offrir une autre forme : celle de vers « en cascade ». Offrant alors un contre-exemple poétique à la Transprose, qui est la signature poétique de La Page blanche : la « Contre-transprose », selon le terme adopté par un des membres des Recherches de Lpb. Et la question suivante d’être posée : notre Transprose offre-t-elle différentes versions d’un même texte ? Ou bien sert-elle à offrir autant de nouveaux textes qui seraient plus que des variations du texte original ?  Ce zoom sera aussi l’occasion d’approfondir prose et transprose d’un point de vue lexical, avec une sardane de la prose pour le clore.

             Le poème final, aboutissement de nos réflexions, sera signé par PoMoDoRo, cet auteur hybride qui sévit sur Lpb depuis quelque temps déjà.


                 le texte en transprose directe et ses différentes versions ; retour sur expérimentation



 1/ Version originale, rédigée en transprose directe  (V1)





 2/ Version Club des Hydropathes publié dans le numéro 250 de mai 2024 : V2


 Sur le pont du 25 avril je suis sur le pont du 25 avril

au-dessus du tage je domine la ville

 lisboètes poètes la fleur au fusil

œillets jetés à la face du monde

éclosion sans explosion liberté

 dessous coule le tage

jamais plus rien comme avant

syncrétisme d’un autre âge

raz-de-marée vagues déferlant

 pessoa de sa tombe

caomès de son tombeau

œil aïeul

la liberté souffre de mots

  temblement de terre en vue

 l’océan commence

  oyez oyez braves gens

 belem cap canaveral de son temps

 c’est le christ que l’on tue en haut de la colline

 plus aucune dictature


 Patrick Modolo,

texte lu le 25 avril 2024

chez le club des Hydropathes,

et paru dans le numéro 250

des Hydropathes de Périgueux,

en mai 2024.


 

 Réflexions poétiques et apports théoriques



 Pierre Lamarque            La transprose permet du nouveau dans l’expression de la pensée et procure des nouvelles sensations, n’est-il pas ? On ne lit plus comme avant : on se laisse impressionner par une suite de groupes de mots dont il émane des odeurs poétiques…

             Il me semble que la transprose ne s’arrête pas aux espaces entre les mots, c’est aussi, ici du moins , un nouvel âtre pour faire brûler les mots, une autre façon de comprendre une philosophie de la poésie comme usage des espaces ou usage des changement de place des mots dans la phrase... Qui provoque un effet de loupe en même temps qu’une sensation de bien-être, non ?…  Et surtout nous fait parvenir un message (à la fin) ! : plus aucune dictature ! Reprenons le slogan de mai 68 : "l’imagination au pouvoir " !



 

Matthieu Lorin            Personnellement et en toute subjectivité, ce texte ne me parle qu'à moitié mais je reconnais avoir souvent une attitude assez distante avec les textes engagés ou, dirons-nous, ancrés dans une réalité historique. Les poètes de la Résistance n'ont jamais eu mes faveurs car je trouve qu'ils veulent fédérer - c'est ce qu'ils veulent, bien sûr - et qu'ainsi ils proposent une lecture trop simpliste de l'histoire avec sa grande hache, comme dirait Pérec. Nous verrons bien concernant ce texte et bravo à PoMoDoRo! 


 Patrick Modolo  J'aime aussi notre Lpb pour tout cela : la liberté de créer, d'éprouver, de tester, d'avancer, de reculer !



         3/     Sur le pont du 25 avril V3 : variation sur la transprose avec suppression de mots et inversion



  Pierre Lamarque             Ce que j’aime c’est qu’on ne se prenne pas au sérieux et que malgré cela on avance dans le développement de notre théorie… au lieu de faire seulement des groupes de mots en inversant des mots par rapport à la version antérieure et en créant des espaces , on peut à partir de là encore dégager des espaces en supprimant des mots, cela donne un texte peut-être plus abouti.


4/  Sur le pont du 25 avril Version 4 : autre variation avec suppression de mots et inversion.








5/   La prose est une transprose non aérée


Patrick Modolo               Ce grand vide sous la maison m'aspire tout l'intérieur du ventre ; ce que j’aime c’est un sac de chutes muettes. Un sac qu’on ne (emmêlées au millimètre près) prend pas au sérieux et que malgré cela on met en avant dans le développement de notre théorie des bris de miroir… Au lieu de faire seulement des groupes de mots en inversant des mots par rapport à la version antérieure et en créant des espaces, on peut à partir de là encore dégager des espaces plein les mires en supprimant des mots :  cela donne un texte peut-être plus abouti, presque acceptable. Qui donne l’impression de « sauter d'un cran ».

 (Transprose non aérée - série A )



 

Air Pour ma part c'est dans sa forme originale ci jointe et recorrigée que je préfère ce texte ; l'inversion des mots ou de nouvelles césures brouillent le sens qu'il me semble important de garantir.


6/  Sur le pont du 25 avril  V5 : nouveau séquençage



 



Pierre Lamarque             Je suis d’accord avec toi ami Air et avec cette version … Mais laissons Patrick organiser s’il veut bien dans le dépôt une page consacrée à l’exploration de la transprose à partir de son poème, sa rêverie sur le pont du 25 avril. La transprose, ce sont des espaces entre groupes de mots, des respirations, des pauses, des interruptions dans le flux de la pensée matérialisée par des mots et des silences, c’est sa marque de fabrique, mais à partir de la transprose on peut aussi faire naître du texte original un autre texte : une « surprose*[1] » : une manipulation du texte qui consiste à placer les mots ou les lettres autrement dans la phrase…Pour ensuite envisager une déprose*, une reprose*, une aprose*, une emprose*, etc. L’intelligence artificielle nous fera part de ses résultats...

 La façon de disposer les mots sur la page a un sens…


Patrick Modolo             J'ai bien lu les versions différentes et je ne suis pas certain que ce soit à moi de choisir la proposition qu'il faut présenter au comité, mais plutôt les auteurs - c'est-à-dire PoMoRoDo. A vous de me dire donc la version que vous préférez, car c'est votre texte et il me semble normal de suivre votre décision finale : retour à la première version ? une version proposée par Pierre?

Ou alors, peut-être qu'en tenant compte des idées données, des propositions faites souhaitez-vous encore modifier ce texte?

  

Pierre Lamarque En offrant au texte en transprose un autre séquençage de groupes de mots souvent naît un autre sens…

 

  Air            Le lexique tel que vous le proposez est un objet poétique en lui-même, en plus d'être didactique. Ce Pont du 25 avril pourrait être un exemple, en partant de la version versifiée classiquement tel que publiée dans la revue à laquelle Patrick s'est associé pour lire son texte ce jour-là. La différence de qualité visuelle m'a sauté aux yeux quand j'ai ouvert cette pièce jointe, et cela permettrait de bien mettre en lumière les bénéfices de la transprose, en plus d'y décrire ces nouveaux objets lexicaux.

  

 Pierre Lamarque             Le monde est un texte nous rappelle Pascal Nordmann dans la sardane (46) de la prose, et nous sommes de ce monde… 

 Parler de la transprose c'est féconder un mot par une idée, et une idée par un mot, donner naissance à un mot - le mot transprose, et à une idée, ce que Patrick a fait, c’est ensuite continuer à développer l'idée comme nous tentons naturellement de le faire : une observation qui mène à une théorie afin de créer un mouvement, un renouveau poétique, représenté par le poème en transprose, comme fit Aloysius Bertrand quand il créa le poème en prose il y a deux siècles. Pour la transprose , c'est ce que fait aujourd’hui Sandrine Cerruti dont l’écriture naturelle est déjà de l’écriture poétique en transprose. Il s’agirait de produire des textes au fil du temps qui mèneraient à un recueil de poèmes en transproses de divers poètes qu’on appellerait la sardane de la transpose avec une défense de la transprose en introduction, une cinquantaine de textes en transprose (le premier pourrait être le pont du 25 avril de Pomodoro)… un développement de la théorie par les exemples de poèmes en transprose éventuellement avec un commentaire ... une conclusion …on pourrait intéresser les invités du dépôt en leur demandant d’écrire un poème en transprose pour la sardane (47) de la transprose…


 Ce serait un projet de livre intéressant qui se construirait au fil du temps avec une écriture à plusieurs , comme il convient à un mouvement d’ampleur.

 

Je pense qu'on est en pleine poésie de la prose quand on parle de la transprose…


NB. Pour bien présenter un texte en transprose dans le dépôt, il est bon, de façon à permettre le respect des espacements, de faire une capture d'écran et de la coller dans la page du dépôt. `


Patrick Modolo            Outre l'aspect jubilation de l'exercice , je pense qu'on peut y glaner du lexique théorique. Toute théorie se double d'un lexique, et cette expérimentation poétique farfelue, mais au final pas tant que cela, permet d'avancer.

PoMoDoRo écrit, l'épanorprose* est un art : ainsi Air reprend souvent le texte, presque pour le "traduire" en transprose et en lui offrant un autre séquençage, et souvent un autre sens en naît....


Mémorable, je ne sais pas, Pierre, mais l'objectif d'un zoom qui garderait les 3 ou 4 versions différentes, puis qui sélectionnerait le lexique le plus juste serait important pour fixer cette théorie et surtout la faire avancer encore !

Après, j'espère qu'à la mise en ligne dans le dépôt les espacements se liront et seront respectés grâce à la technique de la capture d'écran.


 Pierre Lamarque. Ce zoom met bien en avant l’évolution de la transprose en commençant par le texte de Patrick rappelé par Air…en mettant à la suite le premier texte en surprose* (manipulation de mots) et le second texte en aprose*  (suppression de mots) on commence à avoir un peu de matière... étranges trouvailles de l'imagination…je pense adjoindre dans cet éventuel zoom que Patrick rédigerait s’il veut bien un tableau des découvertes que je suis entrain de faire rien qu’en jouant avec les préfixes…


                   I

Glossaire de la transprose


 Mot et poème introductifs :

             Cet exercice d’étirement du mot « prose » est d'un bon niveau. Je relis le texte de Patrick et suis tout à fait d’accord quand il formule cette mémorable pensée : « Et l'épanorprose*, qui consiste en une rectification des séquençages de la transprose directe. »

             La sardane 46 du glossaire de la transprose est à retrouver sur le dépôt de La Page blanche, à l’adresse suivante :

https://lapageblanche.com/le-depot/poemes-autour/place-des-sardanes/sardane-46-de-la-prose


Isabelle H    L'improse

 L’improse est une prose incertaine, illicite, impossible

La déprose ou desprose ou disprose sont des proses différentes de toutes les autres proses

Une méprose est une prose maudite

La contre-prose va et vient en sens contraire

De même que la non-prose, une provocation nihiliste

L’approse s’approche de la vérité

L’emprose a de 'influence sur le lecteur

De même l’exprose, l’adprose, l'approse, l’antéprose et l’antiprose,

La biprose ni la rose, la circumprose de la rose, le vie en rose

de la visprose à la comprose, dite confiture poétique, en passant par l’interprose, l’exoprose, l’extraprose, la horsprose - ne pas confondre avec l’improse, son contraire.

   

Matthieu Lorin La couprose, prose dont on a honte, qui nous fait rougir après coup. 


Pierre Lamarque La minimalartprose


David Spailier L’exoprose, prose qui situe hors de la limite de notre conscience. La métaprose, prose qui ne connaît aucune frontière physique. La figer sur papier serait peine perdue. L’outreprose, prose venant du monde de ceux qui ne se réveilleront jamais. L’extaprose, prose de l’extase sensorielle. L’amoroprose, prose vivante, respiration charnelle. L’entreprose, prose voulant créer l’architecture d'un monde hors du monde. L’eauprose, prose qui ne s’écrit que d’eau et ne se dévoile qu’à la lumière de la nuit. Rien n'existe. Rien n'existe. Tout est à reconstruire. Anarchitecture du verbe. La prose doit être remodelée suivant le souffle d'un asthmatique, le battement d'un coeur bleu, l'invention qui ne sera jamais dévoilée aux yeux du monde par peur d'être mise en cage.


Patrick Modolo N'oublions pas l'aprose : l'absence totale de prose. Pour qualifier une poésie privée de prose peut-être ? 

Je passe sur la proprose, déjà prise en poésie. Vu, et revue. 

La déprose, qui serait l'exact antonyme de la prose. 

La dysprose, pour une prose qui dysfonctionnerait...

Et l'épanorprose, qui consiste en une rectification des séquençages de la transprose directe.


Andreea Buse La prose comme une pause de sa vie


Laurence Lagrange La prose a des os - des eaux- qui se modifient avec l’âge . Poussent sur eux-même en excroissances géographiques. 

Ainsi la prose de ma mère se libère dans mes mains, le matin au réveil sommeille/ sonore le soir l’accentue.

La prose est une arthrose poétique

 Je suis née avec douze pieds

 Marche comme l'on chevauche

 La prose est mon ourlet  



Tristan Felix             Revenons sur la coupe rose de Matthieu Lorin. Elle taille dans le vif du sujet qui s'effondre incognito de honte, oui, à moins qu'on en fasse un gnome de conte russe rougi par la neige. Alors sa prose recouvre quelque fierté, une masse de merveille inaliénable. Ah, mais, cette rose, assez ! Elle est dite incurable, se propageant sous forme de vers inégaux, d'un filigrane violin qui s'enhardit sur les joues et le nez au moindre whisky, à la moindre émotion, au froid le plus importun, aux rayons salvateurs et tueurs de l'été. Rouge de prose, le porteur préfère s'en remettre à ses vers afin que nul ne s'empare de sa fragile espèce. La prose a tout colonisé, le vers compté est banni, le vers libre devient exsangue, il sied de laisser la friche inventer sa manière de survivre. De nouvelles plantes, sans dieux ni maîtres, aspirent à échapper à toute coupe rase ou coupe rosse qui les artificialiserait. La coupe rose est un masque plus gai que celui d'un mort.

 

Laurence Lagrange           Il commençait à faire nuit. Ça tapait à la porte. Bon sang ! Je reconnaissais ce frisson de curiosité et de peur mêlées. Ce bruit comme une sentence de l'enfance qui revenait me hanter. Sauve-toi ! Sauve-toi ! Elle revenait, cette petite voix pernicieuse, comme de l'alcool sur une plaie. Mon costume de pseudo-adulte glissait au sol. Le peu de fierté que je m’étais tricotée tombait en lambeaux. Encore à manger aux rats…Et puis, sauve-toi…mais où ? de quoi ? Je ne voulais même plus faire l'effort de combattre. Silence à la porte. Battements de cœur proche de l'apoplexie…Si seulement…juste pour cette fois…savoir mettre des mots… 

Les rats…mes silences et mes hontes …j'aurais voulu des chagrins. 


Simon Langevin FAIRE LE VIDE

je dois faire le vide, me vider de tout ce qui me pèse à la longue, me débarrasser de ce qui encombre ma route, provoque ma déroute. sous mes pas, il n’y a que des pierres d’achoppement comme autant d’êtres qui entravent la bonne marche dans un parcours sinueux, comme autant d’embranchements équivoques vers des terminaisons vaines ou fatales. dans l’air que je respire comme dans tout ce qui tapisse le fond de mon regard, il y a, omniprésente et lourde, cette chose indéfinissable qui me mine inexorablement. tout autour, il y a cette mer mouvante comme seule se meut la solitude, lente et monotone. elle danse tel un serrement au cou, au cœur, en des milliers de mains prises de gestes d’étouffement, de pression et de strangulation répétés. j’étouffe. au milieu, je n’en peux plus puisque se débattre c’est se faire oppresser davantage, s’affaiblir, c’est se laisser engloutir petit à petit dans une bataille perdue d’avance en y laissant son dernier spasme de vie. la seule issue possible est donc le vide. mon propre anéantissement! je déploie mes bras devant le vide




MAB Je propose l'hyperprose totalement dépoésifiée, à utiliser à petites doses. Et aussi l'hypoprose qui est une sorte d'hybride du vers blanc, "sans rien qui pèse ou qui pose" – il se prête bien aux métamorphoses. 


Pascal Nordmann La prose a mangé son homme. Elle fait une pause.

Qui vient ? Lalilala.

Lalilala est une musique.

Le deuxième homme est enchanté.

Mais Lalilala, comme toutes les musiques,

C'est de la prose

Et tac ! Elle mange son homme.

Qui vient ? 

Le poisson rouge.

Le poisson rouge est un poisson.

Le troisième homme est enchanté.

Personne ne le mange.

Il a de beaux yeux noirs 

Le poisson rouge, pas le troisième homme.

Mais tout de même ! Le poisson rouge aussi,

C'est de la prose.

Le monde est un texte, ça, c'est connu, mais il faut le dire,

C'est de la prose! Car le monde, ce n'est pas

Un poème.



Sur Aloysius Bertrand, inventeur du poème en prose :


 « Doué d'une force d'innovation peu commune, Bertrand a créé l'un des deux seuls genres littéraires inventés au XIXe siècle, selon Philippe Hammond, à savoir le poème en prose et le récit policier. C'est en s'inspirant de sa poétique que Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, et plusieurs de leur successeurs, comme Lautréamont, Apollinaire ou René Char, ont eux-mêmes été à l'avant-garde de leur temps. En plus d'avoir influencé de nombreux artistes, Bertrand a ainsi ouvert la voix à la modernité poétique des 19e et 20e siècles, son œuvre principale, Gaspard de la nuit, constituant une charnière entre la littérature d'ancien régime et la poésie moderne et contemporaine. »

 Nathalie Ravonneaux - BNF - Les Essentiels


Andrew Nightingale proto-prose : In the beginning was the rose of light, that every pen darkens with description.

Introprose : the dawning of prose on itself.

Extroprose : I don't know what it is, and there lies its potential. Extroprose is prose that correctly writes substance, and that never was nor will be written. (see prosey-ness)

dentroprose : prose on the tired empty spaces between prose.

nega-prose No.108: Nemesis of this writer of prose. Who makes good conversation with my prose at tea-time. (AKA Is-always-desperately-right-about-what-it-says-prose)

 Diedre


traduction ( G&J)

proto-prose : Au commencement fut la rose de la lumière, que chaque stylo obscurcit en descriptions.

introprose : aube de prose sur elle-même.

extroprose : Je ne sais ce que c’est, et c'est là son essentiel. L’extroprose est une prose qui dit correctement la substance, et qui n’a jamais été ni ne sera jamais écrite. (voir prose-manque)

dentroprose : une dentroprose est une prose entre deux proses faite d'espaces vides et usés.

 nega-prose No.108 : Némésis de cet écrivain de prose. Qui fait une bonne conversation avec ma prose à l’heure du thé. (AKA est-toujours-désespérément-droit-sur-ce-qu'il-appelle-prose-)

Diedre



Simon Langevin Prose Café

 J’ai tourné à angle droit de mon esprit, dans une rue qui, derrière moi, tout droit, tout au long de mon parcours, jusqu’à mes os fragiles m’a mené. De là, à m’aérer de part en part, jusqu’au bord de la rivière Saint-Charles, momentanément près du pont Dorchester. Je m’en vais exister par le chant à chasser le cours des idées rouges «dip dip dip dzou zrr iiiiiii tipou zit zit», tranquillement accompagné pas vite. En longeant une avenue, le vent constant n’a pas tardé de quelques bruants vers le nord, à assécher même. Et là, au rancart, à mesure que je marche, que j’avance, je laisse tout oublié. J’ai remonté en plan, ailleurs, au présent, à une bonne distance noire, blanche, de toi en suspens. Sans chagrin.

 


Laurence Lagrange Stop ! Je pro-prose une pose avec cette prose qui nous englue dans les mots du présent. Ce matin elle n’est plus. Elle s'est déshabillée d'une lettre ou deux. Inquiétant n’est-ce pas ? Il fallait bien oser. J’étais près du but. Elle s'allégeait. Peut-on parler d'Eros ? Vous sentez-vous bancales, une seule lettre vous manque…Basculons vers un ailleurs. 

C'est bien ailleurs. 

À vous…


Jean-Michel Maubert Méta-prose : Au-dessus. Au-delà. Après. Meta ta prosa. La poésie comme prose méta ?


David Spailier Au commencement était le verbe. La prose comme flux de la parole. Flux de la pensée gravée sur la pellicule d'un film mental. Coup de feu du verbe-photographique qui fige ce qui était à l'intérieur d'un battement de cil. L'édition comme acte de résistance contre l'oubli. Le verbe comme arme d'un monde qui ne sera jamais à nous. La prose comme litanies.

 

Jean-Claude Bouchard -- improse bien

 



Pierre Lamarque MANIFESTE DE LA POÉSIE BRUTE

Poésie Brute, authentique sincère et spontanée comme une promesse. POÉSIE BRUTE ! Hurlée depuis le fond jusqu'à la lumière. Brute comme le souffle chaud d'un vieux frère : poésie à l’état brut… Poésie de l’homme brut, à l’état naissant, bête, stupide, idiot, naïf, cinglé, excessif, délirant, en colère, exaspéré, dévasté , troublé, perdu, innocent … oui, beaucoup de conduites font peur aux autres. Beaucoup d’ennemis en perspective pour la poésie brute, qui a le chic d’être faite d’amour du vrai, de goût de la franchise et de la sincérité, d'éthique de la spontanéité, de parole au goût de sacré.


David Spailier L'Anarchitecture Apache

 Tout est à construire. L’architecture est dynamitée dans sa structure. Tout est à construire. Le chaos est un monochrome d'où s'échappe une pensée-prose où commence le flux d'un seul son, mot, image, pensée racine qui construit un monde. Elle/Il bâtit des ponts après les avoir brûlés. L'anarchitecture aime le langage face à votre réalité. Un futur que NOUS rejetons. Une réalité aussi froide qu'une caméra de surveillance. Les sons, mots, images comme manuels de survie en milieux hostiles. La cohésion comme acte de résistance. Ce qui a été écrit par un devra devenir mise en son-espace-Lumière. La multitude de sons, espaces, lumières devra être écrite par l'autre devenue mise en son-espace- lumière. Un art multimédia. Aucune révolution mais une évolution parce que nous sommes Anarchitecture Apache.




Isabelle H Au suivant ?

 En suivant on trouve l'apfelrose , laperose, l'appelrose...


 à suivre...

  



[1]Tous les termes marqués d’une astérisque seront définis plus tard