Le dépôt
De parmi les barbares
De parmi les barbares
Tu m’as donné ce droit d’accès : le nez les yeux l’iris la bouche ; même le dessin de tes sourcils,
tu m’as offert : de témoigner de mon vivant de la réalité de ça : tes mâchoires tes dents ;
jusqu’au détail des pommettes, jusqu’au rose des pigments – longueur des cils : ok ;
l’arrondi de ça le vertigineux : auquel tu m’obliges, pupilles canines oreilles :
ok, la courbe des joues l’arc des paupières la déclivité générale de cette tête : d’accord ;
d’accord aussi : la langue les lobes ; d’accord le front d’accord : la symétrie profil droit profil gauche
et quand tu joins tout ça par la couture du nez : d’accord ; d’accord : le cou le menton les commissures les pores ;
d’accord : tes lèvres qui s’écartent au passage de l’air de l’eau de moi ; d’accord : les veines sur tes tempes,
le sang derrière la boîte et tes pensées qui font : comme des vagues sous la peau ;
l’hystérisation de tes clavicules, l’escalade sur ta colonne des paroles sans poignets, `
ok d’accord tes aréoles puis le bûcher ta poitrine, de ton pubis les poils
qui te remontent jusqu’au nom du nombril, la brioche de ta panse (sertie, ta vulve
en pente douce qui s’équilibre : dans l’idée de happer et le désir de bruire) !
Tu m’as donné accès à ça – aussi durable que l’évocation que j’en fais, aussi long que les mots : OK.
Quand je serai habitué : à la façon dont tes chevilles relient tes jambes à tes pieds ; quand j’aurai :
perdu la coutume de ta danse sous la douche et de tes orteils qui me coupent
la respiration, quand ça n’aura plus de mystère tes narines ta langue tes oreilles percées,
tes ongles, gobés, tes bleus, le sang : au pourtour de ta vulve ;
quand les énigmes des morves ne seront plus mouchées et les pointes émoussées
de tes poils, quand ne seront plus ravalées les salives du c’était quoi ÇA–?–çavenaitd’oùça–?– c’étaitsibien–?–etquandjemetrompais sur ta personne, le nom de l’être qui dégouline à mesure que tu frappes
ton sexe, le périnée enduit d’un flux d’aucun homme craché, mes jambes écartées pour que passe du bas-texte le latex compact, mais bien évidemment
il y a tes sphincters, et la surprise toujours intacte du chapeau prestigieux ;
quand j’aurai désappris les protocoles de rapprochement, la versatilité des indices corporels,
quand il ne restera que les notifications d’une bouche ouverte au dis-moi quoi, alors seulement commencera
l’amour et avec lui : les précipitations, l’intégrité de ta personne. Dessous : la paupière haute. Dessus : la paupière basse.
ma tête comme un tampon absorbe tes nutriments, ma race enfoncée joue de la flûte dans tes gamètes et tu acceptes que je macère dans ta matrice, mes
dégénérescences tu ris de les voir fructifier. Je soutiens que mes rides participent de ton portrait. J’avance que mes amas singent ton ossature. Et
tu te reconnais dans l’émancipation de mes particules. Tu glousses quand je m’englue. Dans le délabrement. Tu ris, tu sais que je me disperse dans la joie.
extraits d'un recueil en cours