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AUTEUR-E-S - Index 1

38 - Andrew Nightingale

Le flou est fondamental

Le flou n’est pas une question de sémantique. C'est un problème qui trouble l'affirmation fondamentale selon laquelle, comme notre vieil ami Berty Russell l'a affirmé en tant qu' axiome dans les Principlia Mathematica, « Tout ce qui est est ». Les bases sont un lieu de séjour très intéressant. Nous aimerions dire qu’il s’agit d’une affirmation fondamentale et acceptable, mais elle s’avère ne pas l’être du tout. En fait, aucune matière n’est élémentaire, et toute matière est élémentaire également.

Channell et Rowland soutiennent que le flou a une utilité pragmatique : « Pour que le langage soit pleinement utile, dans le sens de pouvoir décrire l'ensemble de l'expérience des êtres humains, il doit incorporer une flexibilité inhérente. Cette flexibilité réside, en partie, dans dans sa capacité de flou » (p201 Channell 1994). Le Dr Channell expose diverses vues sur l'origine du flou, de la différence entre la « même idée » dans différents esprits (Fodor 1977 dans Channell 1994) jusqu'au langage (Peirce 1902 dans Channell 1994). 1994), à la réalité physique (Russell 1923). Le flou est discuté en logique (Lakoff 1972 dans Channell 1994) où il est soutenu (avec Russell) que "vrai" et "faux" sont vagues, et que la logique classique pourrait donc être modifiée..." (p66 Nightingale 2019)


" [i]l est parfaitement évident, puisque les couleurs forment un continuum, qu'il existe des nuances de couleur sur lesquelles nous nous demanderons si nous devons les appeler rouges ou non, non pas parce que nous ignorons le sens du mot « rouge », mais parce que c'est un mot dont l'étendue de l'application est essentiellement douteuse. » (1923 Russell cité dans Nightingale 2019, p66).


« Le mot « rouge » est vague à cet égard car il existe des cas limites où il n'est pas clair si ou non, nous devrions appeler le cas "rouge". Russell dit « essentiellement douteux » parce que cette incertitude est essentielle, dans le sens où elle fait partie de la nature du rouge. Une des erreurs consiste ici à affirmer que le « continuum » est une réalité parfaitement précise qui peut être exprimée numériquement. Cela fait du flou une sorte d’erreur ; sans un continuum parfaitement connu sous nos mots, le flou n’est pas une erreur mais a une réalité qui lui est propre. Le continuum souffre-t-il d'imprécision ?...

Peirce a affirmé qu'une autre façon de décrire la généralité est là où la loi du milieu exclu (« A ou ~A est toujours vrai ») ne s'applique pas. Cela a du sens car normalement, le LEM décide lequel de "A ou ~A" est vrai (même si nous ne savons pas lequel est décidé, il affirme que "là-bas" c'est décidé.) Lorsque le LEM ne s'applique pas " A ou ~A" reste indécis, ce qui permet une généralisation sur "A ou ~A", vous pouvez choisir lequel. Cependant, l’affirmation selon laquelle quelque chose peut être fondamentalement incertain va directement à l’encontre du LEM.


. (Les idées de général et de vague sont intimement liées.) Russell affirmait « tout ce qui est est » afin de « prouver » le LEM. Et là, j'argumente contre le LEM, qui serait aussi contre « tout ce qui est, est ». Qu'est-ce qui fait que le rouge est rouge ? Dans cette question, je veux être vague entre le terme rouge et le rouge réel. Si tout ce qui est dépend d’autres choses pour être, il y a un certain espace dans l’Être, un flou indéfini entre l’Être et l’Espace.


trad G&J



Vagueness is not a matter of semantics. It is a problem that troubles the basic assertion that, as our old friend Berty Russell asserted as an axiom in the Principlia Mathematica, "Everything that is, is." The basics are a very interesting place to stay. We would like to say this is a basic and acceptable assertion, and it turns out to not be basic at all. In fact, no subject is elementary, and also every subject is elementary.

Channell and Rowland argue that vagueness has pragmatic usefulness: "For language to be fully useful, therefore, in the sense of being able to describe all of human beings' experience, it must incorporate built-in flexibility. This flexibility resides, in part, in its capacity for vagueness" (p201 Channell 1994) Dr. Channell outlines various views of where vagueness comes from, from the difference between the "same idea" in different minds (Fodor 1977 in Channell 1994), to language (Peirce 1902 in Channell 1994), to physical reality (Russell 1923). Vagueness is found discussed in logic (Lakoff 1972 in Channell 1994) where it is argued (along with Russell) that "true" and "false" are vague, and so classical logic could be modified..." (p66 Nightingale 2019)


"[i]t is perfectly obvious, since colours form a continuum, that there are shades of colour concerning which we shall be in doubt whether to call them red or not, not because we are ignorant of the meaning of the word "red," but because it is a word the extent of whose application is essentially doubtful." (1923 Russell as quoted in Nightingale 2019, p66).


"The word "red" is vague in this respect because there are borderline cases where it is not clear whether or not we should call the case "red". Russell says "essentially doubtful" because this uncertainty is essential, in the sense of being a part of the nature of red. One deception here is in asserting that the "continuum" is a perfectly precise reality that can be expressed numerically. This renders vagueness a kind of error; without a perfectly known continuum underneath our words, vagueness is not error but has a reality of its own. Does the continuum suffer from vagueness?...

Peirce claimed that another way to describe generality is where the Law of Excluded Middle ("A or ~A is always true") does not hold. This makes sense because normally, the LEM decides which of "A or ~A" is true (even if we don't know which is decided, it asserts that "out there" it is decided.) When the LEM does not apply "A or ~A" is left undecided, which allows for a generalization on "A or ~A", you can choose which. However the claim that something can be essentially uncertain is directly against the LEM." (p66-68 Nightingale 2019)


I mean to say that reifying vagueness proves the LEM is false, in general. (The ideas of general and of vague are intimately connected) Russell asserted "everything that is, is" in order to "prove" the LEM. And here I am arguing against the LEM, which would also be against "everything that is, is" What makes red red? In this question i mean to be vague between term red and the actual red. If everything that is depends on other things to be, there is a certain spaciousness to Being, an undefined vagueness between Being and Space.