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POÈMES

PLACE DES SARDANES

Sardane (38) des distiques

J’ai composé cette sardane à l’aide de fragments de textes d’une quarantaine d’auteurs de Lpb.

J’ai fait correspondre deux par deux ces fragment d’où le titre de la 'sardane des distiques’.

J’ai été inspiré par les travaux de Kenneth Goldsmith, poète américain né en 1961, dans l’essai ‘L’écriture sans écriture - du langage à l’âge numérique’ traduit par François Bon , publié en France par les éditions Jean Boite. Il s’agit pour cette sardane d’une écriture sans écriture, au sens où l’entend Kenneth Goldsmith.


PL 



Sardane des distiques




- Sous nos pas coule la bande roulante de nos amours. On marche on marche on marche et on reste toujours au même endroit. C'est la vie… 

- Dessous les ressorts d'angoisse empêchent l'acier des profondeurs.


- À la fin de la peinture un oiseau blanc tenait en son bec un fromage dans le ciel rose et bleu. 

- J'ai besoin de hasard pour bâtir mon poème.


- Du haut du Sacré-Cœur, il contemple la vaste étendue de douleur qui, jusqu'à la tour Montparnasse, et au-delà, s'étend, s'étend avant de s'évaporer dans des horizons qu'il ignore. 

- Et tout ce qu'on écrit d'un côté on le perd de l'autre. On a que les poèmes qu'on mérite.


- Dans cette élan de faiblesse, je me suis laissé aller à cette inertie innée aux êtres de mon acabit, à laquelle sans doute chacun se laisse emporter à sa manière, à son rythme, et dans les instants qui lui conviennent le mieux afin de ne pas faire de sa vie dans son ensemble un désastre sans bornes. 

- Je dois absolument tout calligraphier dans l'urgence en simple exécutant, je suis le passeur des non-civilisations à venir.


- Dehors, tout bouge. Le décor défile, le paysage se déroule. De chaque côté, les arbres fuient, les poteaux se multiplient. Un fil électrique dessine une ligne droite qui ondule de haut en bas, reliée aux poteaux qui marquent le temps de façon régulière. Et plus le regard se projette au loin, tout se meut de moins en moins rapidement. 

- Les gens sur les photos me paraissaient des fantômes. Leurs visage exprimaient pourtant des états d'âme divers, allant du bonheur à la colère, en passant par l'ennui et la consternation.


- Neigeuse telle en attente la suspension dans l'apparaître silhouette devenue songe peint presque solide sous le calme flux sa tempête arrêtée la blancheur. 

- J’ouvre néfaste patience le tranchant d’un jour flétri pas du noir ni du gris trop cendres de la couleur qui englue de la boue mélancolie.


- Dessiner la nature et faire d’un peuplier ce peuplier avec ses gloires ses défaites ses raisons d’espérer. Applaudir avec lui à l’apparition sereine du jour de la vie d’un désir de découverte. Tracer lentement la délicatesse heureuse de chacune de ses feuilles, être de chaque vibration fêter la palpitation la perfection modeste d’un lever de soleil en Dordogne et se dire qu’aujourd’hui encore on essaiera au mieux de vivre. 

- Vite, jette le poème dans la douche. Poudre-le et pince-lui les joues pour le rendre rose. Vaporise généreusement avec Febreeze.



- Fracas et feuilles au sol, le ciel tombe sous les coups. Le repos au bout, tête-bêche sur la souche… Et tes mains, cette extrémité égarée qui demande des frontières & des cordées à mesurer. 

- Suite de chiffres sans signification temps suspendu. Suite de chiffres sans signification temps suspendu.


- Quand donc finira la semaine ce vers m'habite me hante me poursuit me terrifie quand donc finira la semaine. 

- J'aime le temps perdu et cette seconde dévorée. les miettes boudées par les oiseaux. l'odeur du purin quand les vaches sortent.


- Aussi pouvons-nous dire que les Hommes d'aujourd'hui sont des générations d'enfant-rois. Hormis certains, les bourgeois ont perverti les valeurs désuètes qui faisaient le charme de notre vie infime. 

- Tout s’est passé par ici hors de moi là-dedans  sauvez-moi de la lutte, des éclairs de meurtre.


- J’écoute se battre ton cœur, ce balancier, joyeux inquiet éperdu placide démuni comblé sage fou rêveur désarmé, je t’aperçois. 

- VeRtIge Verte Tige ma FatiguE Saison Sait on du Monde Autour Qui Plane et danse Ecrase En Pas Lents lourds Vertige Paré de Somme Vertige me Carre Et me Sépare.



- Nous aurons des luttes intransigeantes. Nous réinstallerons l’art dans l’usine. Nous ferons des vidéos pour survivre. Et des enfants regarderont, assis au bord de la fosse d’eau calme. 

- Seule en terrasse, une harmonie de turquoise et d'outremer habille les chaises cannées et les petites tables typiquement bistrot pendant qu'une musique techno datée du début de ce siècle me tombe dessus à bras raccourcis.


- Et happée oui happée en direction de l’interstice    celui de l’appel au ponton. 

- Parce que ce, ce baiser, des lèvres à l’air aux lèvres à la lumière.



- Et pourtant tu le sais ils ne reviendront plus les corps les champs le bleu. Dès lors c'est de loin que tu les frôleras. 

- Donner à chaque oiseau un mot et faire voler dans le ciel une phrase.



- Si nous voyageons vers la même destination, où nous dépêchons-nous ? 

- Somptueuse beauté tragique ! avant comme après, contre cent sous de musique, le poème est fait.


- Les abattoirs ouvrent au petit matin         les langues s’allongent au fond de la baignoire         rêvent des égouts    la journée passe. 

- Journée blanche, blanche d’écriture blanche d’abandon


- Tu m’as donné ce droit d’accès : le nez les yeux l’iris la bouche ; même le dessin de tes sourcils, tu m’as offert : de témoigner de mon vivant de la réalité de ça : tes mâchoires tes dents ; jusqu’au détail des pommettes, jusqu’au rose des pigments – longueur des cils. 

- Une chambre d’hôtel. Polaroïds. Fond vert. Sièges en cuir. Brûlures noires de cigarettes écrasées. Papier peint décollé. Tombant. Déchiré. Gorgé de pluie. Je ne sais plus quelle heure il est.


- Il aura suffi d’une idée manquée - d'un coup pour rien, pour personne. 

- Ma respirations est un léger frottement de l'air contre l'intérieur de mes narines et de mes poumons. Mon ventre se soulève.


- Tout avait commencé par une nuit froide de janvier à faire trembler les pierres. 

- Les lueurs oxydées du premier matin glissent sur le dos du hangar, d’un gris d’étain. Porte éventrée, fragments de tôles en rides, nos pas s’allongent au sol sans sol d’un souvenir que le temps a couvert de poils longs - des pieds jusqu’à la tête.


- Nous sommes le produit d’un nombre fini de facteurs indépendants, considérant l’intangible possibilité que l’un d’eux seul soit nul. Sans voix.





Même sardane avec les noms des auteurs :




1) sous nos pas coule la bande roulante de nos amours. On marche on marche on marche et on reste toujours au même endroit. C'est la vie… (Constantin Pricop)

2) dessous les ressorts d'angoisse empêchent l'acier des profondeurs (Bruno Giffard)



3) à la fin de la peinture un oiseau blanc tenait en son bec un fromage dans le ciel rose et bleu (Isabelle H)


4) j'ai besoin de hasard pour bâtir mon poème. (Pierre Lamarque)


5) du haut du Sacré-Cœur, il contemple la vaste étendue de douleur qui, jusqu'à la tour Montparnasse, et au-delà, s'étend, s'étend avant de s'évaporer dans des horizons qu'il ignore (Jerome Fortin)

6) et tout ce qu'on écrit d'un côté on le perd de l'autre. On a que les poèmes qu'on mérite. (Stéphane Casenobe)


7) dans cette élan de faiblesse, je me suis laissé aller à cette inertie innée aux êtres de mon acabit, à laquelle sans doute chacun se laisse emporter à sa manière, à son rythme, et dans les instants qui lui conviennent le mieux afin de ne pas faire de sa vie dans son ensemble un désastre sans bornes. (Simon Langevin) 

8) je dois absolument tout calligraphier dans l'urgence en simple exécutant, je suis le passeur des non-civilisations à venir (Grégory Rateau)


9) dehors, tout bouge. Le décor défile, le paysage se déroule. De chaque côté, les arbres fuient, les poteaux se multiplient. Un fil électrique dessine une ligne droite qui ondule de haut en bas, reliée aux poteaux qui marquent le temps de façon régulière. Et plus le regard se projette au loin, tout se meut de moins en moins rapidement. (Simon Langevin)

10) les gens sur les photos me paraissaient des fantômes. Leurs visage exprimaient pourtant des états d'âme divers, allant du bonheur à la colère, en passant par l'ennui et la consternation. (Jerome Fortin)


11) neigeuse telle en attente la suspension dans l'apparaître silhouette devenue songe peint presque solide sous le calme flux sa tempête arrêtée la blancheur. (Jean-Michel Maubert)

12) j’ouvre néfaste patience le tranchant d’un jour flétri pas du noir ni du gris trop cendres de la couleur qui englue de la boue mélancolie (Denis Heudré)


13) dessiner la nature et faire d’un peuplier ce peuplier avec ses gloires ses défaites ses raisons d’espérer. Applaudir avec lui à l’apparition sereine du jour de la vie d’un désir de découverte. Tracer lentement la délicatesse heureuse de chacune de ses feuilles, être de chaque vibration fêter la palpitation la perfection modeste d’un lever de soleil en Dordogne et se dire qu’aujourd’hui encore on essaiera au mieux de vivre. (Bertrand Naivin) 

14) Vite, jette le poème dans la douche. Poudre-le et pince-lui les joues pour le rendre rose. Vaporise généreusement avec Febreeze (Andrew Nightingale)




15) fracas et feuilles au sol, le ciel tombe sous les coups. Le repos au bout, tête-bêche sur la souche… Et tes mains, cette extrémité égarée qui demande des frontières & des cordées à mesurer. (Matthieu Lorin)


16) suite de chiffres sans signification temps suspendu. Suite de chiffres sans signification temps suspendu. (Air) 



17) quand donc finira la semaine ce vers m'habite me hante me poursuit me terrifie quand donc finira la semaine. (Patrick Modolo)


18) j'aime le temps perdu et cette seconde dévorée. les miettes boudées par les oiseaux. l'odeur du purin quand les vaches sortent; (Tom Saja) 



19) aussi pouvons-nous dire que les Hommes d'aujourd'hui sont des générations d'enfant-rois. Hormis certains, les bourgeois ont perverti les valeurs désuettes qui faisaient le charme de notre vie infime. (Maheva Hellwig)


20) tout s’est passé par ici hors de moi là-dedans  sauvez-moi de la lutte, des éclairs de meurtre. (Tristan Felix)



21) j’écoute se battre ton cœur, ce balancier, joyeux inquiet éperdu placide démuni comblé sage fou rêveur désarmé, je t’aperçois. (Calique)


22) VeRtIge Verte Tige ma FatiguE Saison Sait on du Monde Autour Qui Plane et danse Ecrase En Pas Lents lourds Vertige Paré de Somme Vertige me Carre Et me Sépare.

(Nathan Dartiguelongue)



23) nous aurons des luttes intransigeantes. Nous réinstallerons l’art dans l’usine. Nous ferons des vidéos pour survivre. Et des enfants regarderont, assis au bord de la fosse d’eau calme. (Anne Barbusse)

24) seule en terrasse, une harmonie de turquoise et d'outremer habille les chaises cannées et les petites tables typiquement bistrot pendant qu'une musique techno datée du début de ce siècle me tombe dessus à bras raccourcis. (Marie Anne Bruch)


25) et happée oui happée en direction de l’interstice    celui de l’appel au ponton. (Sandrine Cerruti)

26) parce que ce, ce baiser, des lèvres à l’air aux lèvres à la lumière. (Allan Graubard)



27) et pourtant tu le sais ils ne reviendront plus les corps les champs le bleu. Dès lors c'est de loin que tu les frôleras (Arnaud Rivière Kéraval)

28) donner à chaque oiseau un mot et faire voler dans le ciel une phrase (Ingrid Reuilly)



29) si nous voyageons vers la même destination, où nous dépêchons-nous ? (Andreea Buse)

30) somptueuse beauté tragique ! avant comme après, contre cent sous de musique, le poème est fait. (Pierre Andreani)


31) les abattoirs ouvrent au petit matin         les langues s’allongent au fond de la baignoire         rêvent des égouts    la journée passe. ( Julien Boutreux)

32) journée blanche, blanche d’écriture blanche d’abandon. (Alexandre Poncin)


33) tu m’as donné ce droit d’accès : le nez les yeux l’iris la bouche ; même le dessin de tes sourcils, tu m’as offert : de témoigner de mon vivant de la réalité de ça : tes mâchoires tes dents ; jusqu’au détail des pommettes, jusqu’au rose des pigments – longueur des cils. (Romain Frezzato)

34) Une chambre d’hôtel. Polaroïds. Fond vert. Sièges en cuir. Brûlures noires de cigarettes écrasées. Papier peint décollé. Tombant. Déchiré. Gorgé de pluie. Je ne sais plus quelle heure il est. (David Spailier)


35) il aura suffi d’une idée manquée - d'un coup pour rien, pour personne. (Sasha Metz))

36) ma respirations est un léger frottement de l'air contre l'intérieur de mes narines et de mes poumons. Mon ventre se soulève. (Ilona Tikvicki)


37) tout avait commencé par une nuit froide de janvier à faire trembler les pierres. (Frédéric Bertrand)


38) les lueurs oxydées du premier matin glissent sur le dos du hangar, d’un gris d’étain. Porte éventrée, fragments de tôles en rides, nos pas s’allongent au sol sans sol d’un souvenir que le temps a couvert de poils longs - des pieds jusqu’à la tête (Rémi Letourneur)



39) Nous sommes le produit d’un nombre fini de facteurs indépendants, considérant l’intangible possibilité que l’un d’eux seul soit nul. Sans voix. (François Desnoyers)