Le dépôt
Notules 4 - Tristan Felix - Simon Langevin - Pierre Lamarque - David Spailier
Notule de Tristan Felix - Sur la cryptopoésie
L'affaire ne date pas d'hier. Ferdinand de Saussure, le grand halluciné, a découvert les noms de dieux grecs dissimulés sous forme d'anagrammes dans les poèmes Saturniens. De la même façon, dans mes dessins médiumniques, des créatures secrètes grouillent en tous sens, comme autant d'incarnations possibles du dessin-poème. Entrelacs sacrés, mots sous les mots, contrepèteries, anagrammes, acrostiches, palindromes, monocondyles, tous ses cryptages brouillent les cartes, tentent une existence ailleurs, brûlant les frontières du corps et de l'esprit, aspirant à devenir une étoile, qui brille encore, perdue dans le firmament, des milliers d'années après qu'elle a disparu, ou un ectoplasme capable d'investir n'importe quel corps…
Extrait de 'Faut une faille' - Z4 éditions
Notule de Simon Langevin - La nuit
La nuit s’est finalement abattue encore une fois, sans effort, seulement par l’inertie des sphères entre elles et de leur majestueuse et impassible gravité. Des points scintillants se démarquent dans cette voûte noire qui semble toujours au-dessus de nous alors que tout est rond, sphérique, concentrique et cyclique. Comme au jeu du chat et de la souris, la lumière et les ténèbres jouent à cache-cache dans cette cosmographie qui nous enveloppe de mille et un objets de beauté. D’effroi aussi. Il y a un vertige contenu là-dedans qui peut se manifester quelquefois de différentes intensités, car cette démesure effraie parfois les plus sensibles. Certains même ne peuvent le supporter ou le supportent mal. Constamment on ressent cette nuit déferler telle une vague noire qui rejette dans les coins et emporte avec elle toutes les couleurs indispensables à la vie. Elle charrie la noirceur dans les cœurs devenus durs. Et chacun fait son nid dans ces assombrissements quotidiens.
Simon A. Langevin 2023
Notule de Pierre Lamarque : Poésie Brute
Poésie Brute, parce qu'authentique sincère et spontanée : poésie à l’état brut … poésie de l’humain à l’état naissant, bête, stupide, idiot, naïf, cinglé, excessif, délirant, en colère, exaspéré, dévasté , troublé, perdu, innocent … oui, beaucoup de conduites détestées font peur dans notre société du pensant bien et du correctement politique - beaucoup d’ennemis en perspective pour la poésie brute, qui a le chic d’être facile par amour du vrai, goût de la franchise et de la sincérité, éthique de la spontanéité, la parole au goût de sacré...
Poésie brute : elle est politique et elle n’est pas conventionnelle, elle est inattendue comme peut l'être une idée apache.
L'Anarchitecture Apache - Notule de David Spailier
Tout est à construire. L’architecture est dynamitée dans sa structure. Tout est à construire dans la transparence. Le chaos est un monochrome d'où s'échappe une pensée-prose d'où commence le flux d'un seul son, mot, image, pensée racine qui construit un monde. Elle/Il bâtit des ponts après les avoir brûlés. L'anarchitecture aime le langage face à votre réalité. Un futur que NOUS rejetons. Une réalité aussi froide qu'une caméra de surveillance. Les sons, mots, images comme manuels de survie en milieux hostiles. La cohésion comme acte de résistance. Ce qui a été écrit par un devra devenir mise en son-espace-Lumière. La multitude de sons, espaces, lumières devra être écrite par l'autre devenue mise en son-espace-lumière. Un art multimédia. Aucune révolution mais une évolution parce que nous sommes l'Anarchitecture Apache.