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Le dépôt

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Poètes du monde

Marie-Claire Bancquart - Jean-Pierre Chambon - Salvatore Quasimodo

Sur le Rhin

le pont entre la ville allemande Breisach

et sa vieille ennemie française au nom d’écho 

Neuf-Brisach,

crie tellement de soleil qu'on oublie, en le traversant 

les siècles de canons et de bombes.


Les meules de foin roulent sous la gloire du soleil, tout

  dit la joie du ciel dans une étourdissante immobilité,


Le langage cesse de clabauder la haine, il se tient là

  parmi les ombres apaisée, 

un homme, une femme s'endorment à deux, le long de 

  la douceur de leur peau.


Pourquoi pas cette minute, pourquoi pas la paix,

  pourquoi pas nous ?



Marie-Claire Bancquart - Terre énergumène et autres poèmes

Poésie Gallimard.



Tout venant


Les merveilleux galets

dans l'eau transparente du torrent

voici qu'au creux de ma paume le vent

en les séchant en a déjà terni les couleurs

ainsi les choses que l'on veut saisir

parfois misérablement s’éteignent


Jean-Pierre Chambon - Tout venant 

Héros-limite Éditions




MOT



Tu ris que je

m'écharne pour des mots

que j'assemble ciels et collines en haies d’azur

autour de moi, et le bruissement des ormes

et les voix des eaux tremblantes ;

que je trahis ma jeunesse

pour les nuages et les couleurs

Qui se disent dans la lumière.


Je te connais : en toi, toute égarée,

la beauté rehausse tes seins,

creuse tes reins et en un mouvement

suave 

inonde ton sexe timide,

puis redescend en courbes

harmonieuses

jusqu'aux dix coquillages de tes beaux pieds.


Mais voilà : si je te prends

tu seras toi aussi pour moi un mot, et la tristesse.



Salvatore Quasimodo

Et soudain c’est le soir

Recueil de poèmes traduit de l'italien

Patrick Renaux traducteur - Ed Elisabeth Brunet