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POÈMES

TRADUCTIONS

Harold Pinter - Poèmes - Trad G&J

Harold Pinter 

Poems and Prose

Ed. Eyre Methuen Ltd. London

Trad G&J



Sa première pièce, Kullus, a été écrite quand Pinter avait 19 ans - le volume dans son ensemble que nous avons traduit à partir du livre Harold Pinter Poems and Prose 1949 - 1977, paru chez Eyre Methuen Ltd. London, est révélateur à la fois de son développement en tant qu’écrivain et de la précision stylistique qu’il atteint constamment même en dehors du contexte plus familier de ses pièces.


33 poèmes et huit pièces de prose en tout, lisibles actuellement dans le dépôt de Lpb. Certains, comme sont intimement liés aux pièces. Avec d’autres, comme The Examination ou Kullus, la connexion est intrinsèquement séduisante. Mais ici aussi, par exemple, un poème écrit dans une ville des Midlands où Pinter était un acteur en représentation hebdomadaire, ou bien encore un affectueux, émouvant souvenir de l’acteur-directeur Anew McMaster.


La plupart des poèmes et des œuvres en prose furent publiés de façon fragmentaire dans de petites revues ou éditions limitées. Comme l’a écrit Irving Wardle dans le Times, « notre meilleur dramaturge », est, tout simplement, l’un des écrivains les plus accomplis en langue anglaise.


G&J





Poem


Don’t look.

The world’s about to break.

Don’t look.

The world’s about to chuck out all its light

And stuff us in the chokepit of its dark,

That black and fat and suffocated place

Where we will kill or die or dance or weep

Or scream or whine or squeak like mice

To renegotiate our starting price.



1995




Poème


Ne regarde pas.

Le monde est près de s’effondrer.


Ne regarde pas.

Le monde est près de balancer toute sa lumière

Et nous fourrer dans l’étouffoir de ses ténèbres,

Ténèbres et graisse et lieu étranglé

Où nous allons tuer ou mourir ou danser ou pleurer

Ou hurler ou gémir ou couiner comme des souris

Pour renégocier notre code de départ.



Trad anonyme





Denmark Hill


Well, at least you’re there,

And when I come into the room,

You’ll stand, your hands linked,

And smile,

Or, if asleep,

Wake.


1977



Colline du Danemark


Eh bien, au moins tu es là,

Et si j’entre dans la pièce,

Tu vas te lever, les mains liées,

Et sourire,

Ou, si tu dors,

Te réveiller.



trad G&J



Message


Jill. Fred phoned. He can’t make tonight.

He said he’d call again, as soon as poss.

I said (on your behalf) OK, no sweat.

He said to tell you he was fine,

Only the crap, he said, you know, it sticks,

The crap you have to fight.

You’re sometimes nothing but a walking shithouse.


I was well acquainted with the pong myself,

I told him, and I counseled calm.

Don’t let the fuckers get you down,

Take the lid off the kettle a couple of minutes,

Go on the town, burn someone to death,

Find another tart, give her somme hammer,

Live while you’re young, until it palls,

Kick the first blind man you meet in the balls.


Anyway he’ll call again.


I’ll be back in time for tea.


Your loving mother.


1977






Message


Jill. Fred a appelé. Il ne peut pas venir ce soir.

Il a dit qu’il rappellerait dès que possible.

J’ai dit (en ton nom) OK, pas de souci.

Il m'a demandé de te dire qu’il allait bien,

Seulement la merde, a-t-il dit, tu sais, ça colle,

La merde que tu dois combattre.

Parfois, tu n’es qu’une chiotte ambulante.


Moi-même j'ai bien connu la schlingue,

Je le lui ai dit, et j’ai conseillé du calme.

Ne te laisse pas abattre par les enculeurs,

Soulève le couvercle de la bouilloire deux minutes,

Va en ville, brûle quelqu’un à mort,

Trouve une autre tarte, donne-lui du marteau,

Vis tant que tu es jeune, jusqu’à ce que ça pâlisse,

Frappe aux couilles le premier aveugle venu.


De toute façon, il rappellera.


Je serai de retour pour le thé.


Ta mère aimante.



trad G&J







Paris


The curtain white in folds,

She walks two steps and turns,

The curtain still, the light

Staggers in her eyes.


The lamps are golden.

Afternoon leans, silently.

She dances in my life.

The white day burns.


1975



Paris


Le rideau blanc plissé,

Elle fait deux pas et tourne,

Le rideau encore, la lumière

Titube dans ses yeux.


Les lampes sont dorées.

L’après-midi se penche, silencieux.

Elle danse dans ma vie.

Le jour blanc brûle.


trad G&J




I know the place


I know the place.

It is true.

Everything we do

Corrects the space

Between death and me

And you.


1975




Je connais le coin


Je connais le coin.

C’est vrai.

Tout ce que nous faisons

Corrige l’espace

Entre la mort et moi

Et toi.


trad G&J




Later


Later. Il look out at the moon.

I lived here once.

I remember the song.


Later. No sound here.

Moon on linoleum.

A child frowning.


Later. A voice singing.

I open the back door.

I lived here once.


Later. I open the back door

Light gone. Dead trees.

Dead linoleum. Later.


Later. Blackness moving very fast.

Blackness fatly.

I live here now.


Harold Pinter

1974



Plus tard


Plus tard. Je regarde la lune.

J’ai vécu ici autrefois.

Je me souviens de la chanson.


Plus tard. Pas de son ici.

Lune sur linoléum.

Un enfant qui fronce les sourcils.


Plus tard. Une voix qui chante.

J’ouvre la porte de derrière.

J’ai vécu ici autrefois.


Plus tard. J’ouvre la porte de derrière

Lumière éteinte. Arbres morts.

Linoléum mort. Plus tard.


Plus tard. Noir se déplaçant très vite.

Grasse noirceur.

Je vis ici maintenant.


Trad G&J



Poem


and all the others

wary now

attentive to flowers



and all the others

unsmiling

recalling others


smiling in gardens

attentive to flowers

wary now


who recall others

wary now

tendering flowers


who recall faces of others

recalling others

unwary in gardens


who tender their gardens

recalling others

wary with flowers


1974



Poème


et tous les autres

méfiants maintenant

attentifs aux fleurs


et tous les autres

peu aimables

en rappelant d’autres


souriants dans les jardins

attentifs aux fleurs

méfiants maintenant


qui en rappellent d’autres

se méfiant maintenant

des fleurs tendres


qui rappellent d'autres visages 

en rappelant d’autres

imprudents dans les jardins


qui offrent leurs jardins

en rappelant d’autres

qui se méfient des fleurs


Trad G&J






Poem


they kissed I turned they stared

with bright eyes turning to me blind

I saw that here where we were joined

the light that fell upon us burned

so bright the darkness that we shared

while they with blind eyes turning to me turned

and I their blind kiss formed


1971




Poème


ils s'embrassaient je me suis tourné ils regardaient

avec des yeux brillants tournés vers moi aveugle

J’ai vu que là où nous étions réunis

la lumière qui tombait sur nous brûlait

si brillante l’obscurité que nous partagions

pendant qu’eux avec des yeux aveugles tournés vers moi tournaient 

et que je formais leur baiser aveugle 



trad G&J




All of That 



All of that I made

And, making, lied.

And all of that I hid

Pretended dead.


But all of that I hid

Was always said,

But, hidden, spied

On others’ good.


And all of that I led

By nose to bed

And, bedding, said

Of what I did


To all of that that cried

Behind my head

And, crying, died

And is not dead.


Harold Pinter

1971




Tout cela 



Tout ce que j’ai fait

Et, en faisant, menti.

Et tout ce que j’ai caché

Prétendu mort.


Mais tout ce que j’ai caché

Toujours fut dit :

Mais, caché, espionné

Sur le dos des autres.


Et tout ce que j’ai mené

Du nez au lit

Et, au lit, dit

De ce que j’ai fait


À tout ce qui en a pleuré

Derrière ma tête

Et, pleurant, est mort

Et n’est pas mort.


Trad G&J





Poem



Always where you are

In what I do

Turning you hold your arms


My touch lies where you turn

Your look is in my eyes


Turning to clasp your arms

You hold my touch in you


Touching to clasp in you

The one shape of our look

I hold your face to me


Always where you are

My touch to love you looks into your eyes.



Harold Pinter

1964



Poème



Toujours où tu es

Dans ce que je fais

Tenu par tes bras en tournant 


Mon toucher se trouve où tu tournes

Ton regard est dans mes yeux


Tourner pour serrer tes bras

Tu tiens ma touche en toi


Toucher pour serrer en toi

L'unique forme de notre regard

Je tiens ton visage en moi


Toujours où tu es

Ma touche d’amour te regarde dans les yeux.


Trad G&J






The Table


I dine the longest

All this time


My feet I hear

Fall on the fat


On cheese and eggs

On weekend bones


The sound of light

Has left my nose.


Tattooed with all

I couldn’t see


I whisper in

My deafest ear


My name erased

Was sometime here


Or total bluff

Preserved its care.


To this enchained

With this in love


I move on fours

Without a word


And stuffed with tributes

Hog the scraps


Breathless,

Under this enormous table.


1963






La table


Je dîne plus longuement

Tous ces temps


J’entends mes pieds

Tomber sur le gras


Sur le fromage et les œufs

Sur les os du week-end


Le son de la lumière

a quitté mon nez.


Tatoué de partout

Je ne pouvais pas y voir


Je murmure à

Mon oreille sourde


Mon nom effacé

Passé quelque temps par ici


Ou bluff total

Ayant pris soin de lui.


À cela enchaîné

Par cela en amour


Je bouge à quatre pattes

Sans un mot


Et rempli d’hommages

Rafle les miettes


Essoufflé,

Sous cette énorme table.



Trad G&J



Afternoon



Sumer twisted from their grasp 

After the first fever.

Daily from the stews

They brought the men.

And placed a wooden peg

Into the wound they had made,

And left the surgery of skin

To barbers and students.


Some burrowed for their loss

In the ironmonger’s bin,

Impatient to reclaim,

Before the journey start,

Their articles of faith.


Some nosed about in the dirt,

Deaf to the smell of heat

And the men at the rubber pit,

Who scattered the parts of a goat

For their excitement and doubt.


Oneblind man they gave

A demented dog to sniff,

A bitch that had eaten the loot.

The dog, bare to his thought,

Came his mastiff at night,

His guardian the thief of his blood.


1957




Après-midi



Après la première fièvre

L'été s'est tordu sous leur poigne.

On a amené les hommes

Au quotidien des ragoûts.

On a placé un piquet en bois

Dans la blessure qu’on avait faite.

Aux barbiers et aux étudiants

On a laissé la chirurgie de la peau.


On a enfoui certains pour leur perte

Dans la poubelle du quincailler,

Impatients de récupérer,

Leurs articles de foi

Avant le début du voyage.


Certains ont fouiné dans la saleté,

Sourds à l’odeur de la chaleur

Et des hommes au trou de latex,

ont dispersé les parties d’une chèvre

de leur doute et leur excitation.


À un aveugle on a donné

Un chien dément pour renifler

la salope qui avait mangé le magot.

Le chien, démuni de pensée,

A fait venir de nuit son mastiff,

Son gardien, voleur de son sang.


trad G&J




Daylight


I have thrown a handful of petals on your breasts.

Scarred by this daylight you lie petalstruck.

So your skin imitates the flush, your head

Turning all ways, bearing a havoc of flowers over you.


Now I bring you from dark into daytime,

Laying petal on petal.


Harold Pinter

1956



Lumière du jour


J’ai jeté une poignée de pétales sur tes seins.

Effrayé par cette lumière du jour, tu mens pétale ébloui.

Alors ta peau imite la rougeur, ta tête

tournant en tous sens, portant un chaos de fleurs sur toi.


À présent je t’amène de la nuit au jour,

Posant pétale sur pétale.



trad G&J




The Error of Alarm


A woman speaks :


A pulse in the dark

I could not arrest.

The error of the alarm

I could not dismiss.

A witness to that bargain

I could not summon.


If his substance tautens

I am the loss of his blood.

If my thighs approve him

I am the sum of his dread.


If my eyes cajole him

That is the bargain made.

If my mouth allays him

I am his proper bride.


If my hands forestall him

He is deaf to my care.

If I own to enjoy him

The bargain’s bare.


The fault of alarm

He does not share.

I die the dear ritual

And he is my bier.



1956




Erreur d’alarme



Une femme parle :


Je ne pourrais arrêter

Pouls dans le noir.

Je ne pourrais écarter

Erreur d’alarme.

Je ne pourrais citer

Témoin de cette affaire.

`

Si sa substance bande

Je suis la perte de son sang.

Si mes cuisses l’approuvent

Je suis la somme de son effroi.


C'est marché conclu

Si mes yeux le cajolent.

Je suis son épouse

Si ma bouche l’apaise.


Si mes mains le préviennent

Il est sourd à mes soins.

Si j'ai droit d'en profiter

Le marché est simple.


La faute à l’alarme

S'il ne partage pas.

Je meurs du cher rituel 

Il est mon cercueil.


Trad G&J



The Task


The last time Kullus, seen,

Within a distant call,

Arrived at the house of bells,

The leaf obeyed the bud,

I closed the open night

And tailormade the room.


The last time Kullus, known,

Obeyed a distant call,

Within the house of night,

The leaf alarmed the bud,

I closed the open bell

And tailormade the room.


The last time Kullus saw

The sun upon the bough,

And in a distant call,

The bud about to break,

I set about my task

And tailormade the room.


The last time Kullus saw

The flower begin to fail,

He made a distant call,

The bud became a bell,

I disobeyed that cry

And pacified the room.


1954



La tâche


La dernière fois que Kullus, vu,

Dans un appel lointain,

Arriva à la maison des cloches,

La feuille obéissait au bourgeon,

J’ai fermé la nuit ouverte

Et la chambre sur mesure.


La dernière fois que Kullus, connu,

Obéit à un appel lointain,

Dans la maison de la nuit,

La feuille alarma le bourgeon,

J’ai fermé la cloche ouverte

Et la chambre sur mesure.


La dernière fois que Kullus a vu

Le soleil sur la branche,

Et dans un appel lointain,

Le bourgeon sur le point de casser,

J’ai entrepris ma tâche

Et la chambre sur mesure.


La dernière fois que Kullus a vu

La fleur commencer à lâcher,

Il a lancé un appel lointain,

Le bourgeon est devenu une cloche,

J’ai désobéi à ce cri

Et apaisé la pièce.


Trad G&J





A walk by waiting



A walk by listening.

A walk by waiting.


wait under the listening 

winter, walk by the glass.


Rest by the glass of waiting.

walk by the season of voices.


Number the winter of flowers.

walk by the season of voices.


wait by the voiceless glass.


Harold Pinter

1953




Une marche en attente



Une marche à l'écoute.

Une marche en attente.


Attente sous l'écoute. 

Marche à la vitre, en hiver.


Pause à la vitre de l'attente.

Marche à la saison des voix.


Décompte de l'hiver des fleurs.

Marche à la saison des voix.


Attente à la vitre sans voix.


Trad G&J





Stranger


That you did barter

And consort with her.

That you did ash

The fire at her departure.

That you did enter

Where I was a stranger.

That you did cajole

When the pendulum hung.

That you interposed

In her curious dream.

That you did instruct

From your alphabet home.

That you did confusion

Her eliyed to stone.

That you so did render

The echo unheard

That you might divide

When the echo was gone.

That you did condition

Her widowhood on.

That you were the stranger

That stranger the calm

That you did engender

The thunder to storm.

That yours was the practice — 


No case.


1953



Étranger


Toi qui fis du troc

Et d'elle consort.

Qui as fait de la cendre

Le feu de son départ.

Qui es entré

Où j’étais un étranger.

Qui l'as cajolée

Quand le pendule fut pendu.

Qui t'es interposé

Dans son rêve curieux.

Qui t'es instruit

De ton alphabet maison.

Qui as confondu

Sa paupière et une pierre.

Qui rendais tel

L’écho inouï

Que tu pouvais le diviser

Quand l'écho avait disparu.

Qui as fait une condition

De son veuvage.

Qui étais l’étranger

Qui rendis le calme étrange

Toi qui causas

Le tonnerre de la tempête.

Telle était ta pratique -- 


Sans plus.


trad G&J




Poem


I walked one morning with my only wife,

Out of Sandhills to the summer fair,

To buy a window and a white shawl,

Over the boulders and the sunlit hill.

But a stranger told us the fair had passed,

And I turned back with my only wife.


And I turned back and I led her home.

she followed me closely out of the summer,

Over the boulders and the moonlit hill,

Into Sandhills in the early evening,

And went to our home without a window,

And the long year moved from the east.


My only wife sat by a candle.

The winter keened at the door.

A widów brought us a long black shawl.

I placed it on my true wife’s shoulders.

The widow went from us into Sandhills,

Away from our home without a window.


The year turned to an early sunrise.

I walked one morning with my only wife,

Out of Sandhills to the summer fair,

To selle a candle and a black shawl.

We parted ways on the sunlit hill,

The silent, I to te farther west.


1953



Poème


J’ai marché un matin avec ma seule femme,

De Sandhills à la foire d’été,

Pour acheter une fenêtre et un châle blanc,

Par-dessus les rochers et la colline ensoleillée.

Mais un étranger nous a dit que la foire était passée,

Et je m'en suis retourné avec ma seule femme.


Je l’ai ramenée et l'ai laissée chez elle.

elle m’a suivi de près à l'écart de l’été,

Sur les rochers et la colline au clair de lune,

Dans Sandhills en début de soirée,

Et est allée chez nous sans la fenêtre,

Et la longue année s’est déplacée vers l’ouest.


Ma seule femme était assise près d’une bougie.

L’hiver chantait à la porte.

Un veuf nous a apporté un long châle noir.

Je l’ai mis sur les épaules de ma vraie femme.

Le veuf est allé de chez nous à Sandhills,

Loin de notre maison sans fenêtre.


L’année a tourné au lever de soleil précoce.

J’ai marché un matin avec ma seule femme,

De Sandhills à la foire d’été,

Pour vendre une bougie et un châle noir.

Nous nous sommes séparés sur la colline ensoleillée,

Le silence, moi plus à l’ouest.


Trad G&J




The second Visit



My childhood vampire wallows those days,

Where panting sea threatened and surf was flint,

And consummate doves flanked the eyes.


Now an actor in this nocturnal sink,

The strip oxlip is toothed away,

And flats and curtains canter down.


So grows in stream of planetary tides

The sun abundant in hanging sands.


And aquiline weapons barb and fanged

Conceive amid their holy jaws

An echoed Siberia in the mind,

Where the comet fist had crushed,

And sent back trees to a gulped barrenness.


Denebola and Alphard like countertenors

Sing, and their malicious minstrel of song

Silence the tongue’s gush,

And the quick opus of thighs.


My childhood vampire unpacks a new stay,

But I defy and send him off to war,

On the credit of Leo and his gods,

Against the falling down parents

Devoured by children, and the toy Czars.


1952



La visite seconde


Mon vampire d’enfance se vautre en ces jours-là,

quand la mer haletante menaçait et le ressac était silex,

Et de parfaites colombes flanquaient les yeux.


Maintenant acteur dans cet évier nocturne,

Le déshabillé de la lèvre est édenté,

Et les appartements et les rideaux s’effondrent.


Ainsi grandit le courant des marées planétaires

Le soleil abondant dans les sables suspendus.


Et des armes aquilines barbelées et crochues

Conçoivent au milieu de leurs saintes mâchoires 

Une Sibérie en écho dans l’esprit,

Où le poing de la comète s'écrasa,

Et renvoya les arbres à une aridité goulue.


Denebola et Alphard en contre-ténors

Chantent, et leur méchant ménestrel du chant

Fait taire le bouillonnement de la langue,

Et le vif opus des cuisses.


Mon vampire d’enfance déballe un nouveau séjour,

Mais je le défie et l’envoie à la guerre,

Au crédit de Léo et ses dieux,

Contre la chute des parents

Dévorés par les enfants, et le jouet Tsars.


trad G&J




You in the Night



You in the night should hear 

The thunder and the walking air.

You on that shore shall bear

Where mastering weathers are.


All that honored hope

Shall fail upon the slate,

And break the winter down

That glamours at your feet;


Though the enamoring altars burn,

And the deliberate sun

Make the eagle bark,

You’ll tread the tightrope. 


1952



Toi dans la nuit



Toi dans la nuit tu devrais entendre 

Le tonnerre et l'air de marche.

Toi de cette rive tu porteras

Jusqu'où se trouve la maîtrise des intempéries.


Tout ce qui honora l’espoir

Échouera sur l’ardoise,

Et brisera l’hiver en bas

Ces mirages à tes pieds.


Bien que brûlent les autels séducteurs,

Et que le soleil réfléchi

Fasse aboyer l’aigle,

Tu vas marcher sur la corde raide. 



Trad G&J



Camera Snaps



The politician tricks the mouse,

Whose bites are rancid

In that aloud wound.

The sun’s in the cabinet.


The sun’s in the cabinet.

That drudge undoes the skeleton,

And shops the scientific dug.

Light across the picture.


Dark across the picture.

The basement midget, rabid

As the stoat, periscopes

The tick shop of the moon.


The churchman at his game

Unrolls his fishing-line,

Jabs an even pool.

Dark across the cabinet.


1952



Prises de vues



Le politicien trompe la souris,

Dont les morsures sont rances

Pour une plaie à voix haute.

Le soleil est dans le placard.


Le soleil est dans le placard.

Ce larbin démonte le squelette,

Et achète la scientifique mamelle.

Lumière sur la photo.


Sombre sur la photo.

Le nain du sous-sol, enragé

tel une hermine, les périscopes

Le magasin de tiques de la lune.


L’homme d’église à son affaire

Déroule sa canne à pêche,

Frappe en eau calme.

Sombre dans le placard.


trad G&j





The Anaesthetist’s Pin



The anaesthetist’s pin

Blinds up the bawl of pain.

The amputator’s saw

Breaks the condition down.


In the division of blood

That stems the fractured bow,

The wrist-attacking hound

Snipes out the stair below.


At that incision sound

The lout is at the throat

And the dislocated word

Becomes articulate.



1952





L'épingle de l’anesthésiste



L’épingle de l’anesthésiste

Aveugle le cri de douleur.

La scie de l’amputateur

Détruit la condition.


À la division du sang

Que contient le neud fracturé,

Le chien qui attaque au poignet

Canarde l’escalier d'en bas.


À ce son d’incision

Le rustre est pris à la gorge

Et le mot disloqué

Devient articulé.



Trad G&J





Jig


Seeing my potholed women

Fall on the murdered deck,

In rage in my iron cabin.


Faster my starboard women,

Spun by the metal breeze,

Dance to a cut-throat temper.


Seeing my men in armor

Brand the gallery bark,

I skip to dry dock.


Women and men together,

All in a seaquick temper,

Tick the cabin clock.

`


1952




Gabarit


Voir mes femmes défoncées

Tomber sur le pont assassin,

J'enrage dans ma cabine de fer.


Accélérées mes femmes à tribord,

Roulées par la brise métallique,

gambillent la tête coupée.


Voir mes hommes en armure

Giffler la galerie de la barque,

Je saute en cale sèche.


Femmes et hommes ensemble,

Le tout en état de fureur maritime,

Fait battre l’horloge de la cabine.



trad G&J



The Drama in April


So March has become a museum,

And the April curtains move.

I travel the vacant gallery

To the last seat.

In the spring decor

The actors pitch tents,

In a beak of light

Begin their play.


Their cries in the powdered dark

Assemble in mourning over 

Amçasadors from the wings.

And objects and props in the rain

Are the ash of the house

And the grave unnumbered stones

In the green.


I move to the interval,

Done with this repertory.



1952




Le drame d'avril


Mars est devenu un musée,

Et les rideaux d’avril remuent.

Je voyage dans la galerie vide

À la dernière place.

Les acteurs plantent des tentes

Dans le décor du printemps,

Commencent leur jeu

Dans un bec de lumière.


Leurs cris dans la poudreuse obscurité 

S'assemblent en deuil au-dessus

D'ambassadeurs des ailes.

Objets et accessoires sous la pluie

Sont les cendres de la maison

Avec des pierres tombales non numérotées

Dans le vert.


Je me déplace dans l’intervalle,

Assez de ce répertoire.



G&J





The Islands of Aran seen from the Moher Cliffs



The three whales of Aran

Humped in the sun’s teeth,

Make tough bargain with the cuff

And statement of the sea.


I stand on Moher, the cliffs

Like coalvaults, see Aran

In mourning thumped to losses

By its season’s neighbor.



Aran like three black whales

Humped on the water,

With a whale’s barricade

Stares out the waves.


Aran with its black gates locked,

Its back to the traders,

Aran the widower,

Aran with no legs.


Distended in distance

From the stone of Connemara’s head,

Aran without gain, pebbled

In the fussing Atlantic.


1951



Les îles d’Aran vues des falaises de Moher



Les trois baleines d’Aran

Bombées sous les dents du soleil,

Font des affaires rudes avec le parement

Et les déclarations de la mer.


Je me tiens sur Moher, aux falaises

Telles des houillères, à regarder Aran

En deuil poussé à la perte

Par son voisin de saison.



Aran tel trois baleines noires

Bombées sur l’eau,

Une barricade de baleines

Regardant fixement les vagues.


Aran avec ses portes noires verrouillées,

Son dos tourné aux commerçants,

Aran le veuf,

Aran sans jambes.


Distendu par la distance

À la pierre de la tête de Connemara,

Aran sans gain, galets

Dans l’Atlantique agité.



trad G&J



Book of Mirrors


My book is crammed with the dead

Youth of years.


Fabulous in image I walked the Mayworlds,

Equal in favor the concubant winds,

Set by my triangle the sextant sounds,

Till crowed lips I kissed,

Supped with a blood of snapping birds,

In a doom and ring of belladonna to sleep.


Spruced, I welcomed their boneating smiles,

Till I grew bound and easy with ills,

Strewing for décorante a hundred grails.

And anger-rich with gallows and banks,

The world raped on her back,

From the shanks of my widowing kids

I played Adam’s uncle’s jokes.


In the house of my heart spawned

The invited doves.

May springroot slum their hurt limbs,

That they chirp the early ladies

And prop the mad brideworld up.

May they breathe sweet; the shapes

That ounced my glad weight

With ripe and century fingers,

That looked the skeleton years

With a gained grief.


1951



Livre des miroirs


Mon livre est rempli de morts.

Jeunesse des ans.


Fabuleuse image je traversais les mondes de mai,

Égaux en faveur les vents concubinaient,

Fixés par mon triangle les sons sextantaient,

Jusqu’à ce que je baise des lèvres de corbeau,

Soupasse avec un sang d’oiseaux craquants,

Dans une fatalité de belladone en anneau pour sommeil.


Pimpantes, j’ai salué leurs sourires avaleurs d'os,

Jusqu’à ce que je sois ligoté et à l'aise avec les maux,

Répandant pour la décoration une centaine de Graal.

Et plein de colère contre la potence et les banques,

Le monde violé sur sa croupe,

Avec la tige de mes enfants veufs

J’ai fait des blagues d’oncle d’Adam.


Dans la maison de mon coeur pondu,

Les colombes invitées.

Puissent les racines du printemps encanailler leurs membres blessés,

Qu’ils gazouillent aux premières dames

Et soutenez le monde fou des mariés.

Puissent-ils respirer doux; les formes

Qui oncèrent mon poids heureux

Aux doigts mûrs et centenaires,

Ressemblaient au squelette des années

Avec leur chagrin acquis.


trad G&J



A Glass at Midnight


Time of the mongrel at my foot

Scraping for a coin that’s born

In the carpet in a grave of hair.


Miles of the poles in the room corners.

Th eskimostars in an octagon. Worlds

Within this bow.


I hold the cipher of the voided world,

Four fingers holding the sea in a glass,

Incumbent an arm on the ashtray table.


Time in the tughoot night stops

A religion that grows on the window.

I let the glass drop. A bridge falls.

Flatten the midnight on the fingered tightrope.

All the dumb days draw on.


1951



Un verre à minuit


Heure de bâtard à mes pieds

Raclement pour une pièce qui naquit

Dans la moquette d'une tombe à cheveux.


Des kilomètres de poteaux aux coins de la salle.

Des esquimos stars dans un octogone. Des mondes

À l'intérieur de cette boite.


Je détiens les codes du monde vidé,

Quatre doigts tenant la mer dans un verre,

Un bras en poste sur le plateau du cendrier.


Temps des arrêts nocturnes hululants du remorqueur

Une religion qui grandit sur la fenêtre.

Je laisse tomber le verre. Un pont tombe.

Aplatir minuit sur des doigt de funambule.

Les jours cons s'en inspirent.



trad G&J



I shall tear off my Terrible Cap



I in my strait jacket swung in the sun,

In a hostile pause in a no man’ time.

The spring his green anchor had flung.

Baroud me only the walking brains,

And the black of their one legged dreams

As I hung.


I telle them this — 

Only the deaf cat hear and the blind understand

The miles I gabble.

Through these my dances of dunce and devil,

It’s only the dumb can speak through the rubble.

Time shall drop his spit in my cup,

With this vicious cut he shall close my trap

And gob me up in a drunkard’s lap.

All spirits shall haunt me and all deuils drink me;

O despite their dark drugs and the digs that they rib me,

I’ll tear off my terrible cap.



1951




Je vais arracher mon épouvantable casquette 



Dans ma camisole de force, je balançais au soleil

En la pause hostile d'un no man’s time.

La source de son ancre verte avait jailli.

Baroud à moi seul en balade les cerveaux ,

Et le noir de leurs rêves unijambistes

Comme je l’ai pendu.


Je les nomme ainsi -- 

Seul le chat sourd entend et l’aveugle comprend

Les kilomètres que je radote.

A travers ces danses d'âne et diable,

Seuls les idiots peuvent parler parmi les décombres.

Le temps lâchera sa salive dans ma coupe,

D'une coupe vicieuse il refermera mon piège

Et me crachera sur les genoux d’un ivrogne.

Tous les esprits me hanteront et tous les deuils me boiront;

O malgré leurs drogues noires et leurs trous taquins,

Je vais arracher mon épouvantable casquette.



Trad G&J



Hampstead Heath



I, lying on grass, lie

in the thunderclapping moment,

eradicate voice

In the green limit.


Stone in the fruitwomb,

world under grass,

alone under alone.


Suggested lines my body

consume, in the day’s graph.

Note the brown ant

in his blade jungle.


I am my pupil’s blank, rule

out of magnitude the ant,

decrease the seed’s activity

this blunt minute.


Below the transparent fly

insect equation quite strides

the slim glass of word,

instructs the void.


Exterior tricks : the click

of bush; the oblong trade

of noise; the posture of these

High boughs.



1951



Lande d'Hampstead



Moi, allongé sur l’herbe, couché

dans un moment de tonnerre,

éliminer la voix

dans sa limite verte.


Pierre dans l’utérus du fruit,

monde sous l’herbe,

seul sous seul.


Lignes suggérées pour mon corps

consommé, dans le diagramme du jour.

Notez la fourmi brune

dans sa jungle de lames.


Je suis le blanc de ma pupille, règle

de magnitude la fourmi,

diminuer l’activité de la graine

en cette brutale minute.


Sous la mouche transparente

équation d’insecte très en foulées,

le mince verre de la parole

instruit le vide.


Ruses externes : le clic

de brousse; le commerce oblong

du bruit; la posture de ces

Hautes branches.



trad G&J








The midget


I saw the midget in the ringing airs,

That night upon the crest.

The bowed trees, the silent beast,

Under the wind. 


And Saw the voyagers stand stiff,

Deathsure, stiff and coffined

In that still place,

Hands clasped, tall hats on.


1950





Le nain


J’ai vu le nain cette nuit,

Sur la crête, dans l'air vibrant. 

La bête silencieuse, les arbres courbés, 

Sous le vent. 


Et j'ai vu les voyageurs se tenant raides,

dans cet endroit calme,

Raides morts dans leur caisse,

Mains jointes, grands chapeaux.


trad G&J



Christmas


Choose the baby's coctail,

To drink in an eartrumpet.

Deprivation angers, at least

rejoice in his captivity


Give Maurice lemons.

He's broken the pottery,

Arses round the attic,

Gorging biscuits and olives.


This is a happy family.

Come, sing of the harbour,

Nights guzzling bouillabaisse.

We'll syringe to the next flat,

Make another party.



1950



Noël


Choisissez un coctail bébé,

A boire dans un cornet acoustique.

Rage du dénuement, au moins

se réjouir dans sa captivité.


Donnez des citrons à Maurice.

Il a cassé la poterie,

Ses fesses arrondissent le grenier,

Gavées de biscuits et d'olives.


Voilà une famille heureuse.

Venez chanter du port

Les nuits gourmandes de bouillabaisse.

On ira à la seringue au prochain appartement,

Faire une autre fête.



Trad G&J




New Year in the Midlands



Now here again she blows, landlady of lumping

Fellows between te boards,

Singing ‘O Celestial Light’, while

Like a T-square on the

Flood swings her wooden leg.

This is the shine, the powder and blood, and here am I,

Straddled, exile always in one Withered Ale Town,

Or such.

Where we went to the yellow pub, cramped in an alley bin,

A shoot from the market,

And found the thin Luke of a queer, whose pale

Deliberate eyes, raincoat, Victorian,

Sap the answer in the palm.

All the crush, camp, burble and beer

Of this New Tear’s Night; the pslam derided;

The black little crab women with the long

Eyes, lips and claw in a can of chockfull stuff.

I am rucked in the heat of treading; the well-rolled

Sailor boys soon rocked to sleep, whose ferret fig

So calms the coin of a day’s fever.

Now in this quaver of a rusty bar, the wansome lady

I blust and stir,

Who pouts the bristle of a sprouting fag — 

Sprinkled and diced in these Midland lights

Are Freda the whipping glassy bawd, and your spluttered guide,

Blessed with ambrosial bitter weed. — Watch

How luminous hands

Unpin the town’s genitals— 

Young men and old

With the beetle glance,

The drawing brass whores, the clamping

Red shirted boy, rage full, thudding his cage.



1950





Nouvel an dans les Midlands



Là encore elle souffle, la logeuse 

De gars réunis par les planches,

Chantant « O Lumière céleste », tandis

Que comme une équerre en T dans le

Flot de lumière balance sa jambe de bois.

C’est l’éclat, la poudre et le sang, et me voilà,

À califourchon, exilé à jamais dans une ville à bières flétrie,

Ou tout comme.

Où nous sommes allés au pub jaune, à l’étroit dans une poubelle,

Pour un tournage du marché,

Et nous avons trouvé ce mince Luc de pédé, aux pâles

Yeux réfléchis, gabardine, victorien,

Réponse sapée dans sa paume.

Tout le béguin, le camp, le murmure et la bière

De cette Nuit de la Nouvelle Larme; le pslamodieur se moquait;

Les petits crabes noirs féminins aux longs

Yeux, lèvres et griffes dans une boîte pleine à craquer.

Je suis froissé par la chaleur de la marche; les bien-roulés

Matelots se sont bientôt endormis, dont la mine fouineuse

Calme ainsi la fièvre d’un jour.

À présent, dans ce trémolo de bar rouillé, la dame en devenir,

Je rougis et remue,

comme à poil avec une moue de pédé qui pousse -- 

Coupé en dés et saupoudré dans ces lumières du Midland.

Est-ce que Freda est une catin miroitante et fouettante, et ton guide, 

Est-il déchaîné, béni par de l'amère beuh d'ambroisie. — Voyez

Comme des mains lumineuses

Retirent les parties génitales de la ville... 

Jeunes et vieux

Au regard de scarabée,

Putes au traits en laiton, clampage,

Garçon en chemise rouge, enragé, grondant dans sa cage.



Trad G&J







Quatrième de couverture du livre "Harold Pinter Poems and Prose"

Ed. Eyre Methuen Ltd. London



Ranging back over almost thirty years - the earliest piece, Kullus, was written when Pinter was 19 - the volume as a whole is revelatory both of his develpment as a writer and of the stylistic precision he consistently achieves even outside the more familiar context of his plays.


33 poems and eight prose pieces in all. Some, like the short story Tea Party or the poem A View of the Party, are intimately connected with the plays. With others, such The Examination or Kullus, the connection is intringuingly allusive. But here also, for instance, is a poem written in a Midlands town where Pinter was an actor in weekly rep, or an affectionate, moving memoir of the actor-manager Anew McMaster.


Most of the poems and prose pieces have been previously published only fragmentledly in little magazines or limited editions. Four of the poems have never been published before. Brought together in one volume, as Irving Wardle has written in The Times, 'our best living playwright', but, simply, one of the most accomplished writers in the English langage today.