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AUTEUR-E-S - Index 2

36 - Christophe Esnault

Notes

Tu veux publier tes textes



Mon domaine de solidarité, c'est d'aider des jeunes auteurs à placer leurs textes dans des revues et maisons exigeantes, parce qu'on ne peut pas survire et continuer à écrire sans publier un peu. Ce qu'écrit Houellebecq dans Rester vivant est très juste.

 

Es-tu prêt à te calciner dans l’écriture ? Un vieux briscard du microcosme éditorial pense à toi. Oui, tu as pleine légitimité à écrire, et un peu plus si tu es un grand lecteur. Rappel : un homme ou une femme de culture a lu vingt-mille livres, savamment choisis. Il y a plus de quatre cents éditeurs de poésie. Combien en connais-tu ? À qui confies-tu tes textes avant de les proposer ? Tu as un correcteur ? Un poète ou un écrivain un peu conséquent te donne-t-il quelques conseils pour la réécriture ? Quelle urgence contiennent tes textes ? Sais-tu la convoquer cette urgence ? Sans pensée et présence de pensée il n’y aura jamais de poésie dans ta poésie. Sauras-tu nous la donner à entendre ? Bien sûr, je comprends ton impatience à être validé par un comité de lecture ou par un éditeur. Où en est ton monde biographique, est-il d’une grande richesse ? Tout s’exploite même les erreurs et le ratage, même la lie des jours. Te diriges-tu vers la non-vie ? L’acte d’écrire t’y pousse. Déblaye ta présence au monde. Relis Les chants de Maldoror. Le Jérome de Jean-Pierre Martinet. Les illuminations de Rimbaud. Sylvia Plath et Marina Tsvetaïeva. Cédric Demangeot, Franck Venaille et Jude Stefan. Et mille autres écrivains dont quelques-uns seront tes amis intimes. Tes premiers pas en monde éditorial, ne les rate pas, ne donne surtout pas ton texte à des gougnafiers. Ton premier texte publié conditionnera la suite. Prends ton temps. Va te promener au salon de la revue. Écrire sous contrainte est une excellente formation. Fonce ! Revue Dissonances and Co. Un texte placé chez La Femelle du Requin pèse davantage que quinze livres parus aux éditions Tartempion. Traîne sur les salons des éditeurs. Deviens revuiste ou chroniqueur. Lis tant et plus. Dessine un rêve éditorial, puis vis-le. Tu me montreras ton texte publié, je saurai t’en dire quelques mots autour de godets au marché de la poésie ou ailleurs. Si tu as une écriture (ou le début d’une écriture), un jour prochain, je serai là pour toi, pour te lancer vers quelques pistes. Tu l’apprendras, avoir un et unique lecteur qui a su véritablement te lire est chose rare, inestimable, et tu ne peux pas continuer ta vie d’auteur sans vivre cela. Apprends à préciser ton rire, le bidule (le microcosme) est violent, on y entre souvent en dispensant des câlins. La valorisation narcissique domine. Le texte n’est pas seulement ce qui suffit pour faire place sur l’espace éditorial.

Christophe Esnault, poète et fragmentiste surnuméraire ordinaire, très (trop !) publié.