Le dépôt
Quelques poèmes...
Flaques de ciel
Mon parapluie avait un trou,
Et de sa toile, goutte à goutte,
Tombe le ciel dessus dessous,
Sous mes souliers et sur la route.
Chemin faisant, il a tant plu
Que j'ai semé dans chaque flaque
Un peu du ciel, dessous dessus,
Dans mon sillon qui flique-flaque !
Et depuis lors, un peu partout,
Chassés d'en haut du paysage,
(Le monde est sans dessus dessous )
C'est donc au sol que vont les nuages.
Christophe Goarant-Corrêa-de-Sà, in Enfants sillages (Séguier, 2007)
FORME DEFORME
Forme
Déforme
Balle
Mur
Balle
Mur
Forme déforme
Forme déforme
Balle
Mur
Balle
Mur
HI, in Papiers froissés
Plis et déplis
Tu me parles des plis et des déplis
De cette idée qui ne pourrait pas vivre
Sans les mouvements qui la lient
Mais ta voix tient mal dans ta bouche
Je regarde au ras de ton cou
La marque du pli au col
Une ombre passe qui se déplie sur ta peau
Il faudrait fermer les yeux
Pour mieux la deviner
Et inventer encore et encore ta présence
Aucun pli ne pourrait durer
S'il n'était qu'une idée
*
Les plis ne sont pas des lignes de partage
Ne désignent pas dans l'espace
Des dimensions connaissables
Ils sont changeants comme la lumière
Est changeante à la levée du soir
Je souris quand tu dis le mot lumière
Il prend le grain plus fragile
Des souvenirs sans lieu sûr
Et je pense aux linges tapis
Au fond des armoires dans la chambre
Qu'y reste-t-il à déplier de nous
Que nous n'avons jamais touché ?
*
Tu dis aussi qu'il y a beaucoup de plis
Dans les tissus du cerveau
Et les pensées sont à coulisse
Comme dans les premiers livres
Des premières enfances
Je regarde ta tête qui penche sur ton épaule
J'imagine des ombres traversées
Par delà ton visage
Un oiseau peut-être se déplie
Un nuage se prend aux branches des coudriers
Et je ne sais quoi se recompose
Dans le mensonge du paysage
*
Tu me parles des plis à la mesure
Des durées qui défont nos mémoires
Les mots aussi en portent la marque
Une fêlure ici produit un son plus mat
Qui reste dans la gorge
Ton corps pourrait tomber
Et je n'aurais pas les gestes pour le retenir
Je n'ai jamais su trouver leur dépli
Dans nos solitudes d'oiseaux perdus
Et mes yeux soudain sont si lourds
Dans l'air qui tremble mal
*
Et l'image nous revient du dépli
Qui ouvre les livres d'enfances
Nous en aimons les silhouettes naïves
Sur les tracés trop bucoliques
Des paysages à tirette en carton
Des petits animaux trottinent sur une berge
Une fillette passe aussi elle a des tresses
Et le soleil gonfle ses joues ridicules
Nous rions de nos lèvres qui papillonnent
Pli dépli
Pli dépli
Comment finir
Dominique Boudou (avec l'aimable accord du poète)
Poéthylique
Verser ses maux
Dans des poèmes
Et vider ses vers
D'un trait
Air
Quant vient le manque
Quand vient le manque j'abreuve ma tête de n'importe quoi de scroll en scroll défile l'alcool je batifole.
Qu'importe le breuvage pourvu qu'il comble le vide existentiel et remplisse la fosse de matière digitale.
Air.
La pellicule
Un photographe aux cheveux argentiques
aimait si fort les libellules
qu’elle s’envola
sa pellicule
Félix Musy
Poèmes-Pomme
Poème-Pomme Verdi :
( à lire sur l'air dit de La marche des trompettes, d'Aïda, de Verdi)
Pomme-pomme
pomme pomme pomme pomme
pomme pomme
pomme pomme pomme pomme
pomme pomme
pomme pomme pomme pomme pomme
pomme pomme-pomme
pomme pomme-pomme
pomme pomme-pomme
Pomme-pomme
pomme pomme pomme pomme
pomme pomme
pomme pomme pomme pomme
pomme pomme
pomme pomme pomme pomme pomme
pomme pomme-pomme
pomme pomme-pomme
pomme pomme-pomme
Dark Poème-pomme :
(à lire sur l'air dit de La Marche impériale de La Guerre des Etoiles)
Pomme pomme pomme
pomme pomme pomme
Pomme POMME pomme
Pomme pomme pomme
pomme pomme pomme
Pomme pomme
POMME
Patrick Modolo
"Un petit bateau quitta sa mer pour aller se promener tout seul comme un grand."
Un petit poème de Jules Mougin pour La Page blanche… l'ensemble est bâti sur un jeu de mot qui me parait, chose rare parmi les jeux de mots, une réussite (mer/mère)… Jules Mougin, mort en 2010 , travailla sa vie durant comme facteur… Jules Mougin, ami avec Gaston Chaissac, c’est tout un mouvement littéraire, que je qualifierais de 'littérature simple' en relation avec l’art brut de Dubuffet…je ne sais pas pourquoi mais ce texte déclenche en moi un sourire chaque fois que je le lis… peut-être à cause de sa simplicité...
Ce texte se trouve dans un livre de Jean Orizet intitulé L’humour des poètes - Le cherche midi éditeur.
Pierre Larmaque
Un petit bateau quitta sa mer pour aller se promener tout seul comme un grand.
On vient de le retrouvé noyé dans un ruisseau du Père Lachaise.
Il n’avait plus rien sur lui… On l’avait dévalisé.
(Maigret suppose qu’il a été assassiné).
Petits enfants n’abandonnez jamais votre mère.
Jules Mougin, 1960
crâne dégarni
crâne dégarni
c’est ton humour
qui te sauve
poil au chauve
Denis Heudré
"enlundir"
enlundir
enmardir
enmercredir
enjeudir
envendredir
ensamedir
endimancher
décidément
le dimanche
ne s’habille pas
comme les autres
Denis Heudré
Adynaton"
Adynaton
Anadiplose
Anaphore
Apocope
Chiasme
Diachronique
Dysphorique
Eglogue
Epiphore
Epizeuxe
Homéoteleute
Iambe
Incipit
Métonymie
Mimésis
Oxymore
Paronomase
Prétérition
Syllepse
Synecdoque
Zeugme
Vous avez demandé la poésie
Ne quittez pas…
Denis Heudré
"rien ne veau"
rien ne veau
à part la vache
rien n’émeu
à part l’autruche
et la vache aussi
Denis Heudré
À l'article du danger
À l'article du danger
Sautiller sur le fil
D'une lame de rasoir
Émoussée
Sinon on referait
Le coup de l'androgyne
Version grand guignol
Sautiller pour prendre de l'élan
Les os transis de merveilleux
Marc Mahé Petska (avec l'aimable autorisation du poète)
À l'article du danger
(version transprosée 1. Transprose : Partick Modolo)
À l'article du danger Sautiller sur le fil D'une lame de rasoir Émoussée Sinon on referait Le coup de l'androgyne Version grand guignol Sautiller pour prendre de l'élan Les os transis de merveilleux
À l'article du danger
(version transprosée 2. Transprose : Air)
À l'article du danger sautiller sur le fil d'une lame de rasoir émoussée
Sinon on referait le coup de l'androgyne version grand guignol
Sautiller pour prendre de l'élan les os transis de merveilleux
SANGLOTS LONGS
les sanglots longs fils dans les selles
des violons d'Ingres quel est votre
de l'automne c'est quand ?
blessent mon coeur d'artichaut pané
d'une langueur nissan qashqai 4425 mm x 1835 mm x 1625 mm
monotone la pluie qui chantonne
Tout suffocant ou suffocant ?
et blême et blafard quand faire un test de grossesse ?
sonne l'heure hissons nos couleurs !
Je me souviens plus de mon code Iphone
des jours anciens en cinq lettres ?
et je pleure des larmes
et je m'en vais comme un prince
au vent mauvais cholestérol que faire ?
qui m'emporte facilement
de ça, de là assurance obsèque
pareil à la même chose
feuille morte pour terrarium.
(source : propositions automatiques de Google)
"Nulle précipitation, madame, ni trop de hâte"
Nulle précipitation, madame, ni trop de hâte
Pour pouvoir apprécier ce moment de plaisir
Je vous laisse volontiers le choix dans la date
Et sombrer lentement tout au fond du désir.
Soyez donc assurée, comme je le fais toujours
Que je traiterai votre cas avec humour
Il faut bien que je vous envoie dans ma culture
Je ne peux faire autrement, c’est dans ma nature
Patrick Salue (avec l'aimable autorisation du contrepéteur)
Tourterelle
La belle Rosette s’éveille.
Elle sort tout doux du sommeil.
C’est sa douce nuit qui s’achève.
Elle sort à peine de ses rêves.
Elle adore s’étirer,
Avant enfin d’se lever.
Son bel amant de mari
Est parti tôt ce lundi,
La laissant tout engourdie,
Par une nuit de plaisir pris.
De par sa fenêtre ouverte,
Elle entend la belle Huberte :
« Ma tourterelle s’est échappée,
Voisine peux-tu la rattraper ? ».
L’animal effarouché,
Dans sa chambre s’est réfugié.
Redoutant que ses voisins,
Pour chercher l’oiseau fugueur,
Ne pénètrent en sa demeure
Et constatent par malheur
L’intérieur tout négligé
De la belle brune alitée.
L’alanguie n’écoutant que son courage,
Se saisit d’une statuette
Et la propulse sur la tête
De la pauvre bête qui fait naufrage.
La balançant par la fenêtre,
Elle s’écrit de tout son être :
« Ça y est, elle s’est échappée ! ».
L’animal au crâne éclaté
Choit sur la coiffe de la voisine
Qui fulmine contre l’assassine.
Proverbe :
Quand la tourterelle quitte la demeure,
ça ne m’étonnerait pas qu’elle en meure !
Robert Serrano (avec l'aimable autorisation de l'auteur)
Derniers instants avant le suicide
Hop
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Splash
Pierre Lamarque
Rien ne se perd ?
Tout
Tou
To
T
Tr
Tra
Tran
Trans
Transf
Transfo
Transfor
Transform
Transforme.
GuillaumeD. (avec l'aimable autorisation du poète-physicien)
ABraCaDabra : au pied de la lettre !
Placez de petits mots,
Dans un très grand chapeau :
C’est bien ici le hic
Comme ils se font la nique !
Le A vient en avance,
Bondit après le B,
Le C suit la cadence
En devançant le D.
Le E s’ébat ensuite
Lié au F en fuite ;
Le G fait galipettes,
Le H derrière halète.
Le I l’imite alors,
Jetant le J dehors.
Sans faire cas du K
Le L longe le pas
D’un M qui marche las.
Le N navigue haut,
Ouvrant la voie à l’O.
Le P crie « Pathétique ! »,
Qu’un Q d’un pas ne quitte.
Le R rampe à la traîne,
Le S suit hors d’haleine,
Le T ne tarde plus
Uni au feignant U.
Le V vient vite après
Le wagon W,
Dont s’extirpe le X ;
Y courent le Y
Et le Z zigzaguant.
Patrick Modolo
*****
J’étouffe
J’étouff
J’étouf
J’étou
J’éto
J’ét
J’é
J
Air (Lpb 61)
*****
manque
anque
nque
que
ue
e
Pierre Lamarque
***
ETC.
La la la la la lallala lalaa la la la.
La la lalala lalla la lalala la la la.
Lalala lalala lalala lalala lalala…
Pierre Lamarque
***
Maître-nageur
À Modolo père & fils
(août 2023)
Je te regarde nager
la tête
les bras
les jambes
rien ne m'échappe.
Tu as encore besoin
d'un coup de pouce :
une poussette
un conseil
un cri que tu entends à peine.
Mais un jour, tu sauras
nager dans le grand bain
et n'auras plus besoin de moi
Pour veiller sur toi.
Air.