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Sans dessus dessous

Présentation de Sans dessus dessous

"Le rire est une affection résultant de l'anéantissement brusque d'une attente poussée à un haut degré" Kant - Critique de la faculté de juger.



Pendant plusieurs années, une rubrique "Sens dessus dessous" apparaissait dans La Page blanche. Pierre Lamarque, l'un des trois fondateurs de la revue, décida de la faire revivre à partir du numéro 61 (fin 2022), et en accord avec le nouveau directeur Matthieu Lorin, elle fut rebaptisée "Sans dessus dessous", par facétie orthographique, pour jouer avec la langue et ses idées reçues.

Poésie et humour s'y côtoient désormais, à travers des aphorismes, des textes ludopoétiques, des jeux d'esprit et de mots, des pensées...


Car le propre de la Poésie, n'est-ce pas cela : jouer avec notre langue ?



L'humour selon Jacques Vaché


"Et puis vous me demandez une définition de l'umour (sic) - comme cela -- IL EST DANS L'ESSENCE DES SYMBOLES D'ETRE SYMBOLIQUES


m'a longtemps semblé digne d'être cela comme étant susceptible de contenir une foule de choses vivantes"


Lettre du 29 avril 1917, à André Breton


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Du rire à la poétique, par Gaston Bachelard


Précisez un peu trop une image triviale, vous faites rire. Enlevez un peu de précision à une image triviale et ridicule, vous faites naître une émotion poétique


Gaston Bachelard, L'air et les songes



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Peut-on rire de tout ? Selon Mathieu Brosseau



"Je ris toujours de tout.

L'architecture des choses est friable.

Or c'est dans le creux que naît le rire.

Un peu d'absence dans mon verre, s'il vous plaît !"


Mathieu Brosseau, in Surfaces, Journal perpétuel

(éditions Caractères, 2004)


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Beaumarchais :"Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer"

"Je me presse de rire de tout."


Figaro : Voyant à Madrid que la République des Lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les Insectes, les Moustiques, les Cousins, les Critiques, les Maringouins, les Envieux, les Feuillistes, les Libraires, les Censeurs, et tout ce qui s'attache à la peau des malheureux Gens de Lettres, achevait de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait ; fatigué d'écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d'argent ; à la fin, convaincu que l'utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j'ai quitté Madrid, et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l'Estramadure, la Sierra-Morena, l'Andalousie ; accueilli dans une ville, emprisonné dans l'autre, et partout supérieur aux événements ; loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là ; aidant au bon temps, supportant le mauvais ; me moquant des sots, bravant les méchants ; riant de ma misère et faisant la barbe à tout le monde ; vous me voyez enfin établi dans Séville et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en tout ce qu'il lui plaira de m'ordonner.


Le Comte : Qui t'a donné une philosophie aussi gaie ?


Figaro : L'habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer.


Le Barbier de Séville, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1996, acte I, scène 2, p. 49

site de référence : https://www.dicocitations.com/citations/citation-1883.php



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Julio Cortazar : le rire, ce "tunnel utile" ?


"Vous pouvez rire, si vous voulez croire qu'on plaisante, mais on ne plaisante pas, le rire, à lui seul, a creusé plus de tunnels utiles que toutes les larmes de la terre."


Marelle - Julio Cortazar - L’imaginaire Gallimard