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blanche

Le dépôt

AUTEUR-E-S - Index 1

34 - Bruno Giffard

Bord et débord


Bord & débord (empreintes contactuelles)


25 juin


Mangez donc un char de bardes.





10 juin


Parfois le goût de crever des cœurs à coups de bite.



Actually most of cigarettes act like a friend, you sit on a stomp and, lungs expelling ghost clouds, quietly listen to your thoughts.

 

 

Mots casés

dans le ventre des choses.





5 juin


Smoking a cigarette with the Monday morning garbage

street tunnel, sun acting as orange redlights, ready to spill

you turn your head and see the other end of the tunnel

ready to mash the wings of hours, the troopers of dust into a new fiery steel work

wondering if pavements ever learn people steps

 

 

Why don’t you learn your son some familiar tastes

so later on, he can punch is heart –

affection reaching herself through puncture words





12 mai


Parlons décidément d’une course au regret.

Gens qui foncent gens qui glandent, lèvres épelées au niveau d’un nul part se jetant.





10 mai


D’ordre qu’entre les étoiles.



Entrez, entrez : bave, gens.





8 mai


Un paquebot englouti – navigue entre deux mille eaux – la foule de nos regards pressés aux hublots, miroir.

Au-dessus de ma tête des continents de nuages.





2 mai


Un camion transporte du bruit.





1er mai


Route des autres mon absence.





18 avril


Poète : entre tes ruines la fleur d’un combat.





14 avril


On boit pour se détendre la stratosphère.



Laisser 5$ près de la patte du chat errant.





13 avril


De toute façon on réserverait aux sirènes le même sort que les queues de homards. On transpoterait leurs bustes en suivant la saison foraine.





7 avril


La manne des nuages me passe par-dessus tête

mon sens se laisse avaler aux entrailles du métro.



Corde de l’oracle

serpent au cou.





26 mars


À la beauté des femmes je monte mes blessures

elles s’échappent à grands éclats de sourire, des bras de ma prison





21 mars


Il hume la tranche des livres, comme d’autres aspirent au cul des femmes.



Il y en a qui restent pauvres, pour s’acquitter de l’argent.





16 mars


Sa plaque d’immatriculation : 911 PFK.





11 mars


Dure, la cire d’oreille; pression sourde, fuite contreplaquée.

Par fractions de pas, crampons d’effroi – la peau du souffle, sur le velours des contacts.





15 février

 

Un groupe abondamment vénéré (relativement obscur, et qui légua à la mémoire de Pasolini ce subtil joyau, Ostia, épousé jusqu’à ce que les os transsudent au fil des transes), vit son compositeur, John Balance, écrire vers la fin de ses jours « And the Abmulance Died in His Arms » - il mourut après une chute de balcon durant son transport vers l’hôpital… Prophétisme mis de côté, mon sens aspire à un tel renversement.





12 février


Your child, your only shadow





8 février


Chaque substance chagrine. En peau de crachin. En écorce qui lime le sourire à même nos vieilles dents. On traîne en laisse le songe, lion de pierre. Dans sa peau d’ombre, sa cire de vécu celle qui place les conserves à l’épicerie. Cernes des veilles, cercles sur l’onde. Après tout un geste nous redessine. Mes mains restent dans mes poches, apprivoisées comme on assomme le tonnerre. Dehors un punk suit les rues avec ses épaules, boule de mercure d’une paroi à l’autre pour toucher au jus de la machine dans son chandail de Déicide. Auvent de nos âges. Nos regards une aile que le vent tourne, reprend. La poussière s’articule en étages de buildings. Nos désirs ne se reconnaissant qu’à l’informe dans le miroir des devantures. Cartes brassées, passées, on ne s’installe qu’un instant à table, même pas celui de dire. Une bouette à demi fondue remplaçait les trottoirs. Aube courante. Fumée de cigarette qui tourne dans notre bouche. Une galle, besoin de gratter, cette dalle de lave qui nous braque en pleine légèreté, en pleine faculté de lâcher le cerf-volant aux mille ardeurs, sentir au moins les turbulences qu’il nous reste. Inlassable trafic, je le surveille d’autour de ma dépouille. Je cherche à rentrer dans ma propre veine alors que les cheminées tordent leurs foulards de lait pour en extraire la fin du compte-goutte. Soif en coudes plaqués. Contes qui s’ouvrent le ventre avant de plier l’escabeau des tripes. Une grave détonation vise ma tête, belle noirceur en bouteille, hantise qui attend que je descende alors que la lyre se pince, tellement préoccupée qu’insouciante. Blindé par un sommeil qui passe de l’or au cafard, quêtant des courants d’air.





5 février 2023


La femme qui passa avant moi dans la salle de bain y laissa son parfum. Fausse fleur.






20 janvier 2023


Une petite neige tombe, te plonge dans la conscience du cristal. Infinité de particules rondes qui sentent la brume figée. Et dans les nuances du bleu se touche les vertus du mort.

Pourtant cette heure passe. Je finis le verre à whisky avec son fond d’Amaretto aux cerises noires, déjà l’aube, avant d’aller enterrer sous l’oreiller ce besoin de partir au vent, autant de pages écrites par les songes; me plaquer aux écorces gorgées de murmures, aux charnières qui rouillent, portes d’époque dont on claque les soupirs.

Vertige entre mes mains. L’oiseau des circonvolutions patiente dans le foyer d’une pipe quelque part dans une wagonnette en transit. Chicago-Ontario- : une part de moi sacre mais je trouve beau ces tempêtes qui figent, nous invitent contre les courbures de l’espace dans le transport immobile des réflexions.

J’aimerais me foutre de l’heure, et rimer à l’ivresse. Mais demain, une lecture ou deux, les corrections, passer à la quincaillerie pour le sirop à fourmis exterminateur, avancer un peu le rouleau du Fujica HD idéalement – avant la tombée du plafond, puisque le week-end arrive, avec son licou, des corridors d’université à peu près vides que je finis par halluciner à force de les peindre avec la même couleur, résignation qui gronde, ne tonne que pour elle-même, quoique mon visage doit prendre des accents de Nô contrarié.

Un chien déchiquète son os. Derrière les rideaux le tableau du ciel s’oublie. Une princesse embrasse son vibrateur et n’en finira jamais d’allumer sa chute. Sable des mots, nos doigts ne lisent que leurs traces. Moulée de continuum.





14 janvier 2023


Épicerie du bout de la rue. Loterie; soupes en sachet; le deux litres de liqueur occasionnellement; le yogourt du petit (avec lequel j’y vais le plus souvent, et pousse la poussette sur les trottoirs hiver au cœur); des tortillas congelés haricots et cheddar; récemment une triple IPA La Souche 11% sinon deux Boris pas chères en réserve pour ma propre soif quand je reçois, ou sors échangeant mon écume avec celle des rues.

Étincelles de fer à souder et larves ce soleil à travers notre poitrine entre poignées de terre.

J’essaie de tracer sur les murs un décor assez réel pour m’y enfoncer. L’art consiste moins à tromper l’œil que lui rendre sa vérité. (Deuil en estompe.) Parfois j’accède à la deuxième dimension du manteau de cheminée. Parfois je danse – pour vous mesdames mais il n’y a personne alors je reste flamme.

Cette glaise, couleur d’état lunaire. Un ciel table rase. Abandonner le concours des directions. Mais extraire de nos paumes la plasticine astrale d’un souffle animé. Juste assez de grabuge embryonnaire pour nous guider dans le désert du jour entre les montagnes de nuit. Poche d’eaux prêtes à crever le corrélat du temps – mais qui reste mobile d’intuition en veilleuse. Cette rage sur la langue du lion en pierre de garde se résout par la fleur spontanée du phare dans sa chambre projectionniste.

L’alcool attire le plomb sur les membranes du scaphandrier ailé. La pierre alors se convertit plus facilement sous le gant de chair en aveu de tréfonds océaniques. En garde à vue des conques. Papier d’écoutilles.

Parfois j’entends ma pensée courir dans les conduites des murs. L’emprisonnement tient moins à leur statut solide qu’à un impératif angulaire. Résonance sous vide – et chaque berlue te passe ses poils sur la face. Aigre-mort dans les caves de Gilles de Raie, barbe en sus. Chaque buisson prêt à nous tailler le sens. Pension suspendue dans l’ambre, passion derrière sa flasque plastique. Scrupules des doigts que le clavier redirige aux sillons du contact. Chair dans un quant-à-soi d’église qu’emmitouflent les bancs de neige – cierge qui hurle près de l’armoire à consubstantiation. Sous combien de cadenas notre masque de brouillard.

Tes doigts de cire à cacheter restent l’assurance du rêve.





9 janvier 2023


Laisser tomber mon cœur.

Qu’il se casse en mille faisceaux.

 

 

Lames de front.

Où reposer nos airs.





3 janvier 2023


Ton regard en verre dépoli.

Dans la saumure de ses peines.





26 décembre 2022


Un chien effacé. Mais aveugle aux fantômes. Nage entre l’odeur des nuages. Zigzags dans la foule des trottoirs.

Au revers d’un nom, cette mémoire dans la rivière.

Ma langue vagabonde. Mais hors des rues. Une laisse épuise son répertoire.

 

A saint on acid, splashing his rays on you.





24 décembres 2022


À coups de plumeau, ces jours fortuits.

Plutôt que du lait, sur l’auréole d’un sein, les névés dans ma cour, sous un halo de lune hébéphrénique.

J’allume ma lampe au houblon, pour me rendre compte que les sirènes de pompier, depuis hier en tournant dans la tempête dont je prends à peine conscience enfoncé dans la semonce des murs à répéter différentes phrases pigées sous la peau des reliures, que les sirènes dessinent autour de ma tête les circonstances d’un sillon qui cerne mon identité à l’identique. Qui flambe sans se sortir du hurlement muscles tendus.

Au bord du lavabo de la salle de bain un moineau. L’envol du sperme rime avec la fiction du corail. Je nage sous la surface des contacts, sur ma tête un contrat de vanité.

À coups de butoir ces jours foutus.

La même présomption de rimes à mâcher. De pas déchiquetés aux chaînes de trottoir. À croire au requin géant, dont la seule gueule tourne notre sang en aigre-douceur. La même inconscience pas-de-tout-repos continue à produire son bruit forgé en découpes vagues. Serviette de plage restreinte sous la lampe d’un dentiste affamé. Disc-jockey sur son parasol indépendantiste royal avec ce maillot aluminium extrait des caves de la garnison.

Soutirer au comptoir le réflexe d’un tabouret. Plonger dans le verre qu’on nous sert. Oublier le manège des voix pour mieux caresser notre flore encéphalienne avec la gouache d’incessantes métamorphoses stroboscopiques. Le ton amorphe d’un ivrogne imbibé de manchettes, oublieux du monde. Le cerceau des robes courtes à raser nos vœux de stoïcité placebo. Mettre sa main dans le grille-pain, se beurrer noir. Vouer un œil au bocal du plus proche pawn-shop en se signant au lendemain. Finalement marcher devant des vitrines qui ne reflètent plus aucun souvenir. Mais cette peur nous tient de montrer notre face cash, autrement qu’un détour. Remonter les allées d’une machine à boule qui nous propulserait dans les artifices du décor avec le même soin maniaque qu’un météore traverse notre ciel de suie parcheminée.

J’arrive de tellement loin que je ne sais plus boire, franchement, au ruminoir. J’essuie seul la peau des bouteilles, ranime l’ampoule. En bois deux en-dedans pour me donner le courage de plus encore, dans le grand vent, d’haleines échafaudées. La barrière des transistors. Cette usine de mon essoufflement.





8 décembre 2022


Élever un enfant revient aussi à casser les vrilles chromatiques du soleil, caser ses bras de nerfs qui tonnent.





24 novembre 2022


D’un gouffre à l’autre

pour fil ce ciel

dans la couleur des dents





2 (?) novembre 2022


pas de sot métier : alors l’ultime disparité de nos vaisseaux.





30 octobre 2022


Une eau suspendue sur ma tête, la nuit. On sent dans l’air le givre s’approcher. Et mes pensées sur cette onde noire dérapent; avec un bruit de patins qui freinent, laissant leur strie pareille à un fil de soie, une égratignure. Et malgré la lenteur des visions – arbres et trottoirs dont on endosse le traveling – une sensation de chute folle, de vitesse pareille à un coup de vent – alors que le trafic fonce par à coups, nous laisse pourtant sur place, derrière (soulagé de ne plus nous concentrer sur les lignes, les feux, les signes, après l’envoi à la ferraille du destrier à huile, pistons), tentant d’accrocher notre œil aux branches, aux lampadaires, d’entrebâiller assez la poitrine pour que la poésie pousse ses extrémités à travers la scène - cette mixture de mécanicité, de convalescence, tapis roulant que supportent tant de fléaux, malversations pour ribambelles - qui souffre de ratés, de tarés.

Voir venir les heures cependant qu’elles nous poussent dans le dos – ainsi sur le chemin du retour on pense déjà à la douche du lendemain, graisseuse de fatigue, vapeur sans oubli… et cette action routinière dont on tentera d’extraire la détente nous projette un peu plus avant dans les heures jusqu’à celle où il s’agit d’attraper le bus déjà et de nous taper la seconde soirée au travail. Notre main ne sait plus si elle actionne la roue, ou si les engrenages la précipitent, la tirent, provoquant une série d’évènements assez semblables, confinés – un rire d’enfant repassera avec ses ailes, des textes nous offriront le soleil des cordes respirant la cime. Écumer l'échine...

Sur notre plancher des éclats de rêves, dans notre tête les sirènes musclées du sang. Malgré l’attention nos gestes filent à la fenêtre, partent avec une furie de train et tout se ramène à ce caisson, ce compartiment – des bielles plutôt que l’aise de racines – nos cuisses tellement loin du sexe, nos nerfs tellement en creux d’étoiles; bouches à lait qui appartiennent à d’autres mémoires, somptueuses dentelles brodant les genèses; la peau réduite à une flamme seulement utile à nous tirer du voyage, attendre le choc, un renouveau de distances - retour d’investissement des sens qui se montrent murs d’assaut, flancs sans mots, mâchoires sourdes, dents folles, langues lourdes. Yeux, lèvres dans un éblouissement de crime perpétuel.





11 octobre 2022


Open your chest, to feed the sun


To raise a child, you need to be a tree

right yet eschew

solid but porous

ever rooted and transported by a melody of light

yet knowing how darkness breathe underneath

veins drawn into the air

but heart made solid skin

you need to twist with the stars

be that patient pulsation of dew

hiding death by every tones

bones humming in supernal

discreet but eloquent

vacant yet thoughtful

hermetic, torn, overseeing, pervasive, honest, galvanic

musical silence





17 septembre 2022


Laisser l’eau chaude s’écouler sur nos épaules un temps indéterminé parce que (de l’autre côté des rideaux de douche) le jour cache sa promesse.

Après la serviette, identité et fragrances du savon se mirent. Carrière du vent, azur qui ensable les pores. Câbles des rues.





27 août 2022


Peur des ponts rompus, amour du vide – qui force l’invention; rails qui se démontent en plein transport pour cette seule raison – repos du bleu au-delà du mètre de nos enjambées, course d’un rire au milieu des sphères.

Parois à l’étouffée.





14 août 2022


Écume embrasée l’argent des feuilles

braises de plomb les nues en maraude


ma tête, aimerait pour oreiller ces wagons d’orage

transportant leur bruit de majesté, prochaine issue


lente plénitude du gris des confins magnétiques

Je m’absorbe dans la pierre même, tour sans voix





9 août 2022


Palette de ciels pour notre seule confusion.





5 août 2022


L’éros me rejoint par la corde des pieds, le suc des doigts, un gland et son son sac, là où s’appliquent les cuisses, par le filet des lèvres, la bande du regard, offre du gîte, clameur d’amarres, par cette nuque tissée en fils tendres sous la chevelure, suggestions de délire aux arcs cabrés de douceur, les épaules qui descendent vers ma longue enfance fragile où la nudité sort de sa forge d’innocence, force vulnérable en parchemin de veines, fugue d’orientation, miel serti, soupirs s’assénant. Et une mort qui passe, museau au vent dans l’ombre des feuilles, laisse la terre se découvrir. Joyaux nés organes, soleil à coups de noyaux. Langue déroulée au fond du puits. Gisements lunaires.





1er & 2 août 2022


Déserté de cris


Parfois l’étoile

prise dans l’or

fend le crâne

qui descend

se dérègle

 

repos strié

dans le sable

probation bleue





vendredi 29 juillet 2022


Chaque chose dans son élan d’estampe,

chaque empreinte cognitive à son relent d’étalage.

 

Reconduire son désir aux vidanges, sacs noirs soigneusement noués. Étrange procuration que ces gargarismes de containers, ces rigidités croulantes, banquises de ciment – la prestidigitation des rongeurs, les mouettes par cercles mêlés.

Sous les étoiles nues mes ligaments, ma graisse, mon squelette se rassemblent. Et la cueillette s’effectue peu importe la fraîcheur (vive ou rapetassée) des soupirs.

Silhouette je baisse ma tête sous la fleur du soleil.





mercredi & jeudi 13-14 juillet 2022


Les plages du temps se déforment. Avec un rythme de pulsations que je n'arrive à pénétrer. La tête, son bagage disparate de nouveau, d'ancien, se roule ainsi qu'une moquette – alors gare à la direction du ciel disparue par grandeur de jour. Simple pelure, notre prétention à l'exercice du bleu. Les mouettes d'un moment à l'autre acquièrent une substance de cire et déboulent dans cet espace aux bras cycloniques entourant avec lenteur, détachant leurs formes vers une molle dépression centrale sûre d'elle-même. Chaque objet visé par nos yeux alors pâture d'embâcle, hennissante mécanique mentale : pourtant ceux qui marchent dehors ne remarquent rien, sauf en se jetant dans mon regard, faisant levier sur mon front avec un expédient social ou un autre, voire m'offrant par voie de conséquence la planche d'un sourire, leur propre regard prêt à dégager ses roues; sauf en décelant peut-être sous ma silhouette une pression d'informe, un recroquevillement de chancres tectoniques, qui évolueront à travers leur aura de silence. La mémoire succombe aux coups de mâchoire du camion des éboueurs qui passe – ballon, membres, couleurs de l'enfance crèvent les sacs, juteuse noyade... mais une sauvegarde des apparences intervient, et l'intelligence en perd un peu plus son niveau. Ses avirons, jugement approximatif.

Notre tapisserie mange les mouches, motifs s'incorporant leur surprise, leur faim, une fébrilité d'ailes goulue, pattes dont la panique se renverse en pouvoir. D'autres murs constituent en sacs de sable qui sous nos coups exhalent des enveloppes ectoplasmiques. Des quasi concerts, des portes d'ébranlement. Une montre lâche sur le poignet une violence de volcan, l'écran du cellulaire jappe ses applis. Notre peau se referme, il faut respirer lourd sous ce haut lieu d'intimité. Mais les nuages tracent des cygnes, l'avant-bras des belles suggèrent un chant de bourgeon; il berce sans briser la vitrine d'une hache d'incendie. (Et notre bouche remballe son écume, notre langue se crache plus loin par pages. Un forceps étouffe la crise des cuisses accouchant jouissance. Dans le tiroir au chevet se pige un raz-de-purée. Chœur de rats amené à grignoter les restes du jerky.)





jeudi 9 juin 2022


La pluie tombe pas mal – encore. Mais pas assez pour effacer les trottoirs. Les gens.

Se ramener au niveau du ciel (plancher d'une tête).

 

Comme certains s'amusent à arracher les pattes des faucheuses, j'ai enlevé au soleil la couleur de ses rayons pour épouser sa vérité (à elle, pur témoignage en robe et cheveux, forme libre, fourbe, franche ou farouche des fleurs), mieux me rapprocher de l'action qui me rend cause à la dérive (imbroglio de remous passionnels là où s'ébranle le moteur des uns, des autres, avec l'instruction de fonctionner – dans cette grave masse d'eaux où se fend notre image, procédé d'échantillonnage d'une voix).

Et maintenant que l'été roule ses manches (que mon désir réaccède à certaine sueur), je fantasme de café glacé par litres, d'une immobilité assommante. Les mouches se lavent à coups de trompes, telles dames s'épilent. Aucun espoir d'acquérir assez d'astuce, de volume imperturbable pour me sortir de la pauvreté avec quelque combine louche. Un jour je nage, le lendemain me noie dans une piscine vide. Seulement les gens agissent en fantômes prêts à se mêler de rien (perpétuant un mécénat invincible, occupant le rôle d'une ligne). Mes bras, mes jambes les écartent, continuent de creuser (foi d'étrave). Des vacanciers arrivent, repartent, une hiérarchie d'habitués s'exerce... au bout des doigts quelques nuages, puis le ciment qu'ils peignent. Je fantasme de café glacé, de savoir quelle place j'occupe entre la chambre à l'épaisseur de verres fumés, la chaise longue jaune pissenlit, et cette piscine inabordable.





mercredi 26 avril 2022


Burrruit d'étoile stationnée au fond d'une voûte à l'encaustique

presque juste devant ta pensée. Péroraison du réverbère.

Souffle en mailles de jute ajoutée

alors que le printemps aménage sa vitrine.

 

Et cet émois, baratin de copeaux qu'on croit bon de partager par des œufs aux couleurs beurrées, main en drapeau écrasé sur l'épaule – cloaques sur une table qu'il reste à fendre.

Piaillements, paille sur la langue. Nom à arrondir ses vapes, ceinture d'échantillonage. Épée prise dans l'étang pneumonique mais montrant la caresse des valves.





vendredi 22 avril 2022


Et le soleil de hisser jusqu'à une incertitude frontalière nos muscles scandés vers la tension de sa jante - point de ronde.

Bras épris du bleu qui en vire, tire les forces. Halo bille contre l'élan vers un beau fixe.

Toute pierre consumée pour que notre joie se rende au phare - vaillance d'éclat.





mardi 5 avril 2022


Cœur de glas. Volée d’astres qui gèlent.

Nos muscles jouent avec la corde des notes en équilibre contre un gouffre de nuit.

La mesure du cri depuis longtemps jetée.

Des trajets affichent leur scintillance tranchante, douleur du silence sans poids.





lundi 4 avril 2022


La rame des jours continue de passer : pas encore à destination...

Les nuits grattent la terre

de ma poitrine

                                                    dégringole

tranquillement, sur place je reste ce quai d'embarquement et son néon.

Ma paume

au soleil d'une faim.





mardi 29 mars 2022


M'enfermer dans une valise. Dernier rêve. Sur toute mémoire tombe un déclic de noirceur. Mais d'abord plier les membres. Chaque pièce comporte l'intime signature du verbiage véhiculé, ferrures entre défaut et aplomb, circuits en calque d'abîme, orchestre dans sa fosse à munitions – chaque acte courtise des murs s'arrogeant par tapisserie, étendue cousue aux veines plaque les volitions d'océan, remous à la cuillère, aiguilles au vent, baleine née sans précession de regard : il s'agit de rentrer dans son crâne l'haleine du sens, donc le projet de chaque oiseau. Ne plus rien dire, ramener sur la boîte à serrure une fin d'étouffement plutôt que sa production.





lundi 21 mars 2022


Ne plus tomber en amour. Ne plus casser l'aurore. Ne plus prendre nos vertèbres pour les œufs d'une mythologie express. Soleil rétamé, à grands coups de marteau ces fenêtres d'aveuglement explicite. Le trajet vers nos épaules pour éteindre le tremblement fou du lustre se complique au dialogue des sabots.

Fuite en bateau de plaisance, avant que disparaisse le fleuve. Ventre creux arpenté du compte en banque.





samedi 19 mars 2022


Je cours après le temps qui me rattrape. Point mort dépassé. La pluie m'entrouvre, scènes grises propres à écouler la ville fidèle à ses trottoirs. Elle m'encourage à tourner la manivelle de la fenêtre pour écouter autre chose que le bruit. Tomber dans ma cage mentale sur des notes souples, une amplitude répétée.