Le dépôt
Textes
Texte 1
A la faveur d'un soir
Une pluie sonore s'abat au dehors et contre les vitres
Il y a le bruit de la machine à laver
Et cette chape de nuages gris est comme une couette sur la chambre rassurante
Les chats sont calmes
Personne ne parle
Nous écoutons l'eau s'écouler dans les canalisations
Les voitures roulent sur le bitume mouillé et passent
La lampe halogène vrombit en sourdine et en continu
Ma respirations est un léger frottement de l'air contre l'intérieur de mes narines et de mes poumons
Mon ventre se soulève
(2023)
Texte 2
Vivre dans la moiteur estivale
Sentir ses membres se liquéfier
Par vagues de chaleur les suées successives
Font que l'on s'enfonce dans tout ce que l'on frôle
Tout vous pénètre et vous pénétrez tout
Vous êtes une glace sur une plage salée
Et le miroitement de l'eau vous fait saliver
Le sable vous engloutit en vous laissant à sa surface
Il coule sous votre corps tel un sablier
Qui avale vos cheveux
Il se colle à votre peau humide
Pour la dernière fois vous voyez le ciel sur vous
Vos yeux se renversent et votre bouche se ferme avant de plonger
Tout vous envahit
(2023)
Texte 3
La poésie comme expérience de contention des émotions fluviales
Je vais recommencer à bouger dans ce ventre trop étroit
Deux cents jours à noter des bribes d'essoufflement
Les membres incrustés dans ce qui n'a pas été dévoilé et à les développer
Dans le brouillard et ces limbes savonneuses
A toi de jouer la prochaine partition
A toi de faire advenir les efflorescences d'une vie autrement meilleure
A toi de sourire à ce qui vient forcément de l'extérieur et défie les habitudes
Va dans la clameur des matins t'éveiller à ce qui se transmet de pair en pair
(2023)