La
page
blanche

Le dépôt

POÈMES

PLACE DES SARDANES

Sardane (12) des Manifestes

Manifeste de Valery Oisteanu 


Imaginez un monde sans camps ni prisons pour personnes déplacées ! Imaginez un monde sans caravanes d'immigrants, sans réfugiés en mer pris au piège d'un destin désespéré.

Imaginez une société et une culture qui s'ennuient sans liens ombilicaux, similitudes et plagia, imaginez un art sans appropriations et répétitions sans fin, sans copie conforme esthétique reproduisant encore et encore les tendances du passé.

 

Poets & Artists Surrealist Society (PASS) casse deux pierres avec trois pattes et un canard, exprimez-vous quand vous n'avez rien à dire et créez sans lavage le cerveau d’avant-garde.

Lutte contre le populisme Pop-Kitsch dominant, à travers l'insatisfaction permanente des effets anesthésiants des médias sociaux. Rejet de la banalisation de toutes relations affectives, de la dérision de l'impact des rêves et de l'univers subconscient.

 Attention, le comité du sommeil contrôle votre psychisme par le fétichisme des biens. Rébellion contre la vaine conclusion de la consommation ostentatoire. Réindividualisez votre logique, il faut risquer une expérience qui vaut la peine d'être tentée, inventer de bons ennuis avec une agression turbulente, pour des changements sociaux pratiques.

 

 

« Ne perdons pas de vue que l'idée du surréalisme vise tout simplement la récupération totale de notre force psychique par un moyen qui n'est autre que la descente vertigineuse en nous-mêmes, l'illumination systématique des lieux cachés et l'obscurcissement progressif des autres lieux, l'excursion perpétuelle au milieu d'un territoire interdit, et qu'il n'y a aucun danger réel que ses activités prennent fin tant que l'homme parvient encore à distinguer un animal d'une flamme ou d'une pierre »

(André Breton)


Arrêtez de diffuser des messages insensés de misère culturelle raréfiée, arrêtez d'acheter des abonnements aux périodiques et livres sur le sexe de gouttière et les passe-temps domestiqués.


« Le vieux slogan 'la vérité est plus étrange que la fiction', qui correspondait encore à la phase surréaliste de l’esthétisation de la vie, est obsolète. Il n'y a plus de fiction que la vie puisse affronter, même victorieusement - c'est la réalité elle-même qui disparaît totalement dans le jeu radical de la réalité-désenchantement, la phase froide et cybernétique succédant à la phase chaude du fantasme. » (Jean Baudrillard)

 

 

Le merveilleux est partout, il arrive parfois que des images inexpliquées apparaissent dans des miroirs, dans des rêves, dans notre art & poésie, et nous pouvons soudain les percevoir, peut-être en état d'ivresse ou d'émotion intense, ou en état hypnotique de cérémonie sexuelle.

C'est le pouvoir de l'imagination à l'œuvre dans notre esprit et notre corps. Divertissez le cerveau alchimique ! Enfin la conscience n'emprisonnera plus les pulsions vivantes, elle sera au service du désir, dépassant le sordide agencement du sens commun et de la logique, elle rejoindra au niveau transcendantal les grandes possibilités de l'imagination et du rêve.

Pouvoir à l'imagination! Imagination ô pouvoir !



Valery Oisteanu



Manifeste de Jérôme Fortin


***

 

Il se souvient avoir été un vagabond rimbaldien avant d'être actuaire en enfer; un vagabond de la nuit, pressé de trouver le lieu et la formule, nourri du biscuit de la route. Mais la lumière du jour cru, dispersant de là-haut les ombres de la nuit, réséqua son arc-en-ciel une couleur à la fois. Les illuminations muèrent en anamorphoses de chiffres dont le sens - trivial pourtant comme l'orgelet d'une paupière douloureuse - l'avait si longtemps épargné. La nuit devint synonyme d'un sommeil lourd et digestif; les rêves les détritus d'une conscience abattue. Et les matins autrefois fiévreux, mais splendides, le refrain d'un chagrin ordinaire. Le chagrin d'un actuaire né pour être poète, et souffrant, de surcroît, d'un ulcère à l'anus.

 

Jérôme Fortin




Manifeste de Mykola Istyn


 

Le Printemps Nextmoderne

Mykola Istyn

 


La littérature a ses propres printemps. Ils fleurissent avec

l’émergence d’une nouvelle pensée, explosent à partir d'un mot inconnu.

La passion pour le renouveau et le développement constitue l’élan de l’évolution.

La formation du Nextmodernisme a lieu en poésie, mais pas seulement.

Il se fait et évolue sur tous les plans artistiques, les projets philosophiques, les

clichés verbaux qui peuvent être facilement transformés en d’autres

créations et modes de vie humaine civilisés sur Terre, à la fois dans le

monde à venir et l’image de l’âme humaine dans l’Univers.


Le Nextmodernisme invite à l’extension du territoire littéraire ukrainien, en étant la prochaine strate d'une métaphysique des entités, un espace de l’âme avec des galaxies rouges d’idées brûlantes. Le printemps Nextmoderne éclot en la poésie, se ramifie en prose, germe du grain philosophique dans le sol souillé par le pétrole du conservatisme avec de nouvelles excroissances de l’âme et de la culture de l’espace, ramification de la véritable liberté, naissance de modes de vie et de mentalités qui élargissent les

frontières et les limites de l'individu. On peut sentir dans ce magnifique système de valeurs, ce qu'il a de chances de se matérialiser dans de nouveaux mondes, d'étinceler

auprès d'étoiles d'émotions inconnues, d'être des planètes où tous les possibles comptent et tournent, en orbite, dans un extraordinaire équilibre avec les Autres, Dieu et l’Univers...


Le Nextmodernisme semble être devenu une nouvelle partie de l’Ukraine, une région récemment ajoutée à son espace littéraire, avec des écrits qui remplissent le Livre de Vie dans le monde de l'édition. La scène moderne, où les rôles principaux appartiennent à la politique et à l’économie, s’avère être le moment de l’affirmation du rôle de la

littérature, c’est son Printemps.

 


  Traduction française par Loan Diaz



Manifeste de Simon Langevin


***

 

 Au même titre que cette force inégalement partagée entre les plaques tectoniques de la terre fait se mouvoir les parties d’un tout, - depuis la Pangée, - quelque chose oblige en moi certains changements voulus ou non, désirés ou non, imaginés ou non, conçus ou non. Ou non. L’ensemble en tremble tout entier, lentement, en un grondement sourd et bas qui détermine ainsi tous les aspects de cette transformation à long terme, de ce passage d’une forme à une autre, d’une modification par-ci par-là à une sorte d’évolution à petits pas, à petits feux, vers ce que l’on ne peut pas encore véritablement établir, trop informe encore par rapport à sa situation finale.

 

Simon Langevin



Manifeste de Calique


Echo  

 

 

 Comme un caillou sur ton chemin, tu ramasses un quart d'heure dans l'obscurité du temps, une petite éternité pantelante.

Tu ne peux perdre ton chemin dans le noir car tes pas l'ont ouvert, et il se perpétue de lui-même, totalement hors de contrôle.

Chaque instant est irréductible sur cette route où se rencontre à chaque pas l'immensité bouillonnante.

Aussi, funambules, voyez ! Tout ce à quoi nous donnons vie s'invente un chemin, nous devance et nous suit à l'infini.

 Nous pouvons tous ramasser des cailloux, éprouver leur densité singulière et puis les jeter par-dessus notre épaule et nous libérer de toute préméditation.

Et nos mots éclabousseront la nuit de cette création qui nous précède et ne peut s'arrêter à aucun objet.

 Il ne s'agit plus, pour créer l'horizon, que de laisser filer le vent dans nos voiles, et, ravis à nous-mêmes, de laisser s'inventer notre destination.

 

Calique, marchant, courant sans fin au-dedans, au-dessus de soi, sur le fil déroulé de l'écriture.



 

Manifeste de Victor Ozbolt 


                                

Le paysage de la page

 

- Comment articuler le paysage sur la page ?

-Une succession de vers est

Une maisonnette entourée

D’une prairie étincelante,

De lacs et de bois mystérieux.

     Un texte en prose est un ensemble d’édifices bordés de quelques pelouses, parfois de parcs colorés et inattendus.

     J’aime les petites maisons de pierres et les grands appartements lumineux.

     J’aime choisir mon menu, ma promenade, changer quand l’envie m’en prend.

- Et où habitez-vous ?

- Dans une bibliothèque de banlieue : d’un côté c’est la campagne, de l’autre la métropole.

 

 

Victor Ozbolt



Manifeste de Denis Heudré


 

***

 

 

Une tentative de disjugaison     ne pas se résoudre à l'uni   l'union    l'uniforme    discourir en disjuguant  une disjugaison à tous les temps    même ceux qui n'existent pas  le futur imparfait      le futur composé   le plus que futur    une écriture dans tous les sens     surtout ceux qui n'existent pas   du fouillis foutraque    des désaccords      du mélange     du babel     du j'y-comprend-rien-mais-il-y-a-quelque-chose       du vas-y-comme-j'te-pense       toujours tourné vers l'inventivité    du pas-forcément-fini    débauche d'ébauches imparfaites du subjectif    une écriture avec des règles propres à chaque auteur    bref   une sorte d'Oudipo     ouvroir disjonctif potentiel  

 

 

Denis Heudré  


 


Manifeste de la Crypto-poésie (Air)



Au départ fut la machine de Turing, et ses rubans peuvent être considérés comme les premiers crypto-poèmes si tant est que les opérateurs en aient décelé la charge poétique. Machine, calculateur, ordinateur, intelligence artificielle, autant de termes pour désigner un outil sans âme, mécanique, prévisible, programmé: à elle seule, la machine ne peut prétendre au titre de poète.


Extraire la poésie présente entre chaque bit, entre chaque block, dégager l’esthétique d’un code, d’un algorithme, transmettre l’émotion suscitée par les interactions avec le monde numérique, telle est la tâche du crypto-poète. L’association homme-machine s’étend alors au delà de son propre domaine, les frontières sensorielles s’estompent et créent de nouvelles synesthésies numériques.


La technologie peut servir de support à la Crypto-poésie, toile encore vierge du code poétique. Elle doit permettre son impression et sa diffusion avant de s’en affranchir. Le NFT (Non Fongible Token) n’est que le support contemporain d’un art digital amené à se diffuser sous d’autres formes, et ne sert que comme référence unique ou certificat de naissance de l’oeuvre littéraire numérique. 



Air