Le dépôt
Poèmes
L’heure était passée
et dans la nuit qui sombrait
il était seul hébété
Elle n’est pas venue
Les martinets enlaçaient
leurs cris
Elle n’est pas venue
et le noir du café
dessinait dans la tasse
comme une estampe
*
Deux poèmes extraits de 'Disparitions'
Elle n’a pu que demander à ceux qui revenaient de la forêt
s’ils avaient vu trouvé pansé au moins
de leurs chants et de leurs mains enduites de miel les restes aimés
Même juste poser les linceuls dans les fentes vides
Donner l’eau secrète car ils avaient entouré d’une enceinte l’autre puits
Elle n’a pu que demander à ceux des bois
si au bout des corps quelques aiguilles palpitaient pour faire signe
Si les pieds n’étaient pas violacés de ronces
si les lièvres blancs s’étaient embusqués au creux des aisselles
blottis pour dormir dans les gîtes tout prêts
*
Ses ombres ne fuyaient que la nuit quand le noir était feu
ils suppliaient nageant autour d’elle sans voix ils suppliaient
de ne plus entendre le langage fermé des vainqueurs qui les
avait empli jusqu’à ce que leur bouche verse l’encre
et au clair des pioches elle s’était éveillée les arbres étaient noirs
le ciel une page et pour qui vivre dans le jardin désert
si l’intime et le proche s’étaient retirés de tout espace
si la disparition avait clos la bouche clos les oreilles de la lumière
Elle pleura la musique de toute présence
car l’alouette est tombée là