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NOTES

Critiques

Critiques du comité de lecture

Il est juste que les artistes soient guidés par les critiques. Je n'ai jamais compris la susceptibilité des artistes devant les avertissements des critiques. Je crois qu'il y a de l'orgueil, un orgueil mal placé, qui déplaît. Les artistes gagneraient à mieux vénérer les critiques ; à les écouter respectueusement ; à les aimer, même ; à les inviter souvent à la table de famille, entre l'oncle et le grand-père. Qu’ils suivent mon exemple, mon bon exemple, je suis ébloui par la présence d'un critique, Son éclat est tel que je cligne des yeux pendant plus d'une heure ; je baise les traces de ses pantoufles ; je bois ses paroles dans un grand verre à pied, par politesse.


Erik Satie - Mémoires d’un amnésique



Dans cette rubrique de critique on trouvera un ou des textes choisis parmi les textes proposés au comité de lecture de la revue Lpb, notés et commentés par les membres du comité de lecture de la revue (les commentaires sont anonymes).


Cette page est réservée aux textes proposés à la revue lpb choisis parmi les plus récents, une autre page est réservée à l’historique des critiques..

- permettre à l' invité(e) de percevoir un retour large sur son travail

- intéresser au fonctionnement de la revue lpb

- favoriser la pratique de la critique en poésie, l'inspirer


Pierre Lamarque,.






CRITIQUE DE LA QUINZAINE


Mesdames, messieurs,


voici le résultat concernant cette poésie signée Stéphane Casenoble - que certains ont reconnu. (proposition du 21 03). Les avis sont plutôt positifs, nous en ferons donc un futur poète de service. Stéphane Casenobe est un habitué de la revue, ainsi que des éditions Lpb où il a publié un recueil dernièrement.


Amitiés


Les avis: 


1/ Stéphane Casenobe est un poète hors pair - un poète cinq étoiles.


2/  Évidemment, c'est génial, d'une rare profondeur de propos. Mais je sais qui est l'auteur et je l'ai même publié (Stéphane Casenobe). Donc je botte en touche, et mon commentaire n'est peut-être pas à prendre en compte. Habituellement, son travail a aussi une dimension formaliste (utilisation systématique des capitales et de la forme fixe du sonnet, distribution des blancs) ; or ce ne semble pas être le cas ici. Pour cette dimension en moins de son travail poétique unique, je ne mets, s'il me faut en mettre, que 4 étoiles au lieu de 5. 


3/ Dans le 1er texte, l'épithète "évoluée" est de trop, non pertinente car l'ironie n'est pas palpable même en rejet. 

A part ce bémol, j 'étoile à 4. 


4/ Personnellement, j'aime assez ces textes et leur trouve une véritable force poétique. Une réserve sur la thématique elle-même qui me semble un peu toujours semblable : l'écriture et la légitimité d'écrire. Il y a un côté théâtral ici, une contestation qui serait l'origine même de cet acte poétique. C'est intéressant mais j'aimerais vous cet auteur - dont je reconnais la "patte" - sur d'autres sujets qu'il maitrise moins.

Mais pour qui ne le connait pas, c'est vraiment très bon. 4 étoiles donc


5/ 

Un ensemble cohérent, qui tranche avec les envois habituels, plus "conventionnels".

Mais un peu plus de maîtrise orthographique pourra être souhaitée (on pourra aisément filer un coup de main à le relecture en cas de publication). Un côté décalé qui peut plaire à certains (moi), mais qui pourra en rebuter d'autres (je ne donnerai pas de nom !). Mais le tout s'essouffle dans le second degré, et dans l'écriture poétique qui se prend comme sujet d'écriture.

Après cette première lecture attentive, 3 étoiles pour moi, voire 3.5, et je pense que cela pourrait varier après discussions avec les amis !

 

Plus en détails et pour aller plus loin si besoin, voir ci-après !

 

Amitiés !

 

 

"Ecrire c’est partir chacun de son côté je crois ?" 

 

Un texte décalé à la Heptanes Fraxion, que j'apprécie pour sa légèreté, presque sa franchise, et ses quelques saillis poétiques, qui tendent au non-sens ou presque parfois. De la parodie, peut-être même de l'autopastiche. Parfois des tournures déjà lues comme le "je sais" très baudelairien.

 

 

 

"L’intuition d’un possible"

 

Petit morceau de bravoure :

"Je change ma façon de regarder le monde jusqu’au point de me désajuster…"

Mais on attendrait parfois peut-être un peu plus de rigueur, notamment sur l'utilisation ou non de ponctuation.

 

 

 

"Et pourquoi je mérite tant de belles choses ?"

 

Encore de la poésie tautologie se prenant elle-même pour objet d'écriture. 

Peut-être le plus "faible" de cette proposition, qui manque de peps poétique, de gaz poétique dirait-on aussi.

 

 

"Psychotique express !" 

 

De petits touches lorinesques presque, comme cet enfer qui redevient pour un temps habitable, qui clôt le poème sur une image forte. Mais le poème manquerait un peu de substance tout de même.

 

 

"Je n’explique pas bien la lumière que j’engendre"

 

À moyen terme, le thème et le sujet me lasse un peu. Dommage. Dieu et son emploi du temps, c'était une bonne trouvaille.

 

 

"Mes prières ont une faible empreinte carbone" 

 

Titre qui me fait sourire et qui conclut ma première idée : j'insererai le tout dans "Sans dessus dessous". 

J'aime bien "dans chaque enfant seul je me retrouve", en refusant d'y lire autre chose que ce que j'y lis, mais la tonalité générale des textes pourrait égarer. 



6/ 

Cette œuvre semble plutôt être une parodie de folie... Je ne la trouve pas très poétique. En tant que parodie, c'est réussi parce que je trouve la familiarité avec certaines répliques et attitudes, l'irrévérence de cette écriture. Aussi les mots ne sont ni beaux ni profonds... Je ne gagne rien à une seconde lecture. Au lieu de cela, comme toute parodie, le but est de dessiner une caricature de la folie que je peux saisir dès une première lecture.


Je parle maintenant en tant que personne titulaire d'une carte du folle, tamponnée par le gouvernement. Je suis surpris par la cible de la parodie... c'est comme se moquer des sans-abri ou des pauvres, ou de toute autre minorité comme les noirs, les juifs ou les LGTBQ+... comme si être fou était prévisible et pathétique... certes, être fou est une faiblesse. En tant que faiblesse, je ne pense pas qu'elle soit très différente de la faiblesse d'une autre minorité, car la principale source de faiblesse vient du jugement des autres.


7/ Le verbe passe en force. Pas de concession. Les images font péter les verrous de la mièvrerie métaphorique. Pas de concession vous entendez. Les vérités sont bonnes à balancer comme des grenades qui tombent en suivant la cadence du métronome, battant au seul rythme des pas du poète aux semelles d'électron excédé. Non, pas de concession. Chaque vers vient se planter comme un javelot enragé. Une belle suite de poèmes hirsutes, formant une échelle désordonnée, imprévisible, faite du bois dont on construit des ascenseurs jusqu'au-boutistes, lancés à grande vitesse. Introspection au chalumeau. Lyrisme-machines-de-chantier. Il y a de la délicatesse dans une âme qui tire sa lumière d'un vécu qui flambe tout sur son passage. Pas de concession. Verbe tension-détonation-déconstruction-ascension. Le vers dégondé comme un coffre-fort forcé au couteau de chasse, défoncé à coups de masse, n'en laisserait-il que mieux filtrer la lumière de l'être aux tripes irisées? Le perçu de leur incandescence encore tiède comme ultime cadeau lyrico-explosif ? 




 

Le jeudi 21 mars 2024 à 17:13:22 UTC+1, matthieu LORIN <matthlorin@yahoo.fr> a écrit :




Bonjour à tous,


La proposition du jour : à votre bon coeur, messieurs dames!


La proposition


Ecrire c’est partir chacun de son côté je crois ?

       Je sais les galaxies sans domicile fixe

Je sais de source sûre que les enfants vont bien plus vite que la lumière !

Dans l’urgence de vivre je me place en tête de l’échelle

Je dupe mon monde

J’escroque le milieu des lettres modernes

Et je n’en ai que foutre de la poésie actuelle

Evoluée…

L’intuition d’une possible intuition me gagne

Mon ange gardien a perdu les clés du Bercail

Vous-y-croyez-vous ?

Putain !

Démiurge mes couilles !

Je vis très en deçà du seuil de pauvreté

Du seuil de poésie aussi…

Il me faut trouver une force énorme pour écrire

Que sait-on d’autre à mon sujet ?

 

 

L’intuition d’un possible


       Tout ce qu’il y aura eu de beau dans ma vie s’efface en un instant

Je suis allé trop loin avec mes mots de service

Je me sens plus fort dans l’obscurité

Mon orchestre est prêt à jouer la symphonie du trouble bipolaire

Et j’occupe mon temps à regarder des anges disparaître

J’écris avec une main d’ange !

Je cherche en moi le mot révélateur

Le seul à être réutilisé…

La poésie n’est pas seule

Je ne l’abandonnerai pas

Je change ma façon de regarder le monde jusqu’au point de me désajuster…

Perdre

Ecrire…

D’emporter ce qui peut l’être encore

Rejouer la même partition inexorablement ?

 


Et pourquoi je mérite tant de belles choses ?

 

      Mes mots ressemblent à une femme

Je suis le féminin profane au deuxième degré sur trois

Mon appartenance à l’autre partie du sexe recommence…

Alors j’écris mais je ne sais rien faire d’autre

On ne retourne pas d’où l’on vient je crois ?

Car mes yeux agrandissent ce qu’ils touchent !

Il existe un monde en mesure d’accomplir des folies

Des miracles aussi…

Tout ce qui ne se dit pas s’écrit paraît-il ?

L’imagination me manque cruellement dans ce qui reste du jour

L’inspiration faiblit

Je casse le miroir des alphabets jumeaux !

Désormais prier n’est plus nécessaire

Oui

J’invoque un retour possible en poésie… 

 

 

Psychotique express !


        Il me faudrait purger tous les circuits du corps pour bien redémarrer !

Une chimie mentale est nécessaire ainsi qu’un très gros mal de tête à suivre

J’ai déjà joué cette partie et je l’ai perdue…

Ecrire pour si peu de chose ?

Vivre vient après parfois

Et parfois pas

J’ai ce reflux ce schizo-rythme dans la peau !

M’introvertir devient urgent

Devient la règle

J’inverse l’ordinaire

Je confonds les polarités

Lapsus vainqueurs !

Refoulements gagnants !

Dualités jumelles…

L’exercice est fini !

Il existe des mains pour prier et des mains pour bien faire…

L’enfer redevient fréquentable pour quelques minutes

 

 

Je n’explique pas bien la lumière que j’engendre


        Mon cantique vaut-il le ciel ?

J’ai découvert la porte un soir

Je m’y suis engagé

L’issue risque d’être fatale…

Et rien d’antérieur ne filtre de moi

Un rêve prémonitoire me devance parfois

Je les ai tous vaincus mes démons sans même les avoir affrontés !

C’en est suspect

Je suis un poète vainqueur

J’atteins les astres matinaux

Dieu aussi a un emploi du temps chargé

Ce qui n’est pas dans le poème n’existe pas

Ce qui est dans la vie est dans la poésie

Car le prince des ténèbres n’est plus que l’ombre des ténèbres !

De fabuleuses présences sont à venir

L’oiseau technologique a été abattu…


Mes prières ont une faible empreinte carbone


        J’ai des capteurs d’humeur dans mes mots bipolaires


J’écris en urgence relative

Absolue !

Le danger approche

Alphabets biochimiques

Tissus nerveux du langage

Les lignes bougent…

Mes prières sont des déchets à ciel ouvert

Des ordures libres !

Je remercie ceux qui me rendent le chemin difficile

A eux seuls mon estime

Ma reconnaissance

L’ennui c’est comme quelqu’un qu’on connaît mal !

Bien mal…

Ni la pâleur des nuits ni le sombre des jours ne suffisent à m’éclairer

Oui

Je l’admets

Dans chaque enfant perdu je me retrouve seul

Salement seul…

On n'emporte que soi là-haut !

Mieux vaut ne pas s’encombrer de trop de détails !