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AUTEUR-E-S - Index 1

34 - Bruno Giffard

Extrait de 'Plages'

J’entends des enfants courir

je vois l’aube descendre dans ses flots d’orfèvre sur ma tête –

dents serrées contre une paire de rails

car ma couronne s’effondrera dès les premiers tremblements de lumière

ration cousue


Cette fille pleure sur un banc

la lune la couve, lui dédie son lait

des pierres folles lui lèchent les pieds

l’air happe ses mollets –

monte sous la robe, tâter la fève des rois


chaque patient au nid de mes veines

consulte le cadran, qui éclissera les arbres


Il ne reste qu’une fontaine pour tromper notre visage

anguilles translucides par gerbe d’émeraudes


L’aurore perce, rose fin filtrant par la fenêtre

Les plantes dans leur pot repassent

nos pensées du jour à venir

Et le soleil monte pareil à un poing, qui brandirait des langues marinées


Des paroles s’emboutiront

dans les rues pareilles à un vilebrequin

de mes bras lentement

je me dépeuplerai

Avant de retourner à un grabat

songes sous la taie mauve d’une légende embrasée


Des haleines volent

les yeux virent derrière leurs paupières –

en nœuds lumineux

langueurs averties

chimères à la chaîne –

chaque souvenir s’aiguise contre ses déclivités

puis cède à la salive des noms


je cherche la force de sortir

m’adossant à la porte tirer des nuages de tabac

réfléchir l’avalanche des rires

sentir les phrases, phalanges qui s’échangent

redescendre sous une chair qui s’épuise

en contacts d’aura


panacée de soupirs

verrouillés par la force des doigts

sexes qui montrent leur mie

par terre à travers les bouteilles

je cherche la force de partir sans un mot

pour enfin oublier mon adresse

ne connaître que ce naufrage de paix

sans quitter l’extase de pièces qui s’inventent


aux chaudes séquences de fleurs

anatomie stroboscopique

ne garder sur la langue qu’un hasard de contemplation

chaque haleine amortie vers sa prochaine cambrure

il naît des cimes de semence