Le dépôt
Le Chaos
KO
KO
Le Chaos
Geoffroy Emmanuel Floret
KO
KO
Un nouveau copain
Je viens de rencontrer un arbre
Qui a une drôle de tête
Il a l’air sévère et sérieux
Et fait la moue
Je pense sans aucune palabre
Que je suis le seul
Sur cette planète
Mais il est là fier droit et sans le sou
Il a une chevelure incroyable
Qui donne à penser
A la profondeur de ses racines
Non ce n’est pas un érable
C’est un bouleau moqueur
Qui rêve de piscine
Ricochet
J’aime bien ce lac.
Je viens souvent au matin souriant, pieds nus, respirer.
Je sens l’herbe profonde, sous ma plante, Imprégné de l’humeur du jour.
Paisible respiration.
Mes pas me conduisent
Toujours au même endroit,
Vers ce vieux chêne.
J’aime m’y adosser,
Ecouter
En corps
Et encore
Le monde et sa respiration.
Toujours au même endroit,
Sous cette branche robuste,
Là, où mon père s’est pendu.
Ça me rassure.
Le pain
Le goût du pain
Porte en lui la promesse
D’y revenir
Comme une altesse
Peut mentir
Pour assouvir
Son désir
De la farine de la levure
Et de l’eau
Voilà tout
Béni, il a la dent dure
Pour les sots
Il a bon dos
Pour les affamés du paletot
C’est du soleil en morceau
Et pour toi, moi, vous
Un compagnon de goût
Et puis l’odeur du pain
Tout juste cuit
De la croûte à l’ami
Le copain
Le pain se partage au présent
Volutes
L’insouciance de l’enfance
Se bécote en silence
Entre les murs de l’insolence
Même les ronces s’en balancent
A vivre en toute innocence
Elle est douce notre France
J’aime les bignous les froufrous
Les ritournelles de la vielle
Les carrousels à un sens
L’accordéon des fous
Le bal musette à ton cou
Elle est douce notre France
Il y a un temps pour le chiendent
La guerre la misère et le sang
Il y a un temps d’hiver gelant
Mais moi je préfère le printemps
Les primevères sous le vent
Elle est douce notre France
D’aujourd’hui et d’hier
Le bruit des voitures me stresse
Le béton m’agresse
La télé sans cesse
Me botte un coup de pied aux fesses
Les politicards m’oppressent
Les meufs s’engraissent
Ma tolérance régresse
Les minots HS
Le fric qui rabaisse
L’électro et ses prouesses
Me font l’humeur vengeresse
Et laissent
Ma rage et ma haine
Hurler leur haine
Et pourtant
Moi je valse à mille temps
Sous un azur nappé de blanc
Et je chantonne aux sentiments
La chanson des vieux amants
J’ai dans la caboche
La mémoire et la mer
Les anarchistes
En tricotent les vers
Enterré sur une plage de Sète
Le moustachu est à la fête
Quand dans la nuit
Surgit un aigle noir
De Göttingen jusqu’à Paname
C’est toujours la même histoire
La chanson des loubards
Me colle à la peau
Sur les grands boulevards
Et tous leurs tripots
Emporté par la foule
Des matins qui dessoûlent
Un hymne à l’amour
Couve ce monde de tours
Des HLM blêmes
Dans la zone du huitième
Face à la ballade des gens heureux
Qui n’ont pas peur d’être eux
J’aimerais vous dire
Comme chantent les fous
Que ma plus belle histoire d’amour
C’est vous
La tambouille
Ici, On coupe, on émince, on tranche, on cisèle, on râpe, on désosse, on lève, on ficèle, on hache, on dénerve, on saupoudre, on sale, on poivre, on épice, on farine, on sucre, on barde, on farcit, on malaxe, on pétrit, on saute, on caramélise, on saisit, on rissole, on marque, on pique, on larde , on aille, on flambe, on huile, on vinaigre, on décortique, on épépine, on attendrit, on cuit, on mijote, on braise, on harmonise, on réserve, on ébouillante, on mitonne, on stérilise, on écosse, on égousse, on effile, on naît graine, on émulsionne, on fouette, on remue, on ébarbe, on épluche, on pèle, on équeute, on glace, on nappe, on enrobe, on lève une patte…
Bref ici, on cuisine !
Une pizza c’est rond,
Elle est livrée dans une boîte carrée
On la mange en triangles
Alors la logique,
On en parle ?
Tic… Tac… Tic… Tac… Croque
Je suis la mort et je croque
En vos horloges qui débloquent
Toutes époques emmêlées
Je toque
A la porte
De vos vies rêvassées
En aucune sorte
Vous ne pourrez échapper
Aux minutieux calculs
Qui vous mènent
Inexorablement
Dans mes appartements
Semblables aux cellules
Où vous vous rongez les sangs
Je suis la mort et je croque
Vos âmes piètres breloques
Où toutes époques dédaignées
Je troque
Au Cerbère de la porte
Vos vies essorées
Et voyez ces cohortes
Destinées aux charniers
De somptueuses et tristes pendules
Inlassables sabliers
Qui vous rongent les sangs
Notent inexorablement
Vos tics impertinents
Je suis la mort et je toque
Tic… Tac… Tic… Tac… Croque
Le chaton et le vieux
C’est l’histoire d’un chaton
qui n’était pas mignon
mais alors pas mignon du tout !
Pis encore ! Il en était fier ce grigou !
En permanence il paradait ça et là
des riches rues, en journée,
aux misérables égouts, la nuit tombée.
Il miaulait comme vache qui pisse
sous l’impatience des fenêtres, et comme le bon vaurien qu’il était,
se battait, pour un oui, pour un non,
voire même pour un peut-être.
Tout le monde le détestait,
Sauf le petit vieux de la fontaine,
Un grigou à la retraite
Qui jetait du pain,
tout en gueulant à leur passage,
à des pigeons de haut vol,
cette engeance d’escrocs sans chapeaux.
Ils s’entendaient fort bien,
tous les deux, le miteux
et le grégaire, seul et malsain.
Même entre eux ils se gueulaient dessus .
Mais la nuit venue,
une fois leur venin soulagé,
ils allaient, en boitant de méchanceté,
médire de l’odieuse journée.
Ils choisissaient un endroit
Où poser leurs cartons.
C’est souvent le chat qui le trouvait.
Après quelques éructations grasses
mêlées au feulement crasse du chat,
les étoiles planquées tout là-haut,
ignorant l’ignominie et les cruautés
de ce couple écœurant,
écoutaient en dansant,
la respiration profonde du vieux croquant,
habillée du velours ronronnant du chat aimant.
Souvenez-vous en…
Quand les tempêtes enlaidiront vos charmantes vies,
souvenez-vous en…
quand vous subirez l’absence d’un ami,
souvenez-vous qu’un grain de soleil
même venu des latrines n’a pas de prix.
Le ballon ovale qui rêvait de s’arrondir
Bien mise en évidence dans la salle à manger, trônait un buffet de style et bien ciré. Dans les tiroirs du bas, tirées à quatre épingles, empilées, baillaient des serviettes brodées et leur chère nappe. Sur la crédence, quelques napperons et autres bonbons de fine porcelaine embellissaient un ménage heureux de sa condition et, derrière les portes finement vitrées, paradaient, superbes et magistraux, les services à verres : la finesse du calice, les tendres baisers cristallins, les jambes d’une insolente beauté, les tulipes gourmandes de bordeaux, ou les plus gros ovales, taillés pour les somptueux bourgogne… ils défilaient, fiers et immobiles, prêts à servir. Les repas des grands jours nécessitent toujours une outrancière élégance. L’une de ces fleurs ovales avait cependant tendance à jalouser les autres verres, les ordinaires, rangés dans un buffet de misère, en cuisine, où dans un joyeux désordre tout à fait assumé, se mélangeaient des verres de toutes les couleurs, de toutes les formes, rarement plus de trois semblables, soufflés comme des chiffonniers. Et il y en avait un en particulier, qui servait plus qu’à l’accoutumée pour qu’on s’en jette un petit… Un verre modeste, épais, qu’on appelait ballon. On le remplissait, on le vidait, entre les rires et les ragots. Et tous les soirs quand se taisent les chandelles et que toute la maison dort, un verre ovale rêve de s’arrondir…
Lucie
Je vais toujours la voir dans sa prison, Lucie,
ma Lucie qui était si jolie.
Elle a mis un coup de frein à main dans sa vie, Lucie.
A force de la pourrir ses codétenues
ont été pires que le bras d’une Justice aveugle qui prolonge son supplice.
Elle était pourtant si jolie, Lucie,
Elle se conduisait prudemment Lucie.
L’hiver et le verglas s’étant durci, elle soignait sa conduite aussi.
Elle roulait au pas, jusqu’à son école, Lucie, pour dispenser son enseignement aux enfants de la vie, quand une grosse voiture vulgaire et toujours pressée,
l’a klaxonnée dur dans les tympans,
pour qu’on la laisse passer devant.
Surprise un petit peu,
effrayée surtout, en un instant réflexe,
elle mit un léger coup de volant
pour laisser passer le monstre bruyant.
Et là, sa vie prit un tout autre tournant.
Je vais toujours la voir en prison , Lucie,
ma Lucie qui était pourtant si jolie
Tout le monde l’appréciait, en faisait compliment. Elle était souvent la meilleure amie.
Le verglas aidant, les bandes blanches indiquent le passage aux piétons.
Elle glissait comme au ralenti, Lucie,
vers un groupe d’enfants en sortie pédagogique.
Elle ne pouvait plus rien faire, Lucie…
Simple spectatrice, elle vit la voiture en blesser cinq.
Deux en moururent sur l’instant.
Sa vie à elle aussi était foutue, hantée par un présent perdu.
Elle subit les courroux des parents
qui la pointaient du doigt, sabre dans le gant,
et les procédures sans âmes.
Tous unirent leurs armes
pour la jeter une fois pour toutes,
dans un cachot sans voûte, ni fenêtres,
où ses compagnes nouvelles lui arrachèrent
ce qui lui restait d’humanité.
C’est un zombie à présent ma Lucie. Je retourne la voir de temps en temps.
Mais une autre forme sans vie
se meut à sa place, orpheline de toute émotion.
Moi je te pleure tous les jours Lucie, ma jolie,
maudissant à cœur et à cris
la grosse bagnole et les enfants innocents
qui ont mis mon âme en chagrin, en m’enlevant ma Lucie.
Je ne viendrai plus te voir de temps en temps, ma Lucie.
L’effroyable néant qui nous sépare maintenant
est trop lourd à porter vraiment.
Pour clore la beauté du geste,
je ne t’ai pas dit, Lucie,
que toi à ce moment précis, Lucie,
tu attendais mon enfant.
Menteuses vérités
La vérité n’est qu’une illusion
sur laquelle on s’accorde
La réalité n’a point
de miséricorde
Elle est sans gentillesse ni cruauté
juste un miroir
une réplique
de ce que l’on se force
à croire
en supplique
A chacun douze heures
à sa porte
cela fait beaucoup de midis
Si la pluie reste la pluie
qu’importe
le soleil du voisin
tant qu’il n’ombre pas
nos pas tant qu’il nous laisse nous perdre
las et voluptueux
dans l’exquis chemin
des expériences
qui nous forgeront
ou pas
A pile
ou face
le choix
de ne pas avoir à faire de choix
n’est qu’une vérité
une illusion
Le match
Les Bariolés sont pris en seringue dans cette mi-temps tandis que les Bleus donnent l’impression de maîtriser leur sujet. Oh ! le contre inattendu, le réveil, l’orgueil des Bariolés qui tentent une échappée. Oh ! la ! la ! Regardez-moi cette souplesse, ce jeu de jambes impeccable qui vient à bout de un… deux, trois barrages ! C’est énorme ce que font là les Bariolés, même si on assiste à un renfort de la défense des Bleus, submergés par les Bariolés qui jouent à domicile, rappelons-le.
Les Bariolés qui insistent, les Bariolés qui ruent dans les brancards. Ça tient du miracle ! Les Bariolés veulent mener l’action jusqu’au bout. Ils sont à deux doigts de remporter le…
Oh ! Mais qu’est-ce que c’est ? Un Bariolé s’effondre soudain. Un coup de feu est parti.
Sous une salve d’indignation le public réclame un arbitrage vidéo et … la vidéo confirme ce que le public n’a pas ignoré de voir. On attend impatiemment, dans la plus grande confusion, le verdict de l’arbitre. Les Bariolés crient au scandale et les Bleus à leur légitime défense. Que va dire l’arbitre ? Il parlemente avec ses adjoints sur la touche. Après mûre délibération, incroyable ! L’arbitre donne le bénéfice du doute à la légitime défense. Le public est scandalisé. Les Bariolés crient à l’escroquerie. Espérons que le match où les Bariolés ont frisé le miracle ne finisse pas dans la rue, à l’air libre du tout-venant…
Merci…merci… Il est l’heure à présent de vous quitter pour la suite du programme. Nous vous garderons bien sûr au courant de l’évolution de cette triste affaire et avant de retourner à votre programme, n’oubliez pas de manger cinq fruits et légumes par jour et ne parlez pas aux inconnus.
(Violons et clochettes se chargent de la transition)
Le petit Abdel est mort. On voudrait le pleurer mais on ne peut pas. Abdel a fait de trop nombreux mauvais choix. C’est pire encore. Les émois, les réflexions et les débats que suscitera ce fait-divers nous distraira quelques jours de l’essentiel entre deux spots publicitaires. Et puis on rejouera le match encore et encore. Triste sort.
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« La Française des Je »
Depuis que des brebis ont pondu des loups
tout est sens dessus dessous même s’il est vrai
que le dessous des uns fait le dessus des autres.
Chant des crépuscules
La guerre s’en vient mon ami
La guerre s’en vient
Pleure, crie et colère tout ton saoul
Danse et chante pluie
La guerre s’en vient mon ami
La guerre s’en vient
Bois tout ton trou Et mange vie
Nul drapeau, nul repos
Juste des os, Sangs et eaux sous la peau
De Damoiseau
Les terres brûlent mon ami
Les terres brûlent
Au levant le couchant se crie
Comme charogne émascule
Les terres brûlent mon ami
Les terres brûlent
Valsent les aiguilles du temps
Grises les ombres circulent
La paix nous meurt mon ami
La paix nous meurt
Ivresse et frénésie s’entretuent
Et violent l’honneur
Génération perdue
Je suis de cette génération
Qui se faufile entre les obligations
Remonté comme une pile
Vous façonnez le monde où nous vivons
Nous en sommes désolés, croyez-le bien
Je suis l’enfant
Qui tartine sa biscotte avec un soin particulier
Dans la hantise de provoquer un séisme
Où se lézarderont les failles qui détruiront
La terre en sinistres cicatrices
Ce petit garçon je reste
A prendre le temps
De sauver son oiseau imaginaire
Qu’il a trouvé au détour d’une pensée noire
Je suis l’adolescent mal luné
Qui frissonne au premier nuage venu
Je suis de cette génération perdue
Les bombes à retardement se paient toujours au comptant.
Bestiaire
J’étais là, avec mon manteau mou, mon chapeau noir, parapluie en main, on ne sait jamais, et les pieds à dix heures vingt.
Soudain un éclair blanc vint trouver mon équilibre. J’étais à peine remis de mon désarroi et encore désappointé par cette mésaventure, qu’un chien en casquette avec une sacoche au cou, me tapota l’épaule. Il me demanda, les oreilles à l’affût :
« Vous n’auriez pas vu passer Major ?
- Qui est Major ?
- Mon chat.
- Si vous parlez de cet éclair blanc , oui je l’ai vu.
- Et dans quelle direction ?
- A l’est.
- A l’est ? Tiens donc ! C’est étrange… »
Et lui aussi se rua à l’est.
Et je les vis réapparaître, le chien sous sa casquette et le chat blanc avec un joli nœud papillon noir. De loin en près je voyais le chien donner des ordres simples, tout ce qu’il y a de plus sommaires, au Major qui s’exécutait.
Quand ils furent arrivés à ma hauteur, je ne pus m’empêcher de glapir, curieux :
« Excusez-moi mais ceci m’intrigue. Qu’est-ce qu’un chien fait avec un chat ? Ne dit-on pas « s’entendre comme chien et chat » ?
- Effectivement, me répondit le canin, comme il est sûr aussi que les chiens ne font pas des chats.
- Alors comprenez ma surprise !
- Oui monsieur. Les chats ont du bon sens et sont incapables de goûter à la stricte volupté du dressage. C’est pourquoi il faut les domestiquer.
- Ah bon ? et pourquoi ?
- Parce qu’un chat bien domestiqué fait un excellent majordome. »
L’automne des sens
Je n’ai pas faim
Je n’ai pas froid
Mon ventre est plein
Pour une fois
Il me faut vêtir
Pour être bien
L’odieux costume
Du sobre
Qui écume
Les joies, les failles, les défaites
Qui sont des victoires
Ces envies
Qui braillent en silence
Je m’en nuit
De ce monde trop carré, trop parfait
J’écris, oui ! J’écris, moi
Le crache-mégots
J’écris pour les sots
Pour les édentés du boulevard
Pour le sinistre carnaval
Où trop de pipeaux tuent le pipeau.
Les troquets
Les troquets sont merveilleux
De l’ennui pittoresque
A l’affrontement brutal
La poésie en perd ses verres
La magie se cache
Sous le moindre mégot
Elle taquine espiègle
A leur propre piège
Les qui savent tout
Et qui sont bien heureux
De le faire savoir
Entre les bougonneries
De la tenancière
Et la puanteur âcre
De ceux qui dépensent
Ce qu’il reste
A grands coups de rosé
Et puis il y a moi
Silencieux
Ami de mon précieux carnet
Les oreilles aux aguets
A colorier
Les troquets sont un jeu
Où le réel devient fresque
Le modeste d’énergie pâle
Trouve un inconnu
Pour frère
Le temps qu’il reste
Des sous
Pour partager ses maux
Ou ses visions d’aigle
Les braves peureux
Font la foire des bavards
Entre les ronchonneries
Du tenancier fier
Et la puanteur âcre
De ceux qui pansent
La vieille peste
Comme on polit
Un vieux trophée
Et puis il y a moi
Candide, goguenard
Aux aguets
Aux chevilles enflées
A chanter déplaisant
Les hommes tels qu’ils sont
Le bec cassé
Je sers de becquée
Aux entrailles du feu
Il ne plaisante pas le feu
Avec le pieux
Et l’inavouable désir
De se prendre pour Dieu
Mariant sans vœux
Le pourpre et mon repentir
L’orgueil est la plus grande force de la défaite à venir
Mais vous avez tant souffert de me voir couler ma propre galère``
Muse à lier
Il n’y a rien de plus terrifiant
Qu’un miracle
Ça laisse un goût amer
A la suite du spectacle
Ma muse m’a abandonné
Dans le caniveau
Oh ! je sais un nuage noir
N’est pas toujours un signe de pluie
Mais faites attention tout de même
Si les murs ont des oreilles
Les ténèbres elles, ont des yeux
Et vous paissent en toute débâcle
D’illusion
Ce mensonge qui accompagne les vérités
Même celles de trop
Surtout celles de trop
Alors Je divague dans cet océan embrumé
Maintenant que
Ma muse m’a jeté dans le caniveau
Pis que pendre
J’ai fait bien pis que pendre
Je me suis flingué
Dans le bas-côté du quartier
Sous l’œil impatient
D’un noir corbeau
Qui attendait sa pitance
Allez viens corbeau des cendres
Jouer du bec dans mes tripes
Prendre mes yeux en grippe
J’ai fait bien pis que pendre
Alors je me suis flingué
Dans les bas-fonds du quartier
La sournoise nuit m’a appris
Que tout ici-bas a un prix
Mais à ne pas vouloir me vendre
A ne pas avoir tué mon enfance
J’ai fait bien pis que pendre
J’ai interdit à mon noir soleil
D’EXISTER
La pelle
Je vis dans l’éclat
Dans le terne
Du funeste
Je suis un poids
Dans un écrin
De pacotille
Je suis celui
Qui muse
Qui s’use
qui s’ennuie
Un trouble
Vieillissement
Pour tout décor
Sans contentement
L’aurore vient encore feutrée
A peine humide te susurrer les maux d’après
Ceux que hier tu n’as pas écoutés
Pensez aux mirages de la peine
Pensez à ceux qui creusent
Ce qui creuse
Qui creuse
L’être sans somme
Un trou
De corps et d’âme
Un vide qui n’a pas lieu
D’être
Et pourtant si présent
Un tourment
Sans nom ni paraître
Tranchant comme une lame
Cette creuse impression
De naviguer sans vue
Sur le bateau des autres
Ecumant
De tous les océans
Ces rocs de terre
Où se vautrent
L’amer et le déçu
Sans invitation
Une maladie te ronge insidieuse
Tu n’en peux contempler
Que les dégâts
Sur toi
Sur ton entourage aimé
Dont l’aura vicieuse
Fait de toi
L’impie
Le bourreau
Le salop
Le qui comprend pas
Le qui fait payer aux uns
Le malheur des autres
Et vice versa
Celui qui ne respire plus les fleurs
Mais qui les coupe
Celui qui ne voit plus dans le soleil
Qu’un sujet de brûlure
Celui qui s’enfuit de lui-même
En lassant les autres
Celui qui pleure
Parce que son heure
Ne vient jamais
Celui qui rit
Faute de mieux
De ses désespoirs maquillés
Qui se croisent élégants et sans pitié
Cet être de chair et de vent
Délaissé par les nuages eux-mêmes
Ce rêveur sans sommeil.