Le dépôt
Présentation de Dérives - Poèmes extraits de Dérives (II)

J’aime bien vieillir j’aime bien la pluie froide j’aime bien décevoir. J’aime bien le parfum citronné du liquide vaisselle. J’aime bien les murs que je regarde quand j’urine dans la rue. J’aime bien me sentir inutile quand je dors le matin. J’aime bien apprendre que quelqu’un est mort la semaine dernière. J’aime bien les mauvaises nouvelles qui ne nous apprennent rien. J’aime bien qu’on me dise que je ne suis rien que je ne suis qu’un vaurien. J’aimerais flotter sur les nuages et sur le dos du vent.
Marine est gênée de voir Jean-Marie délirant. Elle ne comprend rien. Elle ne comprend plus rien. Elle pleure dans son sac à main. Elle part sans dire à demain. Elle s’en va s’acheter du pain Elle s’achète un chien. Un petit caniche nain qui lui lèchera les seins.
Je ne suis pas comme l’autre celle qui s’appelle Circé. Circé prend de l’héroïne. De la méthamphétamine. Elle vend son corps en lambeaux contre deux ou trois euros. Et le soir dans l’urinoir elle voyage dans un trou noir.
- Je suis morte.
- Que ne me dis tu ?
- Je suis morte. - Ce n’est pas possible je le saurais. - C’est la terre qui m’a tué mon fils. - Que ne me dis-tu maman ?
À l’approche de l’été
sur mon sein moelleux
une libellule.
Couchés sous le saule
ton doigt sur mes lèvres
je rêve alanguie.
Dans les herbes folles
tu lèches ma peau de pêche
un chat nous regarde.
Orage en approche
un oiseau ferme nos yeux
ta main sur ma joue.
Nos heures suspendues
le mouvement des saisons
ne nous atteint pas.
Mon bel adoré
sur les os du vieux monde
j’ai chaud je t’aime.
Le temps immédiat. J’absorbe le temps immédiat. L’instant vivant s’échappe. Meurt dans la nuit.
Je parviens à me souvenir d’hier. Mais. Plonger dans le temps lointain m’abime. J’aimerais n’être à vos yeux qu’un souvenir.