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DANS LE NOIR DE L'ÉTÉ [poèmes publiés dans le n° 50 de la revue Hopala ! La Bretagne au monde, décembre 2015-mars 2016]
DANS LE NOIR DE L'ÉTÉ
[poèmes publiés dans le n° 50 de la revue Hopala ! La Bretagne au monde, décembre 2015-mars 2016]
enfant tu écoutais
les rouges glossolalies d'une vieille jument
perdue dans le bleu pur ;
le tesson d'une fenêtre
ce sommeil cassé d'une poupée sur une chaise de paille
rêvant d'un visage à peine évolué dans la poussière épaissie d'un chemin sec
la ville blanchâtre
sous la ligne dure des collines
dans les armoires on a plié les ombres de l'été
un rivage de lin et de menthe
tes hanches une cicatrice de craie
l'écorce du feu
brassons le linge maigre
ce goudron d'ombres brûlantes
fourmis dans l'œil du vieux cerf
un cœur de porcelaine poussiéreux
dans la forêt il y a ces masques d'écorce,
l'oxygène grimaçant
coupures sur la peau,
ta nuque dans le lit
la terre écarlate ces fragments bordés
d'ombres violentes, muettes
une rayure d'eau claire puis les tuiles
comme de la chair de tomate
la tête sanglante des coquelicots
ce sang noir brumeux de l'enfance
l'ombre brisée sur la table lavée de lumière
une assiette légèrement fendillée
où dort le feu solide et calme d'un couteau
des épluchures moites de poires
bourdons coléoptères
une goutte de sang le veau somnole dans le feu
lumière de cette glaise de poterie brassée d'ocre jaune
un tournesol à la tête lourde penche tel un pénitent
un chat hume la saveur solaire d'une fissure
mur d'une forge dans les ronces ton chemisier
comme un cocon d'araignée défait
un chemin fait de caillasse l'antre des cochons
sommeil d'un jaune âcre citron
mollusque de lumière
le mauve fangeux et lourd d'une figue
comme un sein marbré
le halètement des bêtes
cette paume creusée d'insectes noirs
un astre de boue durcie
silex et scarabées fièvre des roseaux
le delta
buvant l'azur géomètre
une terre que brasse ce vent coupant venu de l'est
marécage du sang longues tiges des feux
sel noir
lumière rousse comme saigne une chair d'orange
mur d'abricots et de nuit
charbon et ficelle
des os de poulet
des feuilles dans l'eau bouillante
la sinusite du cheval
dans le lit
le murmure cendré de tes veines ce
trou rouge
au milieu de la tête
fenêtre grise du matin
un troupeau fantôme
la lueur de vin des champs
le peuplier près du cimetière
une couleuvre passe entre tes jambes
des pierres de sang et de rêve
dorment dans tes mains froides
traverser
cette glaise le village
oublié de la mal-mort
un scarabée vieillissant dans des lézardes solaires
poussière et laine hors des feux
de l'après-midi
l'œuf encore chaud au centre des mondes
un nuage de fleurs de pissenlits
ce petit chien aux yeux de châtaigne
l'enfance hirsute vibrant dans la fraîche luzerne
l'étable et cette lueur fauve
dans le regard de l'âne
ta chair d'orage et d'ambre l'orge mûrissant
le grenat doux des champs
et puis ce visage de prune d'autrefois
la profondeur du feu
ce qui veille sur nos nuits
désert d'os de ces baleines
étripées et vidées
des gisants blanchis
reconstruisant le ciel
une nudité spongieuse
sous les décombres de la mer
te porter sainte et impure
comme on porte une ombre
à la verticale de nos vertèbres
pulpe de chair vulvaire velours
dru où se fend un noir delta
l'humidité sombre aimée du feu