Le dépôt
Florilège du plus récent au plus ancien
Nuit blanche
le vent le rouge et les marsouins
naviguent à vue
dans un lundi matin qui n’a pas vu le jour
pas encore ni la nuit d’ailleurs
ni les abysses ces gouffres triomphants
d’ailleurs et d’ici présent
**
Sale obscur
non non non
tu m’as dis non trois fois
t’as mis tes rangers t’as fermé ton long manteau t’as claqué la porte derrière toi
comme on se protège d’un courant d’air
le courant d’air c’était moi
pourtant
une fois tu m’as dis oui
une goutte venait de tomber de l'auvent
sur mon mois de janvier
tu ressemblais à une héroïne de Coppola
regard cerné passé troué café sucré
le charbon de tes yeux promesse vengeresse
sans les sous-titres et sans concession
c’est dans ce jour brumeux ce jour d’errance
au temps pris en otage que tu m’as choisie très sûre de toi
j’ignore pourquoi
Elle entre dans votre vie comme un
rayon de lune apparu sur le fil d’un
couteau aiguisé
dans ses draps pourpres froissés
parfois Elle souffre et sa lame se délie
et Elle c’est toi et moi et moi sans toi j’ai perdu Celle
la silhouette de ce que nous sommes
quand rien ne dort
pourtant
une fois tu m’as dis oui et j’ignore pourquoi
hier tu m’as dis non
alors
seule sous l'auvent mouillé
d’un mois de janvier perdu sans traduction
je me demande tout bas
qu’aurait fait Coppola ?
**
Tonton Noël c’est le patron de Novembre
et les autres le tohu-bohu les écrase
comme des fourmis ils glissent sur les bûches
en criant sur grand-maman mais il faut bien être content
pour la photo le vingt-cinq décembre
alors ils achètent à leurs enfants des sapins steroïdés
moi j’ai commandé un casque antibruit au Père Noël
et il m’a ri au nez.
**
Et puis un jour tes yeux
et puis un jour tes yeux.
tes yeux-bouche m’ont souri dans le noir
de ma vie l’encre de Chine s’est diluée dans tes regards épis de blé
épris sur tes genoux
l’encre pleuvait des trous
dans la page aux croûtes de peinture accumulées
par les années couchées sans toi
j’ai pleuré
sans toi
j’ai pensé
la feuille
abîmée
sans toi
par les larmes
par les tâches de peinture accumulées
pourrait se déchirer si tu ajoutais ta touche
ta toile était en lambeaux quand je t’ai connu
tu as repoussé mon pinceau
alors devant nos tableaux d’Existence
nous nous sommes tus
et puis
j’ai mesuré le poids des plaisirs dans ton sourire écorché
mais
une mèche se coince entre mes dents et tu ris
et ton rire en éclats fait voler le feuillet
tâché troué de nos Existences
soudain une feuille blanche apparaît
son grain est plus fin son carton plus solide
et l’espace qui s’y noie tous deux nous rend libres
et heureux.
tu m’as prise par l’absurde je t’ai connu devant la
porte
c’est dans tes bras endormie que j’ai dis oui au réveil
comme plus tard je l’ai compris
**
Le consulat du pas grand chose
Aux nuits sans jours.
Nos vies s’exaltent de paradis artificiels,
Où l’enfer vivant tremble de honte.
I.
cauchemar rouge sur lavabo blanc il se lave le nez
je lui tend un sérum physiologique qui ne réparera rien
ni la rosée-larme du matin ni l’avenir qu’il tenait pour acquis
ni l’errance à laquelle il se condamne
rien
ni même la nuit qui meurt
dans cette aube rouge sur céramique blanche
ni même son nez et son chaos me crie tout bas
la pureté blanche sur la bile rouge qui recouvre les murs
bienvenue au consulat du pas grand chose
II.
L’avenir appartient à ceux qui se lèvent à Gambetta.
« Je viens de me vomir dessus »
(On avait perdu Modération).
Anton, ça va ?
Le T-shirt est à mon ex
Il t’ira.
Où est donc passé mon hypothalamus ?
Heureux qui comme Ulysse,
A fait un beau naufrage
Où est donc passé ce stylo ?
- Par la pureté de ces pages
Et nos cadavres ?
Ah ça Monsieur, ils sont exquis.
Il est cinq heures.
Et la vie rôtit
Dans le four de l’existence.
Il fait jour.
Et la nuit,
Se suicide
Comme toujours.
Mais l’avenir appartient à ceux qui se lèvent à Gambetta.