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AUTEUR-E-S - Index I

10 - Patrick Modolo

Textes


Mascaret

Gronde

Gironde

Sur ton onde

Intuition sonore

Que ton bruit inonde

Le long d'immobiles mascarons

Que ta vue masque jusques à la Garonne :

Voici que naît ton mascaret

Qui aussi tôt

Disparait !


Pars !


Pars !

 

Pars ! Pars !

 

Pars !

 

Largue les amarres

De ta vie

Abandonne-là

Tes souvenirs !

 

Pars !

Sans escale

Voyage !

 

Pars ! Pars !

Pars loin d’ici !

 

Pars ! Pars 

Découvrir de nouveaux pays

De nouveaux paysages

De nouveaux paris

Et d’infinis

Passages

 

Pars ! Pars !

Et regarde derrière toi

S’évanouir l’onde des toits

 

Pars !

 

Pars ! Pars !

 

Pars !

  

Caresse les visages

Par les temps assagis

Invente des cavernes obscurcies

Traverse des plages, des places, des villages

Dépasse les âges

Et quitte

Cette galaxie

 

Pars ! Pars !

Sinon le regard hagard

Des ombres faméliques

Te rappellera

De bien tristes nuits

  

Pars ! Pars !

Les arbres de marbre

Te l’ont déjà dit :

Le Voyage est la base

Qui t’évitera

L’Ennui

  

Pars !

 

Pars ! Pars !

 

Pars !

 

Va visiter

Les parois d’albâtre

Des villes imaginaires

Des cités lointaines

Souterraines

Souveraines

Et d’autres

Disparues

Enfouies

Englouties

 

 

Pars ! Pars !

C’est la marche de sable

Qui guidera ton pas

Fragile

Et transformera

Ton horizon pâle

En ligne verticale

 

  

Pars ! Pars !

Déplace les montagnes

De ton Existence

Abolis ton Enfance

Renie ton Adolescence

Assassine ta Mémoire

Et sa mélancolie

 

 

Pars ! Pars !

Assombris les nuages

Et les transperce

Traverse l’orage

Et ne t’arrête pas

Lorsque tu rejoindras

Les étoiles filant vers l’avenir

 

 

Pars ! Pars !

Va-t’en fuis

Ton destin te suit

Pars ! Pars !

Le sort t’a choisi

Pars ou bien subis

Car déjà la Parque

Luit aux côtés

Du fatal

Nocher

 

 

Pars ! Pars ! Pars !

Pendant qu’il en est temps

 

 

Attends

Entends

Ecoute

 

Ecoute le Temps

Passer à tes côtés

 

L’âme des lames

Vagues et lasses

Se brise

Se vide

Se déchire

 

Pars !

 

Pars ! Pars !

 

Pars !

 

 

Pars ! Pars !

La nostalgie te berce

Et te verse son infâme

Et diabolique mélodie

 

 

Pars ! Pars !

N’accorde pas crédit

Aux chants de ces si

Charmantes Sirènes

 

 

Laisse-là la Chimère

Accrochée par sa chaîne

A cette maudite Terre

 

 

Maintenant pars !

Pars ! Pars ! Pars 

Avant qu’il ne soit

Trop tard !

 

 

Pars ! Pars !

 

 

Pars ! Pars ! Pars loin d’

Ici bien d’autres

Ont péri

 

 

Pars ! Pars ! Pars !

Pars ! Pars !

Pars !

 

 

Car

Là-bas

T’attend 

L'Eternel

Infini


   Banlieue


A Lawrence Ferlinghetti, et Abdel Malik


Je dis banlieue

Lieu du ban

Lieu dit

Du bandit

Lieu du non-dit

A cent, mille lieues

De se douter que

Les bannis

Ne sont pas des bandits

 

Paris

Lyon

Marseille

Bordeaux

 

Je dis banlieue

Lieu mis au ban

Au ban du Droit

Du droit du sang

Sans bain de sang

A mille, dix mille lieues

De se douter que

Les bannis

Ne sont pas des maudits

 

Lille

Toulouse

Grenoble

Mulhouse


A une lieue

A cent lieues

A mille lieues

A mille et une lieues

De ces lieux-là mis au

Ban

Je dis Banlieue

Lieu sans foi

Lieu sans loi

Loin s’en faut

Ban sans feu

Ban sans lieu

 

 

Banlieue

Je dis Banlieue

Oasis pourtant tarie

D'une seule France

Fascinée de mille bannières exilées 

Mille et une fois plus riche qu'hier



De La Ville de Mirmont

 

Jean

Jean de La Ville

Jean de la Ville de Mirmont

 

Sergent

Sergent de La Ville

Sergent de La Ville de Mirmont

 

Ta vie fut brève

Ta vie fut belle

Ta vie fut celle

D’une même génération

 

Soldat reconnu

Méconnu poète

Être de renom

 

Ta vie fut belle

Ta vie fut brève

Ta vie fut celle

De ton chimérique horizon

 

Nostalgie sans retour

Voyage à rebours

Dans un si large sillage

 

Ta vie fut brève

Ta vie fut celle

Ta vie fut belle

Des belles-lettres

De ton noble nom


  



Le bègue

 

 

Le bébé,

Le bébé,

Le bébé,

Gai, gai, gai,

 

Le bébé gai,

Le gai bébé,

 

Le bébé gai, gai,

Ment, ment, ment.

 

Gaiement, gaîment,

Le bègue ment,

 

Plus il, plus,

Plus, plus il

Essaye,

Ressaye,

Teste,

Déteste,

Tente,

Une distante

Attente,

 

Puis il prend

Entreprend et reprend,

Sans cesse,

Sans cesse,

Sans cesser

De cesser,

 

Plus il pète,

Pète, répète,

Plus il bille, bille

Babille,

Plus il ment,

 

Bla-bla,

Bla-bla-bla,

Déblatère-t-il,

Il force et s’efforce,

Il douille,

Bredouille,

Sans arrêt, 

Sans arrêt,

Sans arrêter

De s’arrêter,

Il commence,

Recommence,

 

Il fouille,

Bafouille,

Il dote,

Radote,

Sans cesser

De s’arrêter,

Une lallation

D’émotions,

Un fatras

De phonèmes,

Un charabia

De morphèmes,

Un salmigondis

De consonnes et voyelles,

Un amphigouri

De syllabes rebelles,

Un galimatias

De monèmes,

Un imbroglio

De lexèmes :

Il désigne le qui par le quo !

 

Mais affable

De vocables,

Il hasarde

Une sonore harde.

 

Puis dans un élan

Sans bégaiement,

Il finit en disant

Haut et clairement :

« Quel poème ! »

 

 

Paris, gare du Nord,

Beauvais, Décembre 2005



 

  Hurle Huttunen!


« C'est comme un choc dans la tête..»

Arto Pasilinaa,

Le Meunier Hurlant, éditions Folio


Hurle

Hurle Huttunen!

Hurle!


Un hurlement de sang

Porté par le vent


Meunier ne dors pas : veille


Ils sont là qui te surveillent

Ils te guettent et te traquent


Eux qui t'ont jeté à l'asile

Eux qui t'ont réduit à l'exil


Ils t'ont banni


Hurle

Hurle Huttunen!

Hurle!


Hurle-leur ton cri de Vie

Celui qui déchirera leurs tympans

Et décomposera leur âme!



Meunier

Hurlant

Assourdissant

Laisse

Ton humanité s'exprimer

Laisse

Tes libres sentiments à l'air

Hurle Huttunen!



Laisse

Le silence se taire

Laisse

Ton hurlement se faire

S'exprimer ce qui est

Dans tes gènes

S'assourdir tous ceux-là

Qui te gênent


A pleins poumons

Crie

Crie ta Vie

A ces statues de cire

La force de ton cri


Crie toute ton ire

Ta force est ton cri

Ton cri est ta Vie

Vis

Ne retiens plus

Ton souffle de vent


Tu n'es pas différent

Tu es unique

Cela

Ils ne l'ont pas compris

Hurle

Hurle Huttunen !

Hurle !

Car

Tu

Es

Toi!


ABraCaDabra : au pied de la lettre !


Placez de petits mots,

Dans un très grand chapeau :

C’est bien ici le hic

Comme ils se font la nique !


Le A vient en avance,

Bondit après le B,

Le C suit la cadence

En devançant le D.


Le E s’ébat ensuite

Lié au F en fuite ;

Le G fait galipettes,

Le H derrière halète.


Le I l’imite alors,

Jetant le J dehors.


Sans faire cas du K

Le L longe le pas

D’un M qui marche las.


Le N navigue haut,

Ouvrant la voie à l’O.

Le P crie « Pathétique ! »,

Qu’un Q d’un pas ne quitte.


Le R rampe à la traîne,

Le S suit hors d’haleine,

Le T ne tarde plus

Uni au feignant U.


Le V vient vite après

Le wagon W,

Dont s’extirpe le X ;

Y courent le Y

Et le Z zigzaguant.




A fleur de peau


Dédicace


Tu es

Mon plus beau poème

Car je t'ai écrit

En lettres d'amour

Avec ta mère

Tant on s'est dit

« Je t'aime » !

samedi 7 septembre 2013

10h30


Ta Maman et Moi


Ta Maman et moi

Avons ramené

Non sans grand émoi


Une petite graine

De lune de miel


Ta mère,

La voici pleine

D'Amour

Existentiel

Sublime

Une vraie dune


Et moi

Au septième ciel

La tête

Dans cette lune-là

mercredi 27 novembre 2013


Attendre


Surprendre


Comprendre


Attendre


Apprendre


A te rencontrer...

non daté


Dans son ventre


Ta mère t'a dans son ventre

Comme je l'ai dans la peau


Et c'est avec mon sang d'encre

Que je te touche de mots


Que ces lignes enseignantes

Puissent te toucher bientôt

septembre 2013


Dans mon cœur


Ta mère

T'a dans son ventre

Comme ton père

T'a dans son cœur


Bien au chaud dans cet antre

On t'espère

Une vie de bonheur


Je n'en peux plus d'attendre

Ce Jour J

La bonne heure

Où ta mère

T'engendre

mercredi 2 avril 2014


T'imaginer


J'en passe

Du temps

Tant de temps

A imaginer


Comment

Se dessineront

Tes traits

Ton visage


J'en passe

Des heures

Et des heures

A me figurer


La douceur

De tes yeux

Très rieurs

D'avoir entendu

Ta mère

Te bercer

D'amour


J'en passe

Des jours

Et des jours

A tracer


La ligne

Droite ou courbe

De ton nez

De tes lèvres


J'en passe

Des mois

Et des mois

A sculpter


En pensée

Cette vie

Si nouvellement

Née

Et pourtant

Encore

A venir

vendredi 7 février 2014


Son ventre rond


Son ventre rond

Comme un ballon

S'ouvre à la vie

De nos envies


La vie va naître


Un petit être

Va apparaître


Te voilà

Te voici


Vite

Vite

Que tu arrives !

mercredi 19 mars 2014


Vendredi treize


Vendredi treize


Te voici bien


A fleur de peau

vendredi 13 décembre 2013


T'entendre


T'entendre


Vivre déjà


T'attendre


Entre ses bras


Comprendre


Que tu es là...

samedi 23 novembre 2013


Quand vas-tu n'être


Quand vas-tu n'être

Qu'ici et là 


Quand vas-tu paître

Ce sein de soie 


Quand vas-tu mettre

Elle en émoi 


Réponds peut-être

Dans deux trois mois

Quand tu naîtras...

mercredi 12 mars 2014


A Fleur de Peau


Mai

Mois

En émoi


A fleur de peau


Mais

Toi

Tu es là


A fleur de peau


Mets-

Moi

En émoi


A fleur de peau


Et toi

Et moi

Nous voilà


Contre sa peau

dimanche 15 décembre 2013

samedi 21 décembre 2013


Comme un cadeau


Comme un cadeau

Bien emballé


Nous t'avons

Senti vivre


Le jour-même

De Noël

mercredi 25 décembre 2013

19h/20h


Au son de ma voix


Te rappelleras-tu

Lorsque tu sourcillas

Tout bas

Au seul son de ma voix 



Non

Non

Je le crois



Te rappelleras-tu

Cette vie prénatale

Qui bat

A ma corde vocale




Oui

Oui

Je le vois

lundi 24 mars 2014


Ces temps-ci ce temps-là


Et si

Au fil du Temps

Au fur

Et à mesure

Que ce Temps coule

S'écoule

S'écroule

Et s'effiloche


Ce Temps-là

Bâtissait

Ces temps-ci

Une vie 


Ce fil-là

Deviendrait

˗˗ Qu'à cela ne tienne ˗˗

Un fil conducteur

Rouge d'émotion

jeudi 5 décembre 2013


A la veille


Nous voilà

A la veille

Du dernier

Premier

De l'An

Sans toi


Ta mère

Est belle

Sans pareille

Avec son ventre

Rond de ses mois


Te

Voici

Ceci dit

En notre compagnie

Par ces quelques

Mouvements

lents


Mai

Vivement !

mardi 31 décembre 2013

mercredi 1er janvier 2014


Jour de l'An


Jour de l'An

On te sent

Ciller

Remuer

Gesticuler


Peu à peu

Peau à peau


Premier jour

De l'année

Où tu nais

On t'a vu

Bouger


La Peau se tendre ...

mercredi 1er janvier 2014


Passe le hoquet !


Allez

Passe

Passe

Le hoquet !


Allez

Passe

Passe

Le hoquet !


Allez !

Il va passer...


Allez

Passe

Passe

Le hoquet


Allez passe

Passe

Le hoquet


Ça y est !

Il est passé !

dimanche 30 mars 2014

lundi 31 mars 2014


Ton cœur qui bat


Aujourd'hui

J'ai entendu

Ton cœur

Battre battre

La chamade

De mes émotions

mercredi 25 septembre 2013, 23h00


Soline

jeudi 8 mai 2014, 12h48


Soline


Rêve

D'opaline

Chasse-bruine


Soline


Laisse

Le Soleil

Te suit


Soline


Sol

Où La Lune

Ne luit


Soline


Soleil

Pleine Lune

De nos vies


Soline


Eclipse

D'amour

Où Mère

Père

S'allient


Soline


Viens

Vois

La lumière

Vis !


Epilogue


Quand tu liras

Victor Hugo

Baudelaire

Paul Verlaine

Arthur Rimbaud

Ces vers

Que je trouve si beaux

D'Apollinaire

Prévert

Eluard ou Carco

Ferlinghetti

Ginsberg

Kerouac ou Burroughs

Peut-être

Entendras-tu

A nouveau

Une voix chère

Qui s'est tue