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Soirée "Pour ainsi dire" n°1 du collectif "Pour le Moment : les éditions Exopotamie
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Discussion avec Mélanie CESSIECQ-DUPRAT
Le collectif de poésie « Pour le moment » invite chaque mois dans le Poquelin Théâtre une maison d’éditions de poésie pour partager avec elle son parcours.
Le samedi 28 septembre 2024 était invitée Mélanie CESSIECQ-DUPRAT des éditions EXOPOTAMIE.
Mélanie Cessiecq-Duprat : un parcours éditorial entre création et poésie
Résumé : Mélanie Cessiecq-Duprat a noué un lien avec l’édition dès ses études aux Beaux-Arts de Bordeaux, où elle a fondé Les éditions du Vide-Poche, une initiative artisanale et spontanée. Elle y assumait toutes les tâches, de la mise en page à la reliure. Après plusieurs années de création et d’enseignement, elle a ressenti le besoin de créer une maison d’édition dédiée à la poésie. C’est ainsi qu’en 2020 sont nées Les éditions Exopotamie, dont le nom est tiré du roman L’Automne à Pékin de Boris Vian, évoquant une promesse d’ailleurs, un transport « hors de l’eau » et du flux quotidien. Depuis, quatre collections ont vu le jour : Éclats (comme une évidence ou une coïncidence), Échos (en résonance avec la légende d’Écho et de Narcisse), Écumes (tissant des liens entre texte et image), et Extras (pour tout ce qui ne rentre pas ailleurs). Mélanie conçoit elle-même les maquettes et gère la communication, collaborant étroitement avec les auteurs sur la couverture, une étape essentielle du processus éditorial. Chez Exopotamie, il n’y a pas d’obsession formelle : qu’il s’agisse de vers, de prose ou de haïkus, tout texte qui raconte, qui transporte, trouve sa place.
L’aventure éditoriale : des Beaux-Arts aux Éditions du Vide-Poche
Très tôt, Mélanie Cessiecq-Duprat a pris goût à l’édition, influencée par l’atelier « Langage et écriture » dirigé par Emmanuel Hocquard durant ses études aux Beaux-Arts de Bordeaux, qu’elle commence à l’âge de 16 ans. Ces ateliers l’ont amenée à remettre en question une vision romantique des arts, en l’invitant à « désapprendre ». C’est à cette époque qu’elle fonde Les éditions du Vide-Poche, une expérience à la fois spontanée et artisanale. Là, elle découvre l’objectivisme américain, une poésie sèche et hermétique qui l’inspire. En parallèle, elle se lance dans l’écriture de ses rêves, cherchant à en extraire des sensations, des gestes, des lieux, et à établir un répertoire de symboles. Dans cette quête, Mélanie devient une sorte de « Madame Irma » des Beaux-Arts, offrant des interprétations des rêves de ses camarades autour d’un café.
Choix de vie et fondation des Éditions Exopotamie
Curieuse de nature, Mélanie explore divers champs créatifs : elle s’intéresse à la réalisation de films, enseigne, partage ses connaissances et crée. Passé quarante ans, elle se retrouve à un tournant décisif : poursuivre un emploi à temps plein en école d’art ou faire un pas de côté pour se consacrer pleinement à ce qu’elle aime. La création d’une maison d’édition s’impose alors naturellement. Après deux ans de formation pour structurer son projet, elle cherche le nom idéal. D’abord attirée par Bab El Oued, lieu imaginaire dans sa mémoire familiale, elle découvre finalement que cet endroit existe réellement, ce qui brise le mystère qu’elle souhaitait préserver. C’est alors que le souvenir de L’Automne à Pékin de Boris Vian refait surface et lui inspire Exopotamie, un nom qui signifie « hors de l’eau », « hors du fleuve », symbolisant un ailleurs rêvé.
Les collections sous le signe du « E »
Toutes les collections de Exopotamie commencent par la lettre « e » et sont au pluriel. Une coïncidence ? Peut-être pas, puisque Mélanie, alors installée à Biarritz, s’est inspirée de la villa Eugénie, un palais en forme de « E » offert par Napoléon III à l’impératrice. Ainsi, les collections prennent forme : Éclats, qui évoque la spontanéité et la coïncidence ; Échos, en lien avec la légende d’Écho et Narcisse ; Écumes, où texte et image se rencontrent et se mêlent ; et Extras, pour les essais et textes inclassables.
Un travail d’images et de mots
La collection Écumes met en avant l’importance de l’image, mais plus largement, Exopotamiese distingue par un travail conjoint entre écriture et art visuel. Mélanie se charge des maquettes et de la communication, constituant une véritable banque d’images grâce à des découvertes sur Instagram. Elle repère des artistes et plasticiens dont elle propose les œuvres aux auteurs. Cette collaboration, parfois délicate, n’est jamais imposée : l’accompagnement artistique est un voyage partagé.
La poésie contemporaine : une place à retrouver
Pour Mélanie, la poésie contemporaine a retrouvé une certaine vitalité, bien que sa place en librairie se limite parfois aujourd’hui aux rayons « Société ». Cependant, elle observe un regain d’intérêt, avec un lectorat composé souvent de jeunes femmes, tandis que les manuscrits proviennent majoritairement d’hommes. Bien que l’édition de poésie reste une niche peu lucrative, elle est animée par la passion, et les occasions de rencontre entre poètes et lecteurs, à travers des salons et des lectures publiques, se multiplient.
Conseils pour les aspirants poètes
Mélanie Cessiecq-Duprat encourage chacun à se laisser porter par les mots. C’est cette envie de partage et de transmission qui l’a poussée à créer sa maison d’édition. Elle se fait ainsi « passeuse » entre deux phénomènes inversés, dans le sens où Paul Valéry l’entendait : « L’auteur prend une part du monde pour créer une œuvre, et le lecteur prend cette œuvre pour rendre sa part au monde ». C’est ce chemin que Mélanie accompagne, faisant de la poésie un espace de rencontre et d’échange.
D’après les notes de Franck Faucheux que le collectif remercie chaleureusement.
Grand merci à Mélanie Cessiecq-Duprat ainsi qu’à Julie Nakache pour sa très belle lecture.