Le dépôt
Poèmes inédits
L'ambroisie se dessèche
remonte un peu la sève
sous les échalas du vide
une vraie diva
pourtant tu le sais
les corps les champs le bleu
ne reviendront plus
dès lors c'est de loin que tu les frôleras
dans le simulacre du clandestin scrutant leur acmé
dans le chahut de leurs certitudes
lorsqu'ils animent devant toi un linge fendu
soulève toujours tes cils affolés
les ventricules s’impatientent de concert
vestige éloge ou cendre homélie ?
ah ! les garçons de velours
ils te toisent
de leurs fausses vérités attendrissantes
et le temps élégiaque qui croit leur donner raison
hier encore au bord de la rivière
ils pêchent de métal
le plongeon et l’asymptote tranchent l’audace et l’idéal
reflet de l'ardeur sur l'asphalte comme l’onde
de ta chair prête à s'éprendre
mais ne saurait renaître vers
un autre ciel qu'ils s'empresseront d'émouvoir
sur le fil tendu malgré toi malgré la soif
tu les auras bien devancés
***
Matière noire de mes humeurs
les mains affrontent le cambouis
ose replonge dans la fange
atomes de mes lubies
laisse venir les tentations médiocres
le brasier de l’instinct
alors à force de sonder la misère
les saveurs les plus viles du courroux
j’incarnerai ce monstre sordide en sueur
défierai le sanctuaire de mon inconnu
et dans un ultime combat tout lâcher
sacrifier les menteurs et les symboles
nous ne sommes que chimie
***
Dans ma chambre de Katmandou
les murs ont tremblé
je ne bouge pas
curieux de connaître la suite
au-dessus de moi une chappe de béton
prémices de gravats
jusqu’où ressentirai-je la douleur ?
soudain le silence
un kaléidoscope vert et jaune pénètre mon regard
versets de losanges bleus
des parallèles en revue jouant l’infini
c’était donc ça
l’immensité
je pars à l’abandon
…
puis revient le noir
dans la rue tinte la cloche familière
réveille-matin d’une puja
désobéissant au trouble de
l’élan les murs
n’ont pas fléchi
peut-être
***
Valse sous l’emprise
des rivages incertains
héritée la fougue vaincre le partage
les hommes entre eux veulent oublier
la mort
ils se rassurent, lèvent des péages
volte-face les doctrines
en surimpression
viennent saturer les doutes
comme les couleurs de la lucarne
mais à quoi bon
se recroqueviller quand
la permanence se fracasse
Toi là, oui toi
ne reste pas
crie l’animal, expire le salut
à l’approche des cloportes
prends la lune comme
unique bagage et arrime-toi
laissant le tarmac aux idoles
je vois bien que tu hésites
il est des illusions pourtant
qui font plus de ravages
vent debout le choix et la perte
caresse-la, mange ton exil
le périple en tête de gondole
n’oublie pas d’écrire surtout