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AUTEUR-E-S - Index I

49 - Arnaud Rivière Kéraval

Poèmes inédits

L'ambroisie se dessèche

remonte un peu la sève

sous les échalas du vide

une vraie diva

pourtant tu le sais

les corps les champs le bleu

ne reviendront plus

dès lors c'est de loin que tu les frôleras

dans le simulacre du clandestin scrutant leur acmé

dans le chahut de leurs certitudes

lorsqu'ils animent devant toi un linge fendu

soulève toujours tes cils affolés

les ventricules s’impatientent de concert

vestige éloge ou cendre homélie ?

ah ! les garçons de velours

ils te toisent

de leurs fausses vérités attendrissantes

et le temps élégiaque qui croit leur donner raison

hier encore au bord de la rivière

ils pêchent de métal

le plongeon et l’asymptote tranchent l’audace et l’idéal

reflet de l'ardeur sur l'asphalte comme l’onde

de ta chair prête à s'éprendre

mais ne saurait renaître vers

un autre ciel qu'ils s'empresseront d'émouvoir

sur le fil tendu malgré toi malgré la soif

tu les auras bien devancés 


 

***

 

Matière noire de mes humeurs

les mains affrontent le cambouis

ose replonge dans la fange

atomes de mes lubies

laisse venir les tentations médiocres

le brasier de l’instinct

alors à force de sonder la misère

les saveurs les plus viles du courroux

j’incarnerai ce monstre sordide en sueur

défierai le sanctuaire de mon inconnu

et dans un ultime combat tout lâcher

sacrifier les menteurs et les symboles

nous ne sommes que chimie



***


Dans ma chambre de Katmandou

les murs ont tremblé

je ne bouge pas

curieux de connaître la suite

au-dessus de moi une chappe de béton

prémices de gravats

jusqu’où ressentirai-je la douleur ?

soudain le silence

un kaléidoscope vert et jaune pénètre mon regard         

versets de losanges bleus

des parallèles en revue jouant l’infini

c’était donc ça

l’immensité

je pars à l’abandon

          

puis revient le noir 

dans la rue tinte la cloche familière

réveille-matin d’une puja

désobéissant au trouble de

l’élan  les murs

n’ont pas fléchi

peut-être

 

 

***


Valse sous l’emprise

des rivages incertains

héritée la fougue vaincre le partage

les hommes entre eux veulent oublier

la mort

ils se rassurent, lèvent des péages

volte-face les doctrines

en surimpression

viennent saturer les doutes

comme les couleurs de la lucarne

mais à quoi bon

se recroqueviller quand

la permanence se fracasse

Toi là, oui toi

ne reste pas

crie l’animal, expire le salut

à l’approche des cloportes

prends la lune comme

unique bagage et arrime-toi

laissant le tarmac aux idoles

je vois bien que tu hésites

il est des illusions pourtant

qui font plus de ravages

vent debout le choix et la perte 

caresse-la, mange ton exil

le périple en tête de gondole

n’oublie pas d’écrire surtout