Le dépôt
Vingt et un noms de ?
Vingt et un noms de ?
mon premier est l’arête d’un poisson
mon second l’est aussi
mon troisième est une fleur
et mon tout n’existe pas
mon quatrième se terre dans l’œil d’un serpent
mon cinquième a peur du noir
mon sixième est une couleur rare
et mon tout n’a pas de nom
mon septième n’a pas d’oreilles
mon huitième parle à travers une bouche
mon neuvième possède un corps translucide
et mon tout cherche un lieu à habiter
mon dixième est invisible
mon onzième est inaudible
mon douzième est intangible, inodore, insipide
et mon tout est illisible
mon treizième cherche un enfant sans tête
mon quatorzième trouve un oiseau mort
mon quinzième est un nombre compris entre zéro et l’infini
et mon tout ressemble à la vérité quand elle se trompe
mon seizième brusque les choses
mon dix-septième exsude du sens par tous ses pores
mon dix-huitième produit de la poésie
et mon tout exorcise sa propre possession
mon dix-neuvième est comme mon vingtième
mon vingtième est comme mon vingt-et-unième
mon vingt et unième ne veut rien dire
et mon tout n’est pas différent des précédents
mon vingt-deuxième est un oiseau qui disparaît
mon vingt-troisième a tout l’air d’un poisson volant
mon vingt-quatrième se réveille dans ses rêves
et mon tout est une partie sans tout
mon vingt-cinquième vient d’une exoplanète
mon vingt-sixième parle une langue familière
mon vingt-septième est étranger à son propre langage
et mon tout n’a pas de solution
mon vingt-huitième cherche Dieu dans sa tête
mon vingt-neuvième ne le trouve pas
mon trentième doute de tout
et mon tout est semblable au rêve d’une pierre
mon trente et unième est une question ouverte
mon trente-deuxième formule des réponses
mon trente-troisième n’écoute personne
et mon tout parle à tout le monde
mon trente-quatrième cherche à faire le vide
mon trente-cinquième accumule le non savoir
mon trente-sixième collectionne les cailloux
et mon tout voudrait être une chose
mon trente-septième est un champ magnétique
mon trente-huitième tient la porte ouverte
mon trente-neuvième garde bouche close
et mon tout est attiré par les longs couloirs vides
mon quarantième a les mêmes yeux que l’aube
mon quarante et unième embrasse les ombres du regard
mon quarante-deuxième guide un chien aveugle
et mon tout dévore la nuit qui l’habite
mon quarante-troisième parle bas
mon quarante-quatrième ne parle pas
mon quarante-cinquième n’entend rien
et mon tout a tout oublié
mon quarante-sixième a sa subjectivité comme objectif
mon quarante-septième est un sujet
mon quarante-huitième est un objet
et mon tout est une place vide
mon quarante-neuvième est un thème
mon cinquantième est un prédicat
mon cinquante et unième aurait dû être une phrase
et mon tout n’est même pas un mot
mon cinquante-deuxième lance les dés comme un poète
mon cinquante-troisième est mort d’avoir trop joué
mon cinquante-quatrième est une sorte de main tendue
et mon tout ne s’en saisit pas
mon cinquante-cinquième est un vide détaché du vide
mon cinquante-sixième est un plein faisant partie du tout
mon cinquante-septième croit être ce qu’il croit être
et mon tout n’est pas ce qu’il n’est pas
mon cinquante-huitième attend qu’on vienne le chercher
mon cinquante-neuvième est déjà parti
mon soixantième est une montre arrêtée
et mon tout a oublié de venir
mon soixante et unième est un miroir sans reflet
mon soixante-deuxième réfléchit tout le temps
mon soixante-troisième cherche une ressemblance
et mon tout ne sait pas ce qu’il est
— qui suis-je ?