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Plages de bitume - Extrait
Plages de bitume
Extrait
il faut apprendre
à laisser filer tout bas
le cours des rêveries
désir planté dans la chair
pour cette fille sortie d’une boîte à musique
qui passe dans sa robe de ballerine
sur un fil somnambulique
loin au-dessus du casse-tête des dépotoirs
la lune se change
paupière suave
et rase
Tendrement
je jouis en silence
des regards qui m’ enferment
sous un lit de fleurs
un bruit d’os
ricanement en puissance
dans l’œuf du désir
mon oreiller comporte des brèches
que je colmate
en saignant l’horizon du désir
Une voisine met les tripes percées d’un chat
sur la corde
elles qui hurlent encore
se communiquent au couchant
plus loin une blonde lève son pouce cru
excite l’autoroute
qui se perd en ligne fantôme
du béton armé s’extraient les graffiti
du jour à la nuit se verse
une révolution fantôme
signal d’une corde raide le sexe s’en va en boîtant
son museau rôde sur la graine des trottoirs
En plein été me creusent
les gorgées de bière
aux pintes grimpantes
un choc tient nos regards
sur la terrasse une fièvre
lâche son rictus de forges
cœur lavé par révolutions
jusqu’à crudité d’esprit
l’intérieur du cristal se hume
gravures d’écorce aux sens
ma tête se renverse
dans la perpétration du bleu
la personne qui m’épaule
devient prochain souvenir
doigts fondus dans l’ ivresse
jupes qu’échappe l’espoir
mort dont la fuite ralentit
instants d’averse dénouée
un vent se pose entre nous
familier d’anciens déserts
penchée au plus secret
roule la voix des soupirs
vapeurs du chevauchement
explosives larmes blanches
entre mes jambes la cage d’une mélodie incontrôlable