Le dépôt
Le Mal du Siècle (2011)
Brisé par des cris émanant de je ne sais où,
assis et penché vers l’arrière
dans un siège amolli,
où ces murs si hauts
et si mal éclairés retransmettent des ondes
ardentes et agressives
qui me griffent la face
pareille à la baudruche qui gonfle,
qui gonfle mais sans éclater,
et tournoie en riant à mes sens défendant ;
je m'enlise à jamais dans ces sables tueurs
au milieu d'âmes faibles
qui négligent ma peine.
Je demande une pause,
une idylle harmonieuse ;
mon chemin s’égratigne,
ma logique défaille,
j'ai payé maintes fois pour de fausses étapes
et me voilà ruiné sans plancher où coucher.
Je me tords de plaisir mérité,
en vantant tour à tour
mes splendides conquêtes.
J'ai de l'amour vrai qui emplit mes époques,
je bénis et j'adore chacun de mes aïeuls.
Il se peut que je perde un peu de dignité
mais pour vivre en retour
un si parfait bonheur,
je me changerais bien en reptile ou en singe.
La tenue importe peu devant la vérité.
Je donne ! Je donne pour cette ritournelle
qui monte à mes oreilles émues
et reconnaissantes.
Je pleure devant ce drapé
aux couleurs édéniques.
Mon œil submergé ne raisonne plus.
Et ce rêve innommable
dont l'issue ne saurait s’inventer
change les minutes en heures
et les heures en années.
Me voilà maintenant accroupi,
prisonnier d'un spasme
qui me tient cloué là.
On me parle, j’entends
mais pour ne pas répondre.
Je préférerais ne pas ressentir cet effroi
qui se pointe bientôt
et n'est pas encore là.
Je ne veux pas saute
ni m'asseoir pour de bon,
des hirondelles libres
me piétinent l’estomac.
Ma tête est cernée d'un cadre en bois
qui me fait ressembler à une toile d'absolue tendresse.
Mon buste fier,
mes épaules, je ne les sens pas,
ni mon cou qui me faisait si mal autrefois.
Que je ne dise rien ou que je parle,
mon allure modérée est de l’or
pour les autres; on m'arrête au passage
sous de jolis prétextes
pour goûter à une once
de cette unique beauté.
Je vais peut-être hurler,
au mieux vous poignarder
tant mon pouvoir est faible et mes ardeurs coupables.
Grande Illusion ! Si tu pouvais tenir…
À ma fenêtre, je me vois et le sais,
je suis à ma place.