Le dépôt
À mon frère
à mon frère
Il s’en va avec son sac à dos sur le dos et ses petits pas d’homme ordinaire comme un jour ordinaire comme hier il se rendait à l’école enfant ordinaire son école toujours là aujourd’hui et le vendeur de cartes magic à côté et le 67 à sa vitre mon nez collé sa buée je me vois encore le chercher mais pourtant il s’en va aujourd’hui pour un an un an encore grandir encore et il me semble si fragile si petit si vulnérable et si grand aussi devant tous ces mondes qu’il va conquérir
d’un coup une inquiétude immense palpable celle du temps qui ne reviendra pas et la conscience soudain aiguë de ce qui est révolu et que seuls nos mots gouttes de jouvence désormais autorisent je me retourne le voir marcher encore un peu il n’est plus là s’est engouffré dans la bouche de métro dans la bouche du monde
Gorguine Valougeorgis