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Notules

Notules 5 - David Spailier - Isabelle H - Jean-Michel Maubert

NEPTUNE FROST (2021) - Sci-Fi, Musical



L’orchestre est en feu et on a cané la violoncelliste. Est-ce l’idée que se fait, un poète, du rêve ? Un peu ça Neptune Frost, une embarcation de pêcheur du lac Kivu le soir, à la lumière à pétrole. Le Burundi, champs de mines et de Coltan. Je mens. Rien n’est vrai, ce n’est que le rêve d’un poète après tout.


David Spailier






À propos de concentration


Je voudrais si tu me le permets Andrew, approfondir avec toi la question de la concentration , par exemple la concentration sur la respiration dans le cadre de la pensée bouddhique… il faut te dire que j’ai un côté sauvage, rebelle, insolent, dans ma personne depuis l’adolescence, après une enfance fort sage, qui me pousse à ne pas suivre de telles instructions à la lettre… car si je suis à la lettre la recommandation de me concentrer sur la respiration, je suis certaine de vite m’ennuyer. Alors je considère qu’il me faut étudier de près le phénomène du processus de concentration pour ne pas m’ennuyer. Quel est le contraire du mot concentration, c’est le mot distraction… dans mon cas, si je veux me concentrer il faut que je me distraie. Ainsi quand je me concentre sur ma respiration, bientôt je m’évade vers un sentiment de joie. C’est une phénomène curieux !


Isabelle H



LE VIDE


Il vide son appartement. Avec une technique bien à lui. Il jette un à un par les fenêtres tous les objets qui lui tombent sous la main. Ou alors lorsque cela est possible il les concasse jusqu'à ce qu'ils deviennent une fine poussière sur laquelle il suffit de souffler pour s'en débarrasser. Il passe une matinée et un après midi à faire cela. Il dort une nuit aux milieu des débris qui restent. Il n'y a personne pour réagir à cette entreprise de destruction systématique. Les voisins sont presque tous en vacances. C'est l'été. Il fait beau dehors, même s'il y a un petit vent. Au matin il se remet à son entreprise de dissolution systématique. Un chat qui passe par là en fait aussi les frais. C'est comme s'il n'arrivait pas à apaiser sa rage. Elle le tient. Il sent dans sa gorge, dans sa tête, dans les fibres de ses muscles une telle rage, si puissante, si vaste ! Comme un océan de colère, une insondable masse en mouvement qui emporte tout sur son passage. Ses yeux embrumés et empoussiérés ne voient plus les murs glauques de l'appartement. Ni par la fenêtre du salon les néons des magasins. Et pas davantage les allées froides et les tours de béton qui se dressent imperturbablement vers le ciel tacheté maintenant d'immenses et lents nuages gris. Casser. Et encore casser. Au bout d'un moment il n' y a plus rien. Plus rien à réduire en poussière. Sa rage augmente encore. Rien n'y fait. Il lui faut quelque chose à briser encore. Puis il sourit. Soudain une pensée lumineuse, évidente, vient de lui traverser l'esprit. Il lui reste encore une chose à réduire en bouillie. Il met ses mains sur son visage. Il le tâte. Se donne une gifle. Oui. Ça, c'est moi. Il s'approche alors de la fenêtre toujours grande ouverte. Il sourit toujours davantage et se jette dans le vide. La tête la première.


Jean-Michel Maubert