Le dépôt
Premiers poèmes français pour La Page Blanche
Poèmes pour La Page Blanche
gaspillage
tant de galaxies
et d’étoiles
tant de planètes mobilisées
tant de corps célestes
qui se heurtent violemment
pour allumer
l’étincelle vertigineuse
d’un étonnement
dans les yeux
des singes et des humains
tant de vies gâchées
dans les guerres et les massacres
pour deux ou trois occasions
de faire une bonne action
et de sauver des vies
qui idéalement
n’auraient pas eu besoin
d’être sauvées
tant de fourmis
grouillant dans tous les sens
dans leurs châteaux de sable
pour porter une miette de pain
qui n’assouvira jamais
la faim d’un seul mendiant
tant de mots
et de vers versés
sur le champ de bataille
d’innombrables feuilles de papier
pour qu’un seul électron de ton cœur
saute
du non-amour
à l’amour
poème amasculin
non
ce n’est rien
pardonne-moi
je crois que quelque chose
est entrée dans mon œil
ne t’inquiète pas,
il s’agit probablement
d’un cil rebelle
brouillant de temps en temps
mon champ visuel
ou peut-être
d’un tesson de tes yeux
d’un fragment d’étoile sorti
du vitrail d’un
de tes ongles petits
ou pourquoi pas
d’une mèche de tes cheveux
passant en vitesse
devant ma cornée
comme une lame de rasoir
acharnée
(ou s’agit-il même
de la lame de ton âme
coupant l’espace-temps
à la surface de ton visage
pour me montrer quels traits de lui
n’auront jamais d’âge ?)
alors c’est bien possible
que c’est ta beauté
qui me pique les yeux
mais à quoi ça sert aujourd’hui
lorsqu’on a appris
que la beauté est une fiction
pour délecter nos prunelles
et qu’au fond toutes les femmes sont belles ?
et pourtant si c’est vrai
que toutes les femmes sont belles,
que puis-je faire
avec deux bras, deux pieds,
deux oreilles,
deux yeux,
avec cette cascade de feu
qui m’inonde
qu’en saisir la chance de te couvrir de baisers
et de t’étreindre si fort comme si je pouvais
verser en toi la beauté
de toutes les femmes du monde ?
atopie
Je croyais
que je connaissais la différence
entre terre et ciel
joie et tristesse
folie et raison
pluie et soleil,
entre les poissons et les oiseaux
ou entre l’eau et l’alcool
mais lorsque je vis en toi
le chaos qui précède Dieu
je compris la douleur
de comprendre mieux
ça veut dire
que je ne sais plus rien
tu sais
avant toi
il y avait l’avenir
maintenant
je ne sais plus d’où je viens