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AUTEUR-E-S - Index I

89 - Traian-Ioan Geanā

Premiers poèmes français pour La Page Blanche



Poèmes pour La Page Blanche





   gaspillage



  tant de galaxies

et d’étoiles

tant de planètes mobilisées

tant de corps célestes

qui se heurtent violemment

pour allumer

l’étincelle vertigineuse

d’un étonnement

dans les yeux

des singes et des humains

 tant de vies gâchées

dans les guerres et les massacres

pour deux ou trois occasions

de faire une bonne action

et de sauver des vies

qui idéalement

n’auraient pas eu besoin

d’être sauvées

 tant de fourmis

grouillant dans tous les sens

dans leurs châteaux de sable

pour porter une miette de pain

qui n’assouvira jamais

la faim d’un seul mendiant

 tant de mots

et de vers versés

sur le champ de bataille

d’innombrables feuilles de papier

pour qu’un seul électron de ton cœur

saute

du non-amour

à l’amour




       poème amasculin



  non

ce n’est rien

pardonne-moi

je crois que quelque chose

est entrée dans mon œil

     ne t’inquiète pas,

il s’agit probablement

d’un cil rebelle

brouillant de temps en temps

mon champ visuel

 ou peut-être

d’un tesson de tes yeux

d’un fragment d’étoile sorti

du vitrail d’un

de tes ongles petits

ou pourquoi pas

d’une mèche de tes cheveux

passant en vitesse

devant ma cornée

comme une lame de rasoir

acharnée

 (ou s’agit-il même

de la lame de ton âme

coupant l’espace-temps

à la surface de ton visage

pour me montrer quels traits de lui

n’auront jamais d’âge ?)

 alors c’est bien possible

que c’est ta beauté

qui me pique les yeux

mais à quoi ça sert aujourd’hui

lorsqu’on a appris

que la beauté est une fiction

pour délecter nos prunelles

et qu’au fond toutes les femmes sont belles ?

 et pourtant si c’est vrai

que toutes les femmes sont belles,

que puis-je faire

avec deux bras, deux pieds,

deux oreilles,

deux yeux,

avec cette cascade de feu

qui m’inonde

qu’en saisir la chance de te couvrir de baisers

et de t’étreindre si fort comme si je pouvais

verser en toi la beauté

de toutes les femmes du monde ?





atopie



  Je croyais

que je connaissais la différence

entre terre et ciel

joie et tristesse

folie et raison

pluie et soleil,

entre les poissons et les oiseaux

ou entre l’eau et l’alcool

mais lorsque je vis en toi

le chaos qui précède Dieu

je compris la douleur

de comprendre mieux

 ça veut dire

que je ne sais plus rien

tu sais

avant toi

il y avait l’avenir

maintenant

je ne sais plus d’où je viens