Le dépôt
Chronique de Pierre Partens
Nicolas Sarkozy est condamné, en première instance, à une peine de prison ferme
Le jugement
De bons juristes estiment que les indices et soupçons, même en avancées vers
« l’élément matériel » du droit Pénal, ne suffisaient pas pour condamner, à de la prison ferme, Nicolas Sarkozy (pour l’état-civil : Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa), ex président de la République française…
Entendu : pour le tribunal, les « rencontres occultes » de Claude Guéant et Brice Hortefeux en Libye « n'ont de sens que par la nécessité d'obtenir des fonds » dans la campagne Sarkozy, tandis que « sa rivalité avec Dominique de Villepin était au plus haut (et sans » la certitude d'avoir le financement de l'UMP » pour la présidentielle de 2007.
En droit, ainsi, la préparation d'un délit suffit à caractériser « l'association de malfaiteurs », même si le but visé ne s'est finalement pas concrétisé. Ils peuvent, en effet, échouer, notamment grâce à la police ou la gendarmerie….
L’association de malfaiteurs pour avoir
« laissé ses proches » démarcher en ce sens le pouvoir libyen « afin d'obtenir ou tenter d'obtenir des soutiens financiers en Libye en vue d'obtenir un financement de la campagne », pour beaucoup de juristes (dont je ne suis pas), « ça passe mal ».
Certains anti-Sarkozy à droite deviennent pro-Sarko (que j’ai entrevu agité colérique arriviste à Sc Po en 1979 et carrément fui comme le choléra)…
On murmure que les « petits pois » (les juges en Sarkozy dixit), pour se venger, ont fait du trapèze volant en droit !
« L’exécution provisoire » avant le jugement d’appel, comme pour Marine Le Pen dans une condamnation moins grave (mais le PdR succède aux rois de France et, notre pouvoir politique ultime, les Français le sacralisent *) semble extrême, donc pour plusieurs commentateurs : excessive, voire, ainsi, abusive.
Le principe d’égalité devant la loi est consacré, sans « privilège de notabilité »,
ni « tyrannie des juges ».
Tout semble intervenir, en théorie juridique, à la perfection avec des juges globalement fort « droits » - avec rigueur dans la rectitude - (affaire corruptrice « Bismuth » pour Monaco avec le même condamné le plus célèbre, et un juge auprès de lui
« tuyauteur » depuis la cour de cassation, par exception).
« Nico entôlé » et les suites politiques
C’est, à le suivre (de vue uniquement) depuis 1979, un homme habile manœuvrier, mais aussi singulier….
Sa vie est marquée par les deux messages parentaux principaux et le plus souvent inconciliables :
« Sois Fort » et « Sois Parfait »….
Le souci provient possiblement de l’histoire des mentalités : les Français sacralisent leur souverain (un « roi de France et de Navarre par la grâce de Dieu », oint du seigneur, prenait rang d’évêque, non pas seulement en qualité de « chanoine de Latran » ** depuis Henri IV, après Paris qu’il trouva à une valeur de messe ; l’ouverture de porte pour investir la ville par ses troupes, cependant, payée très très cher au traitre - mais réaliste et cupide - à la Ligue - extrémiste catholique - le duc de Brissac ***).
Ensuite, à le découvrir humain et non pas ou insuffisamment merveilleux, les miracles notamment budgétaires non garantis, leur souverain, les Français finissent pas le détester… (« La France République monarchique et la Grande-Bretagne monarchie républicaine » pour Alphonse de Lamartine…)
Le récit de l’extrême droite et de la droite plus ou même moins extrême, en retour de manivelle, dans une dénonciation démagogique anti pouvoir judiciaire :
« un juge, ça juge toujours trop lentement et injustement puisqu’au droit, qu’il applique avec solennité, personne n’y comprend goutte», peut fortement favoriser cette première avec Marine Le Pen ou Jordan Bardella.
Le retour (auto-proclamés « anti-Woke ») des « hommes forts » (« Sois Fort », un des 5 grands messages parentaux selon l’Analyse Transactionnelle) menace d’ailleurs dans les inconscients, y compris collectifs, pas seulement aux USA, la profonde, méthodique et constante recherche de perfection (« Sois Parfait », un autre des
5 grands messages parentaux selon l’AT).
Nicolas Sarkozy va répondre, au-delà de la télé, dans les média Bollo ré mi fa sol la si do pas (encore au mur ? « Non pasaran » ? *****) à la Justice, « partout très digne, quasi christique »… Depuis sa condamnation, grosso modo présentée comme « une injustice produite par de la haine », pour approfondir son statut de victime, il déclare ne pas vouloir d’amnistie présidentielle (mais c’est légal et collectif ! Pourrait plutôt le viser un droit de grâce présidentiel individuel par décret - plus de grâce collective depuis la réforme constitutionnelle voulue par le président de la République le 23 juillet 2008…. -. La grâce, ce droit venu des rois de France….).
Tous « les réseaux Sarko » se tourneraient (déjà avec l’affaire de la Légion d’honneur retirée), donc, vers Marine Le Pen et Jordan Bardella…
On a guillotiné un roi plus bon et plus juste (d’abord surnommé comme son grand-père Louis XV : le « Bien-aimé ») qu’un ex-PdR dominateur jugé magouilleur, juste emprisonné.
L’actuelle désacralisation du pouvoir en France peut permettre des « récits de ravage ».
(Pourvu que ça ne finisse pas avec une ou un très autoritariste Bonapartiste extrémiste… Le pouvoir « très-fort » ne tolère pas les oppositions : les journalistes et les juges sont les premiers visés « 4eme et IIIèmes pouvoirs ». Généralement peu efficaces sur le plan économique, la fuite en avant, plus ou moins démagogique, de l’extrême droite finit souvent en guerre… Tandis que l’extrême gauche (avec les presques seules expériences de l’URSS établie en 1921 et de la Chine de Mao Tse Toung en 1949), s’implantent et s’instaurent par la guerre. Certains chercheurs ont souligné que Staline, mort en 1953, projetait une 3eme guerre mondiale nucléaire pour un Communisme universel.
Dans tous les cas, quand une mouvance politique extrémiste prend le pouvoir, elle tend à ne pas le rendre (sauf guerre perdue pour l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste ou implosion par inefficacité économique et quasi misère dans le cas de l’URSS ; la Chine, pour certains au régime politico-économique « national-communiste », pour le moment, malgré son économie fragile, tient le coup).
Au pouvoir en Italie 🇮🇹, après la France 🇫🇷, l’extrême droite est aux portes du gouvernement en GB 🇬🇧 et elle progresse aussi en Allemagne 🇩🇪 …
Ces extrêmes droites sont nationalistes et, alors, comme en Russie et ainsi que Mitterrand l’a répété (ce n’était pas de lui mais de François Jacob dans le jeu des possibles) :
« Le nationalisme, c’est la guerre » ?
* Le premier monarque franc à être sacré roi (et à recevoir l’onction) est Pépin le Bref en 751, puis en 754, cette fois par le pape lui-même ; cela introduisit la notion d’une dimension sacrée au pouvoir royal, analogue à celle des évêques, grâce à l’onction qui les consacre.
Le pape Étienne II (également appelé Étienne III dans certaines numérotations) a resacré Pépin le Bref (contre la dynastie mérovingienne descendante de Clovis) en 754.
Cet événement crucial eut lieu à l'abbaye de Saint-Denis, près de Paris. En échange de ce sacre qui légitimait son pouvoir en tant que roi des Francs, Pépin s'engagea à combattre les Lombards, cette menace sur les territoires du pape en Italie.
Cette alliance entre la papauté et l’autre dynastie franque a jeté les bases de la future création des États pontificaux et elle a établi un précédent pour le rôle de l'Église dans le couronnement des monarques en Europe, un rôle qui culmina avec le sacre de Charlemagne, fils de Pépin, nouvel empereur d’Occident (tandis que les Basileus, byzantins et grecs, demeuraient empereurs romains d’Orient).
Charlemagne a été sacré empereur le 25 décembre 800 dans la basilique Saint-Pierre de Rome, par le pape Léon III.
Cet événement est considéré comme la fondation de ce qui deviendra le Saint Empire romain germanique. Il marqua la renaissance dans l'idée et une réalité d'un Empire d'Occident, trois siècles après la chute de l'Empire romain d'Occident.
Ce sacre de 800 fit culminer l'alliance entre la papauté et la dynastie carolingienne, initiée par Pépin le Bref avec Étienne II en 754.
À couronner lui-même par surprise (? Cf. Infra) Charlemagne, le pape Léon III affirmait que le pouvoir temporel (l'empereur) recevait sa légitimité du pouvoir spirituel (le pape). La célébration le jour de Noël renforçait encore le symbolisme religieux et universel de l'événement.
La célèbre anecdote (probablement inventée, « fake », « infox ») d'Éginhard, biographe de Charlemagne, rapporte que l’empereur aurait déclaré qu'il n'aurait "pas mis les pieds dans l'église" ce jour-là s'il avait su ce que le pape préparait : pour quelle primauté ? La finalisation
du couronnement s’effectua par le pape et non pas par l'empereur.
On rappelle que Napoléon 1er à Notre Dame de Paris le 2 décembre (pas le 25 tout de même) 1804 prit la couronne des mains du pape et s’en ceignit de ses propres mains avant de couronner son épouse Joséphine.
Napoléon III renonça à son propre couronnement ****
Le sacre comprenait des gestes et rituels très proches de ceux de la consécration épiscopale, d’où, dans l’imaginaire royal et populaire, l’idée que les rois étaient, au même titre que les évêques, des élus de Dieu et des hommes « marqués » par cette grâce, sans pour autant recevoir un véritable sacerdoce.
Les écrouelles, un mal ou le Mal visé
Le roi pouvait… d’ailleurs après son sacre réaliser des miracles d’origine divine à guérir les « écrouelles » (diverses maladies de peau).
Les rois de France, puis ceux d’Angleterre (qui revendiquaient la couronne de France en succession de Philippe IV le bel, « capétien direct » et premier des « rois maudits », d’où la guerre de Cent-ans), en vertu de leur sacre et de leur droit divin, étaient dits investis d'un pouvoir miraculeux ; cette grâce thaumaturgique leur permettait de guérir les malades par un simple contact des mains avec prières.
Le Mal était Visé ! La maladie que les rois étaient réputés guérir était les « écrouelles » (ou « scrofule »). Cette forme de tuberculose ganglionnaire provoquait des gonflements et des lésions purulentes, souvent au niveau du cou.
Après la messe, le roi touchait donc les malades sur leurs plaies, parfois venus de très loin, et il prononçait cette phrase : « Le roi te touche ; Dieu te guérit. » devenu à l’âge classique : « Le roi te touche ; Dieu te guérisse… ». (Langage selon Austin, passé au travers des siècles et des rois, du niveau Performatif - ou le mot fait l’acte - c’est à dire celui non-Constatatif, au simple souhait)
Il reconnaissait ainsi que son rôle n'était qu'intermédiaire, le véritable pouvoir de guérison issu de Dieu.
Les premières traces écrites sur cette pratique en France (Cf. Marc Bloch : les rois thaumaturges) se trouvent sous le règne de Louis VI le Gros (1108-1137), voire selon certains récits, sous son père, Philippe Ier (1052-1108). Alors, le rite commence à se formaliser et à être documenté.
Au XIIIe siècle, le toucher royal devient plus régulier et il « s’institutionnalise » même sous le règne de Saint-Louis (Louis IX) (1226-1270) ; très pieux (d’où son statut comparable à Jeanne d’Arc), il l'aurait exercé quotidiennement après la messe.
La pratique cessa seulement au XIXe siècle, après la Révolution, quoique rétablie brièvement.
Le dernier roi de France et de Navarre à effectuer le toucher des écrouelles fut Charles X lors de son sacre en 1825.
Ce geste de toucher, voire de guérir les écrouelles, affirmait la légitimité divine et établissait comme le sacre, le caractère consacré de la monarchie avec l’Eglise.
Sacre et/ ou sacralisations
Son sacre était pour le roi une sacralisation, mais spécifique, différente de la nomination d’un évêque.
Malgré ces similitudes rituelles, du sacré avec l’onction et comme chez certains saints le pouvoir miraculeux (avec ou sans martyr), au roi, l’église catholique n’a jamais reconnu une pleine nature d’évêque : cette sacralisation spécifiquement royale élève le souverain au rang de « roi-prêtre », mais non pas d’évêque à part entière.
Un évêque, au fait, qu’est ce ?
Haut dignitaire de l'Eglise catholique, l'évêque est ce prêtre chargé de l'administration d'un diocèse. Aujourd'hui nommé par le Pape, l'évêque est, au Moyen-Age, un grand seigneur féodal d’abord élu par le chapitre des chanoines (jusque 54 à Laon, autrefois, l’évêché le plus opulent de France).
L'église d'un évêque est appelée cathédrale.
Avant le XIIe siècle, les évêques étaient souvent élus localement, selon le principe
“a clero et populo” (« par le clergé et par le peuple »), avec la participation de l’évêque métropolitain et des évêques voisins plus ou moins prépotents...
À partir d’Innocent IV (1243-1256), la nomination pontificale des évêques tend à devenir la règle, marquée par la notion de “plenitudo potestatis” ou toute-puissance pontificale.
Elle aboutira à l’infaillibilité pontificale du concile de Vatican 1 de 1870, par lequel le pape renforça son pouvoir sur l’église tandis qu’il perdait ses territoires pour fonder le royaume unifié de l’Italie.
L’église « vieille-catholique » refusa et refuse les apports de ce concile à ne pas confondre avec Vatican II.
Aujourd’hui, les évêques établissent secrètement une liste tous les trois ans pour, à leur sens, des prêtres aux capacités d’évêque.
Le nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège avec la primauté en préséance diplomatique) établit une liste par ordre de priorité de trois noms, dite Terna, pour des candidats qui, à son tour, peuvent être évêques selon lui.
La congrégation pour les évêques à Rome valide ou non la liste du nonce et présente au pape des candidats.
Le pape désigne souverainement qui peut devenir évêque.
Le prêtre peut refuser sa nomination.
Spécificité française, le gouvernement, informé, mène sa propre enquête avant de donner son avis. Ce droit de regard remonte à 1922.
La nomination si acceptée devient officielle publiée par le Saint-Siège et la conférence épiscopale locale, généralement à midi dans le respect de la tradition.
Louis XIV avait fortement renforcé le contrôle royal sur l’Église de France, notamment par la Déclaration des quatre articles (1682) : elle limitait l’autorité du pape en France.
Depuis et avec Louis XIV, le roi de France prit un rôle majeur dans la nomination de ses évêques.
Par le « Droit de régale », le roi pouvait nommer également les évêques pour les sièges vacants et (« régalade »…) percevoir les revenus des diocèses pendant la vacance.
Le roi proposait ensuite un candidat, le plus souvent issu de sa noblesse et / ou fidèle à la couronne.
Le pape devait donner son accord (institution canonique), mais, rarement,
il refusait les candidats royaux, sauf sur conflit majeur (ainsi la « querelle du gallicanisme »).
Malgré des tensions avec Rome, le roi gardait la main sur les nominations.
Évêque possible cardinal ?
La tradition de nommer des cardinaux remonte à l’Antiquité tardive : le terme « cardinalis » y désignait déjà des personnages importants dans l’administration romaine.
Dans l’Église, les cardinaux étaient également à l’origine les membres du clergé de Rome chargés d’élire l’évêque de Rome (le pape).
Depuis 1917, avec l’entrée en vigueur du nouveau Code de droit canonique, il est exigé pour devenir cardinal d’être au moins prêtre.
Avant cette date, il était possible pour un diacre ou même un laïc de devenir cardinal (dernier cas : Teodolfo Mertel, créé cardinal en 1858, tandis que seulement diacre).
Depuis 1962, les cardinaux doivent normalement aussi être consacrés évêques, sauf décision spéciale du pape.
Le pape choisit librement les cardinaux qu’il nomme.
Traditionnellement, il sélectionne ces derniers parmi les évêques.
Cependant, il peut exceptionnellement nommer des prêtres reconnus pour leurs mérites remarquables, s’ils sont au moins ordonnés prêtres et sur une réputation de piété et de mœurs exemplaires.
A la seule appréciation du pape, limité par aucune règle stricte, la nomination des cardinaux résulte d’un choix personnel du souverain pontife.
Retour au sacre
Louis VII (au XIIe siècle) souligna que
« seuls, les rois et les prêtres sont sacrés par l’onction du Saint Chrême ». Cela illustrait cette idée d’une similitude, mais non d’une identité de dignité.
La dimension sacrée s’attachait donc à la royauté française à partir de Pépin le Bref (751). Toutefois, elle n’équivalait pas à la dignité d’évêque à proprement parler : si le roi partageait avec les évêques le privilège de l’onction, d’où une autorité quasi sacramentelle, il n’était cependant pas intégré au collège épiscopal.
Comme le présentait admirablement l’exposition : « Le dernier sacre » organisée par Stéphane Bern et Michel Garcia, en 2025 dans la manufacture des Gobelins, à Paris, Charles X a été sacré, oint par l’huile sainte, le 29 mai 1825, par l'archevêque de Reims, monseigneur Jean-Baptiste de Latil, également grand aumônier de France.
Tradition de la monarchie française, liée au Gallicanisme, ce sacre du roi de France était un événement absolument français conduit par l'archevêque de Reims, son privilège depuis Clovis.
Cinq autres évêques-ducs ou évêques-comtes l’assistaient à lui apporter les
fabuleux « regalia », objets insignes du pouvoir royal consacré.
L’évêque de Laon présentait la sainte-ampoule, avec le Saint-Chrème (au parcours
« ampoulé » donnée par une colombe pour Clovis, dite détruite et retrouvée par
« miracle » après la révolution).
L’évêque de Langres présentait le sceptre.
L’évêque de Beauvais : le manteau ou la cotte d’armes.
L’évêque de Chalons : l’anneau d’alliance (du roi avec le royaume et l’église).
L’évêque de Noyon : le baudrier (la ceinture où ceindre l’épée du couronnement).
Six autres pairs de France laïcs, des ducs, suivaient les six évêques.
Henri IV, à Chartres, rassembla tant bien que mal qui il le pouvait.
**
Les rois de France, dits rois « Très - Chrétiens » (et non pas comme pour le roi de toutes les Espagnes « roi Très - Catholique »), depuis Henri IV, et par la suite les présidents de la République, reçoivent le titre de « premier et unique chanoine honoraire de Saint-Jean-de-Latran », un titre laïc, purement honorifique : c’est seulement une distinction d'Etat.
Tous les 13 décembre, pour l'anniversaire d'Henri IV, lui est associée une messe pour la France, « fille aînée de l’Eglise ».
***
Henri IV est finalement entré dans Paris grâce au duc de Brissac le 22 mars 1594 par la porte Saint-Honoré ; la capitulation avait été organisée par le gouverneur de Paris Brissac et l’appui de notables parisiens.
Henri IV célébra son entrée officielle à Paris le 22 mars 1594. Après son arrivée triomphale à Paris, le roi joyeux, généreux dépensier et réconciliateur organisa des festivités et des célébrations publiques, marquées par des processions et des hommages de la population et des notables locaux.
Le rituel principal avait été précédemment constitué par son sacre, tenu à la cathédrale Notre-Dame de Chartres le 27 février 1594, mêmes dans des conditions peu traditionnelles, avec remise de regalia, la cathédrale de Reims inaccessible, tenue par la Ligue.
Les troupes d’Henri IV entrèrent ainsi à Paris le 22 mars 1594, à sept heures du matin, grâce au concours décisif de Brissac :
il ouvrit les portes de la ville avant l’entrée officielle du roi.
Cette opération fut réalisée discrètement afin d’éviter la résistance des troupes espagnoles et acharnées catholiques présentes à Paris qu’elles dominaient. Cela permit à Henri IV d’accéder à sa capitale sans effusion de sang et d’y instaurer promptement son autorité. Le fidèle duc de Sully, ministre des finances du royaume, seul restaurateur relativement mécontent de toutes les dépenses…
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Napoléon III n’a pas organisé de cérémonie de couronnement traditionnel.
Contrairement à son oncle Napoléon Ier qui avait conquis le pouvoir par un coup d’État militaire, Napoléon III (Louis-Napoléon Bonaparte) est arrivé au pouvoir par la voie démocratique en étant élu président de la République en décembre 1848. Même s’il a ensuite accompli son coup d’État
le 2 décembre 1851, il a légitimé sa transformation de prince-président en empereur par un plébiscite populaire en 1852 : plus de 7 millions de Français ont voté “oui” pour l’empire contre 640 000 “non”.
Napoléon III préférait présenter son pouvoir comme émanant directement du peuple français plutôt que d’une consécration religieuse. Il se proclama lui-même “Empereur des Français par la grâce de Dieu et la volonté nationale” le 2 décembre 1852, exactement 48 ans après le sacre de Napoléon Ier, mais ce, sans cérémonie de couronnement.
Le Second Empire se voulait et moderne et bourgeois. Une cérémonie de couronnement grandiose, comme en 1825 pour Charles X (sans le pape), pour Napoléon III (avec le pape comme pour son oncle), aurait pu paraître anachronique dans la décennie
1850 : l’Europe y évoluait vers plus de « pragmatisme » et déjà avec moins de
« sacré »…
Les relations entre Napoléon III et le pape étaient d’ailleurs moins simples que celles de son oncle et prédécesseur (qui fit prisonnier le pape et le garda, même somptueusement, prisonnier à Fontainebleau) ; en fait, notamment, Napoléon III, en tant qu’empereur des Français, était écartelé entre la « question italienne » pour l’unification de l’Italie, qui menaçait les États pontificaux, et ses partisans en France conservateurs et catholiques.
Napoléon III privilégia donc une approche plus sobre et “démocratique” (le plébiscite) de l’accession au trône impérial.
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En digression complète : surtout, à ne pas forcément lire
aux Franquistes :« No pasaran ! »,
aux Allemands : « Ils ne passeront pas » et, au démon primordial : « Vous ne passerez pas ! »
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Dolores Ibárruri, la pasionaria républicaine, a rendu célèbre l’expression « ¡No pasarán! »
dans le contexte de la guerre d’Espagne. Le 19 juillet 1936, son discours radiodiffusé appela à la résistance contre les troupes franquistes, puis pour Madrid assiégée. Le cri est devenu le cri de ralliement des républicains espagnols.
Cependant, l’expression elle-même vient des soldats français contre les troupes du kaiser en 1916. Le général Robert Nivelle, peu économe en hommes tués, pendant la bataille de Verdun avait déclaré : « Ils ne passeront pas ! »
Sur un autre monde, le magicien (alors encore gris) Gandalf déclare : « Vous ne passerez pas ! » lorsqu’il affronte le Balrog, un démon primordial, sur le pont de Khazad-dûm dans « Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l’Anneau ».
Dans le texte original de J.R.R. Tolkien, Gandalf annonce à plusieurs reprises « You cannot pass ! » (« Vous ne pouvez passer ! »). C’est davantage une impossibilité factuelle que Gandalf impose au Balrog.
La très célèbre formulation « You shall not pass ! » (traduit en : « Vous ne passerez pas ! ») n’apparaît cependant que dans l’adaptation au cinéma ; ce serait une improvisation ou une erreur de Ian McKellen, l’acteur pour Gandalf ; Peter Jackson l’aurait maintenue pour son impact dramatique dans un climat de tension intense, héroïque et sacrificiel de la part du magicien.
Tolkien s’est engagé dans la rédaction du Seigneur des anneaux dès décembre 1937, ce « conte de fées […] pour des adultes » (Lettres, nO 181 à Michael Straight début 1956), poussé par son éditeur Allen et Unwin et publié en Grande-Bretagne en 1954-55, après le succès du Hobbit, et en France par Christian Bourgois en 1972-73.
(Lu en Français vers 1975)….
Pierre Partens