Le dépôt
Nature’s Slumber – Nature morte
Nature’s Slumber – Nature morte
Quand un homme d'une chiquenaude envoie une pièce de monnaie dans une limpide fontaine par un après-midi chaud de printemps
sans faire un vœu ni du reste sans savoir ce qu’il a omis de faire
le désignant comme un touriste de plus dans la ville où il vit, cet homme commence à s’évaporer de la tête en bas — comme s’il n’était qu’un verre sans bulle. Et si cet homme en costume d'affaires, ses affaires, peu importent ses habitudes, tel qu' il est, peu enclin à reconnaître quelque chose de valeur – son statut, par exemple, à travers plusieurs positions sociales, de l'homme banal à l'incendiaire – bien que ce dernier statut soit plutôt tiré par les cheveux – alors lui, juste avant de disparaître entièrement, laissera, comme pour dire au revoir, un signe sans lequel nous, son public, sommes perdus, incapables d'en savoir ou d'en apercevoir plus sur lui que ce que ces pauvres mots révèlent.
Mais c’est dans la tradition de ce que nous, vous et moi, célébrons, même sans en avoir l'intention. Cela vient d’une étiquette artistique autrefois calibrée que la guerre a éviscérée; à la fin sans fin de notre abattage mécanisé obligeant et dégoûtant, nous attirant et nous distrayant du moment où la connaissance perdue de sommeil émerge avec l’aube ; le bruit sourd lointain du canon souligne, encore une fois, combien il est précaire d’être ici, à quelques mètres de cet homme qui sortit de sa poche une pièce de monnaie et la jeta dans la fontaine avec la condamnable nonchalance d’un amnésique.
Dieu soit loué il ne se souviendra pas du geste ou sinon, il ne pourrra dire pourquoi il l’a fait.
« Nature Morte », exilée dans cet imbroglio, est tout aussi simple. Est-il
perdu, cependant, notre gain? Ou va-t-il à laisser cette pièce, jeton en train de couler au fond de la fontaine, au retour perpétuellement modeste, insensiblement opaque, à jamais ressuscité sur le côté droit du portrait déchiré et souillé peint avec le pinceau d'un charognard ; un portrait soufflé en travers sur un mur brûlé et à moitié détruit
dans une galerie du côté nord de la ville où les bombes tombent et l’angoisse sanglante fleurit...?
Allan Graubard
trad G&J
Nature’s Slumber – Nature Morte
When a man flips a coin into a placid fountain on a warm Spring afternoon without making a wish or, for that matter, understanding what he didn’t do, marking him as just another tourist in the city he lives in, that man begins to evaporate from the head down — as if he were little more than a drink gone flat. And if that man, dressed for business, his business, whatever that is, accustomed, as he is, to rarely admitting anything of value – his standing, for instance, across multiple positions, from banal to incendiary – though in this instance the latter is quite far-fetched – then he, just before disappearing entirely, will leave, as if saying good-bye, a token without which we, his audience, are lost, incapable of knowing or intuiting more about him than these poor words reveal.
But this is in the tradition we, you and I, celebrate, even without
intending to. It comes from a once calibrated artistic etiquette that war has eviscerated; our endless pean to mechanized slaughter, which compels anddisgusts us, attracting and distracting us from the moment that cognizance, lost to sleep, emerges with dawn; the distant thud of canon underlining, again, just how precarious it is to be here, just several feet from that man who reached into his pocket for a coin and flipped it into the fountain with all the nonchalant conviction of an amnesiac.
God be praised that he won’t remember the gesture or if he does, won’t
be able to say why he did it. ‘Nature’s Slumber,’ exiled to this imbroglio, is just as facile. Is what he lost, though, our gain? Or will he, in leaving his token, that coin sinking to the bottom of the fountain, return, perpetually modest, insensibly opaque, ever resurrected on the right side of a torn, scumbled portrait painted with a scavenger’s brush; a portrait blown askew on a burned, half-destroyed wall in a gallery on the city’s north side where bombs fall and bloody anguish blooms...?
Allan Graubard