La
page
blanche

Le dépôt

AUTEUR-E-S - Index I

94 - Jean Villemin

Pour La Page blanche

Jamais je n’emprunte l’allée

toujours j’attends le soleil qui apparaît

dans l’axe comme pour justifier la perspective

et chaque matin je vois la roulotte

qui se meut vers l’orient

et les ombres qui s’incurvent

 

Tu me dis que ce n’est pas une roulotte

juste une petite maison 

que chaque matin

le soleil éclaire

 

*

 

L’oie te pince

et t’effraie tant

que tu cours avec ton bidon de lait

blanc comme l’oie qui te cours après 

et tu renverses le lait 

blanc comme l’oie qui te pince 

et tu tombes

comme ton lait est blanc

et tes genoux sont de sang !

 

*

 

Tu sais que les abeilles vivent dans un trou du saule

tu sais qu’il faut fermer les poules le soir

qu’il y a un carré d’orties 

qui te démangent jusque dans la nuit

tu sais où cueillir les violettes

manger les fraises des bois

où chercher de la fraie de grenouille

avec ton petit seau

tu sais où trouver la bonne herbe sucrée

à mâchonner

tu sais gauler les noix 

sans noircir tes mains

et tu te demandes 

qu’est-ce que c’est que ces traces 

dans la boue des vasières

qui vont vers le ruisseau au travers des roseaux !