Le dépôt
Pour La Page blanche
Jamais je n’emprunte l’allée
toujours j’attends le soleil qui apparaît
dans l’axe comme pour justifier la perspective
et chaque matin je vois la roulotte
qui se meut vers l’orient
et les ombres qui s’incurvent
Tu me dis que ce n’est pas une roulotte
juste une petite maison
que chaque matin
le soleil éclaire
*
L’oie te pince
et t’effraie tant
que tu cours avec ton bidon de lait
blanc comme l’oie qui te cours après
et tu renverses le lait
blanc comme l’oie qui te pince
et tu tombes
comme ton lait est blanc
et tes genoux sont de sang !
*
Tu sais que les abeilles vivent dans un trou du saule
tu sais qu’il faut fermer les poules le soir
qu’il y a un carré d’orties
qui te démangent jusque dans la nuit
tu sais où cueillir les violettes
manger les fraises des bois
où chercher de la fraie de grenouille
avec ton petit seau
tu sais où trouver la bonne herbe sucrée
à mâchonner
tu sais gauler les noix
sans noircir tes mains
et tu te demandes
qu’est-ce que c’est que ces traces
dans la boue des vasières
qui vont vers le ruisseau au travers des roseaux !