La
page
blanche

Le dépôt

AUTEUR-E-S - Index I

66 - Jora Gaya

Révolution

Révolution (partie 2)


Ce fut un long et endurant périple.

Mon royaume devenant une anarchie, commençait alors un défilé de cavaleries aux couleurs et noms multiples,  provenant de contrées qu’ils avaient sillonné, récoltant le blé qu’ils avaient semé. 

Vêtu de leurs plus belles artilleries, ce fut le début d’une guerre sans merci. 

Mon royaume face aux troupes , je brandissais mon épée , je ne voulais plus me retourner. 

Face contre terre, regardant mon armée, sillonner dans la poussière des contrées, je devais me relever, je faisais ma Révolution, je cherchais la clef.

Mes batailles dessinaient la douleur, je m’étais blessée au cœur.

Mes entrailles avaient pris le froid et la peur.

Moi, et ma solitude, devions saisir le malheur.


Insatisfaite !

Vêtue de mes plus belles étoffes , je regardais les fous faire la fête..!

Vêtu de leurs plus beaux costumes, ils m’invitèrent entre le marteau et l’enclume.

Voyant les invétérés affamés, je pris le chemin munie d’un flambeau, fuyant le château.

Aucune constitution, conspiration, n’allait m’intimider.

Mon armure endossée, 

Mon flambeau allumé, 

Prête à te retrouver… 



Mais, 

Je cours, bagage en main,

dans les rue de Paris, cherchant une maison à tout prix.

Tenant mon cœur, serrant les poings.


M’en allant chaque lendemain, laissant des souvenirs, toujours, sur les quais pour le train de minuit.

Le prendras-tu avec moi ?

Il arrive le train de minuit! Dépêche-toi!


Je te retrouverai la prochaine fois. 


Je cours toujours depuis, depuis qu’il est parti. 

Je ne m’arrêterai jamais ici.

Les regards se croisent devant la bouche de métro, j’attends de voir ton regard, tes gestes de trop.

Je m’enfuis alors pour le train de minuit, le prendras-tu avec moi, cette fois? 

Mais je veux être libre, revoir ton visage me faisant vivre, bagages en main, poursuivant le chemin, dansant sur des airs connus, regardant le monde dans les longues avenues. 

Tu me téléphoneras j’espère, avant que tu rentres, avant que je prenne le train de minuit.

Dis-moi que tu es libre, que tu m’attendras sur le quai.

Tu sais bien, je serai là, caressant ton visage, t’offrant mes bras.

Dis-moi que je suis libre, que je pourrai toujours voler, que je pourrai prendre plusieurs cafés avant de te retrouver .


Mais vite! Il arrive le train de minuit!

Tu sais bien, je serai là.

Le prendras-tu avec moi?

Est-ce que tu m’embrasseras?


Toutes ces fois où je t’attendrai

Je les compterai et les oublierai. 

Serai-je libre, courant, bagage en main?

Tenant mon cœur, serrant les poings?

Toutes ces fois où je te quitterai, 

Je les compterai et les oublierai. 

Je vis ! Avançant, bagages en main,

tenant mon cœur, serrant les poings.


Je sais.

J’ai dit, 

Non, il ne leur permettrait pas.

Tu me laisserais nager

Tu me laisserais voler, toi.

Et je reviendrai te raconter mes exploits.

Raconte-leur comment nous étions,

Combien nous nous aimions,

Que notre force ressemblait à celle du Lion.

Raconte-leur comment nous vivions.

Mais nous sommes seulement humain, et jamais sûr d’être là demain.

Alors je serre les poings 

Alors je ressens ton âme

Alors je regarde au loin

Alors je vois tes larmes

Mais, tu n’es plus là? 

Alors j’essuie mes larmes 

Alors je sens que tu parles

Alors je sens que tu pars,

Alors je prends mon train.

Enfin, 

En serrant les poings 

Car, tu n’es plus là.


Tu n’es plus là. 

—————————