Le dépôt
Cinéma - Les amandiers, de Valeria Bruni Tedeschi, 2022
pourquoi tu veux faire du théâtre parce que je vois ma jeunesse défiler disparaître parce que les mots des autres sont garde-fous parce que ma mère parce que pas autre chose
alors cette nécessité à jouer cette nécessité de l’art comme la vie de la vie comme l’art au bout des corps
avec Tchernobyl qui éclate la voix de Balavoine qui éclate dans la voiture rouge le chanteur comme l’acteur qui éclate
sinon je regarde des gens à la terrasse d’un café si vous ne jouez pas pour de vrai si l’art n’est pas pour de vrai
jouer à en crier
jouer le théâtre ou jouer le cinéma
jouer la vie
mais moi je suis fou je suis un fou de la psychiatrie
n’ayez pas peur j’ai visage humain
je joue le théâtre de l'excès parce que la vie-excès
la direction d’acteur comme un challenge et un défi les coups de gueule les coups d’abandon
comme une écorchure vive
solitude passion avec le sida en perspective
toutes les maladies sont la mort vivante actualisée mais le bad boy mais la coke mais tous les manipulateurs excessifs
amoureux de leur mère ou voleurs de portefeuille
comment être une actrice et jouer Platonov (histoire d’un manipulateur d’un perdu cynique et sans père)
l’art ou la vie
sur une radio Tchernobyl explose juste deux morts dit Moscou
mais le bad boy sans père qui attendrit la petite bourgeoise blonde
de celle qui ont la vie au fond des tripes couchent ou dorment sur le paillasson malgré capotes et sida
aiment entre mort et vie jouent à vingt ans la scène finale
admirent les metteurs en scène adulés et découvrent New York comme un poème
déchirent la complicité des eigthies dansent le théâtre dansent le cinéma bras levés comme espoirs fac-similés
l’art ou la mort
de toute manière on avorte toujours du bad boy évolutif (il ne frappe l’héroïne qu’une fois elle l’absout elle est femme)
on sait que le bilan sera cinématographique que
rien ne restera hormis l’art et l’instinct on peut surjouer
on peut hurler mais les images
on enfile nos costumes et on essaie de jouer la vie
après la mort on joue
à New York on jouera l’histoire de sa mort puis
fumer une Camel illusoire
et jouer rejouer sa présence en cinéma halluciné de lui-même en sourire-caméra
(le film comme théâtre éternisé)
en totale psychose le cinéma dans les yeux
A propos du film Les amandiers, Valeria Bruni Tedeschi, 2022