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blanche

Le dépôt

AUTEUR-E-S - Index I

64 -Lucie Boulangé

L'art et la fuite

j’oublie les corps                 doux

écorchés

la sueur         les paradis cent fois perdus

cent fois retrouvés

la fièvre qui perle aux tempes

amour ou désir

on oublie vite l’Origine du plaisir              et ainsi nus               le cœur ouvert

-         il était frais comme une rosée -

nous finissons souillés

sans savoir qui du regret                ou du sublime                      s’abat

dans un silence de pantomime

 

mais il faut que je vous cherche encore               

dans la nuit sombre            dans la nuit stupide

dans les aubes mauves

vous comme une excuse                 ma belle excuse

rien qu’une excuse              pour se sentir le cœur battre

pour que les matins froids et pluvieux                 abdiquent

lorsque vous partagez de tels baisers plus rien ne vous semble lasse

il suffit de quelques coussins jetés par terre       pour se croire en Californie

 

et dans les crépuscules qu’ils ont oubliés            que tu oublieras

dans les torpeurs                dans l’absence

que vous oublierez tous                 

que j’ai oubliés         moi-même    déjà

il ne restera que l’amertume enrobée des souvenirs

cette infâme              que poètes nous appelons              

nostalgie

 

mais une lueur subsiste                  tranquille

à tout le moins

un esprit pur désincarné                trouve toujours au bout de sa main décharnée

une plume prête à écrire