Le dépôt
Poèmes Zendada
POÈMES ZENDADA
Peter Lamborn Wilson
in memoriam
Valery Oisteanu
We ate at Joshua tree in Woodstock
Where you had arrived from New Paltz
Headed for a poetry reading at the Colony Café
Peter the anarchist, the clumsy alchemist
Alone, a teacher at the “School of Nite”
Verses falling from deep in his body
Each line a breakdown, death and resurrection
Whispering,” welcome to the dark whose spiral
Delineates the esoteric axis of a hermit crab”
We spoke of Ira Cohen reminiscing in Saugerties
I’m still searching for you through the empire of delight
You left yourself in your last will and testament
Your many books, your eyeglasses and your hats
The magic of those mismatched words
Flow as a drumbeat, every stanza a repressed desire
Van Gogh Ear, Baudelairean melting tiger
The rhythms of a wild shaman’s last dance
Omnia Tua Tecum Portas!
All what you had, you carried with you!
Peter Lamborn Wilson
in memoriam
Valery Oisteanu
Nous avons déjeuné au Joshua Tree à Woodstock, où tu étais arrivé de New Paltz, en route pour une lecture de poésie au Colony Café.
Peter anarchiste, alchimiste maladroit, solitaire, enseignant à l’« École de Nite », aux versets tombés du plus profond de son corps, chaque ligne faisant rupture, mort et résurrection. Murmurant « Bienvenue dans l’obscurité dont la spirale délimite l’axe ésotérique d’un Bernard-l’ermite » .
Nous avons parlé d’Ira Cohen en nous remémorant Saugerties. Je te cherche encore à travers un empire délicieux. Tu as laissé de toi dans tes dernières volontés et ton testament, dans tes nombreux livres, tes lunettes et tes chapeaux, dans la magie de tes mots dépareillés, des flots de tambour, à chaque strophe un désir refoulé, l’oreille de Van Gogh, le tigre fondu Baudelairien, les rythmes de la dernière danse d’un chaman sauvage.
Omnia Tua Tecum Portas! Tout ce que tu avais, tu l’as emporté avec toi !
The Forest Shamanista
Valery Oisteanu
Let me be your wabi-sabi guide of the forest
With sequential blinking lights at the entrance
Psychedelic melting colors snaking backwards
As perching wild turkeys carpet bomb visitors
Assisted by squirrels’ precision blasting of nuts
Birds continue to bark in intraspecies sounds
Coyotes howl and wild cats menace behind trees
My Third Eye travels over and under bear trails
Watch them training cubs to break into parked cars
Lepidoptera and infinite insects converge quickly
While only the bees know the secret coves of honeycombs
Birds of the dead waterfalls nest in driftwood decay
The imperfect tarnished landscape unfolds bewildered
Into a withered orchestra of dry logs and branches
Tree trunks sprouting horizontal dried fish
Listen to my whistle, hear my healing drumbeat
Follow the path into my sacred cave labyrinth
Each handprint is a petroglyph of spider webs
Observe the mystical initiation begin to unfold.
Le chaman de la forêt
Valery Oisteanu
Laisse-moi être ton wabi-sabi guide de la forêt. Avec d'entrée
des séquences de lumières clignotantes aux couleurs fondues psychédéliques serpentant à rebours des visiteurs tapis de bombes tandis que se perchent des dindes sauvages assistées d’un dynamitage précis des noix par les écureuils. Des oiseaux continuent d’aboyer dans les sons intraspécifiques, des coyotes hurlent et les chats sauvages menacent derrière des arbres. Mon troisième œil parcourt sur et sous les sentiers d'ours. Observez-les entraîner les oursons à entrer par effraction dans les voitures garées. Des lépidoptères et d'infinis insectes convergent rapidement alors que seules les abeilles repèrent les secrètes criques des rayons de miel. Des oiseaux de cascades mortes nichent dans la pourriture du bois flotté. L'imparfait paysage terni se déploie ahuri en un orchestre desséché de rondins secs, de branches et troncs d’arbres poussant du poisson sec à l'horizontale.
Écoute mon sifflet, entends le battement de mon tambour.
Suis ce chemin dans le labyrinthe de ma caverne sacrée.
Chaque empreinte est un pétroglyphe de toiles d’araignées. Observe l’initiation mystique commencer son déroulement.
The subway in the sky
Dreaming in the afternoon, waking on the uptown local
Went up to the street, where the tablecloth of air unfolds
Colored shades of blue, between emaciated buildings
Smothered in red, sway rhythmically from left to deep left
A cruise ship moored on the rocks, drops dripping humans
Water cascades out of churches, revealing tiled swans
Pain killed in play, sardonic nostrils of the eardrums vibrate
To the accelerated staccato of the frolicking Betty Boop
Crashed birds land in the assigned tragedy of a three headed snake
Vertical balconies of destiny stacked beyond the clouds
Guitar riffs encircling the Lychee gardens
Sunken enigmas glide, anguished dreams in slanted skyscrapers
Angular crystal decanters house red cardinals
A cluttered subway car passes without a motorman
Driving us all past the repetitious destinations
Next stop at shamanic desperado amnesia
At the side of the rivers in silent confluence
Where transient sadness barely recognized
Is exchanged for ephemeral erotic insanity
Possessed in a city that is not even there
Le métro dans le ciel
Rêvé dans l'après-midi, réveillé dans le métro local
Monté dans la rue, où se déplie la nappe d'air
Nuances colorées de bleu, entre des immeubles émaciés
Étouffés de rouge, balancé rythmiquement de gauche à gauche profonde
Un bateau de croisière amarré sur les rochers, dégoulinantes gouttes d'humains
Eaux en cascades hors des églises, révélant des carrelages de cygnes
Douleur tuée en jouant, les narines sardoniques des tympans vibrant
Au staccato accéléré de la gambade de Betty Boop
Des oiseaux écrasés atterrissent dans la tragédie assignée d'un serpent à trois têtes
Balcons verticaux du destin empilés au-delà des nuages
Riffs de guitare encerclant les jardins Lychee
Des énigmes englouties glissent, des rêves d’angoisse dans des gratte-ciel inclinés
D’angulaires carafes en cristal logent de rouges cardinaux
Une voiture de métro encombrée passe sans motoriste
Nous conduisant tous au-delà des destinations répétitives
Prochain arrêt à l'amnésie chamanique desperado
Au bord des rivières au confluent silencieux
Où la tristesse passagère est à peine reconnue
S'échange contre une folie érotique éphémère
Possédée dans une ville qui n'est même pas là
The End Game
When there is not enough time to dream
When the very last note is played
When the musicians have left the party
When the musical notes have drowned
When the final rat leaves the sinking ship
When the last man is not standing
When the beer keg runs empty
When the ultimate time to leave arrives
When one is at their wits' end
When even the dance its totally over
When the sole remaining fat lady cannot sing
When the shit hits the fan
When the time times out
When you just can't stand-it anymore
When there are no more bottles to drink
When there is no one to say it's good till the last drop
When there is not a drop left
When the only hired stripper can't find her clothes
Where the road is a dark cul-de-sac
When we run out of rolling paper
When the phone is out of juice and there’s no charger
When the pens run dry of black ink
When the time is totally up
No ice (icebergs all melted)
No black rhinos or albino gorillas
When the county wells run dry
When the last poet takes his last breath
After everything, the unbearable persists
It all comes to the last fistful of pills
And just one bullet left
Valery Oisteanu
LE JEU FINAL
Quand il n'y a pas assez de temps pour rêver
Quand la toute dernière note est jouée
Quand les musiciens ont quitté la fête
Quand les notes de musique se sont noyées
Quand le dernier rat quitte le navire qui coule
Quand l’homme final n'est pas debout
Quand le fût de bière est vide
Quand le moment ultime de partir arrive
Quand on est à bout de souffle
Quand même la danse est totalement terminée
Quand la seule grosse dame restante ne peut pas chanter
Quand la merde frappe le ventilateur
Quand le temps s'écoule
Quand tu ne peux plus le supporter
Quand il n'y a plus de bouteilles à boire
Quand il n'y a personne pour dire que c'est bon jusqu'à la dernière goutte
Quand il ne reste plus une goutte
Quand la seule strip-teaseuse engagée ne trouve pas ses vêtements
Quand la route est un sombre cul-de-sac
Quand nous manquons de papier à rouler
Lorsque le téléphone est épuisé et qu'il n'y a pas de chargeur
Lorsque les stylos sont secs de l'encre noire
Quand le temps est totalement écoulé
Pas de glace (les icebergs ont tous fondu)
Pas de rhinocéros noirs ni de gorilles albinos
Quand les puits du comté s'assèchent
Quand le dernier poète prend son dernier souffle
Après tout, l'insupportable persiste
Tout vient à la dernière poignée de pilules
Et juste une balle à gauche
Valery Oisteanu
Traduction Gilles&John