Le dépôt
Une faim de terre & autres poèmes
Sur quel pied danser
le gauche, le droit
le droit, le gauche?
petit peuple, gentry arrivent
s’installent aux chaises aux bancs sous les lanternes suspendues
aux comptoirs sonnent les sourires les pièces
guitares accordéons fondent leurs notes
crochets ondulations d’époques
qui conduisent
lâchent sur la piste
paroles fronts et galbes
fièvre dans les paupières les chevilles
les bandes se forment
des cercles mains jointes
formes souples carrures brutes se mirant se lissant
entre les plis du sérieux chante vire le rire
sur les tables apparaît à profusion
la fierté du labeur des guirlandes de splendide
bras bouches se mettent à battre
rubis de joie sur la gorge
faces qui s’éclairent éclatent sous la lune
veines venant sertir
la puissance d’oraisons cachées
étoiles au creux des paumes des hanches
telle montera en fleur contre les buissons
telle sur sa poitrine embrassera une nouvelle ambassade
une autre verra son sang courir
aussi fort qu’un rêve que se racontent les coupes
le droit le gauche
le gauche le droit?
maintenant la place se clairsème
sur la terre battue échouent étoffes fleurs
les arbres s’assombrissent
autour du grand feu de mémoire
avant que l’aube laisse planer ses teintes soupirantes
l’ombre des braises se pèle se pèse
discours délires se mêlent
d’autres lèvres rejoignent la rosée effervescente
la nuit impatiente accroche au corps un silence
contusions confuses intarissable égarement
cœur entre ses angles fluides
insolvable énigme du pétale qui se trempe dans l’abandon des nœuds
pas qui repartent s’effondrent
simple niche d’un coup d’une chevelure
alors que l’oiseau reprend ses ailes lance son chant
certaines silhouettes marchent avec un goût de naissance
d’autres teints touchent la cire qui se fige
des regards s’ajustent faussés francs
les seins s’alignent sous le corset
mille aspects flottent encore sur l’horizon plus neuf qu’un métal à effigie
chacun en somme éprouve son héritage de lumière
la danse laisse ses sentiers face aux constellations
éteintes mais palpitantes
sur des miroirs en baquet d’eau grasse chantonne l’avenir
lisières falaises hauts chemins bas-côtés
se relaient répondent pour cet autre de l’impossible
qu’il essaie d’étreindre avec l’absence dans sa voix
Deux billets de banque contre un ticket de cinéma
après les cases du trottoir la paroi du guichet
les lunettes carrées d’une ouvreuse à frange
dent tendre cendres d’acmé
des rangées de sièges rouges basculent
épaisseur dans l’air nylon mécanique
chaque rose témoigne au creuset dévalé de l’aurore
néon bleu sous l’arc embryonnaire
d’une tête à l’autre passent les bribes de conversation
le tapis qui s’élime ponctué de gommes et pop-corn
descend jusqu’au grand rideau
qui ondule entre ses plis contre l’écran cyclopéen
métropolitaine ampleur océane
une trame accompagne le ballet des poussières
tu t’accoudes des souvenirs vagabondent
les dents se serrent un peu
les poings entourent une rumeur de palpitation
sortie d’urgence calée au coin
l’obscurité tombe
qui enrobe sépare des autres
la surface quotidienne cède
un rayon haute-fidélité injecte sa houle
térébrante vibration éminence argentique
galop couvert des mots du sang
énigme d’ombres contre la racine des nerfs
idées et pulsions s’exposent au mystère sensible
l’histoire commence
main courante dans une clairvoyance d’espace
ton vécu se dédouble mimétisme statique
son velours beat obéit au mont synclinal
torche battante d’intrigue
viscères et lobes se larguent
par-dessus le pont des heures un calme s’impose
tracé d’hymne qui guidera vers le barattage d’une foule
dont tes larmes de cristal investi sur un damier de pas
repoussent l’écumante étrave profanatoire
aux murs travelling d’intelligence
chaque affiche te regarde essuie ta tempête d'yeux
d’une pellicule l’identité tas de scènes émane
de toi de personne
partout nul part à la fois
passé et futur se verrouillent
tes pores participent au lit d’éponge primordiale
ton souffle alterne entre secondes et étoiles
crise souveraine cabale
au plus fragile de tes élans armés
Courir après les flocons
pour s’affranchir du froid
ce cataclysme de griffes
qui s’accroche aux tempes
dérègle les pentes du rire
courir la gueule au vent
essouffler ses manteaux d’âges
fuir les cartouches de sel
ces mille segments d’une rue
souffle cloué d’éventail
étoile sous sa cime frileuse
dilacérer les ailes du calcul
ombre au nid d’aumône
rêves ouverts par le prisme
d’un lampadaire placide
sortir son cœur criblé d’atouts
au chemin des tempêtes
Calme vacarme
vagues que détache l’horizon
modeste et dérisoire dans la chambre du phare
infinitésimal
à éplucher les galops galactiques
je guette
sans relâche
mon front aussi ductile qu’une fleur de chandelle
mais chaque pensée écorce de pierre
dans sa différence immonde
la patience perd pied
tombe en prière
à attendre cette tempête qui prendra mon pouls
enroué
à son bord
une meute d’éclairs visitant mes tripes
recul d’expérience
recueil d’heures
saisis par une vendange de chocs dans l’air
chaque fenêtre écrasée
brouillée sous la pluie aux accents de méduse
chaque brique enfantée
au flamboiement de racines
liturgie tremblante
alors que je participerais à cet œil
caché par la peau des nuages
Peur moulante
seul dans un monde à en crever l’apparence
et si mon image : ce qu’il reste de moi
après la râpe des aveux
n’allait plus rien dire
à personne
mais restait dans sa coquille d’espoir
gorge barrée
ne se donnait plus la peine de transmettre
le jeu des eaux
alors qu’elles glissent
lourde transparence
laissant le miroir dans une nudité sauvage
de cadre sans état
Au bout de chaque sentier
la tranche d’une paume donne au ciel à retentir
un visage sort
de son coffre à lumière
une ville sonne cette constante alerte
d’ailes séduites
par le mirage des embaumeurs
d’ongles semi-lucides
épuisant la terre
pour tenir la musique d’un buste
à ras notre rage thoracique un précipice
se tourne
l’ange de sa voix téléguidée
approche avec une cage bleue
la succession d’instincts
dont la soif
repose avec le soleil dans des cathédrales
amorties
Intrigue
long jeu de ficelles
une fille
refuge simple mais complet
de gestes fonciers
dans l’incalculable présence
source frontière
hanche du pont
espoir franc
mise blanche
mire
dans sa brillance d’aile
épreuve du manque
inflexible maille
dans ma compacité de gêne
Mon cœur se pend
à tes lèvres tes pieds
se démet de bonheur
s’inarticule
auprès de l’âtre
traité d’herpès
avachi sur le lutrin
je reprise ma bosse
crache sur mon écu
mâche flammes
et parfois le goût te prend
de m’ouvrir
mécanique carrossable
survoler
mes pépites grenades
mollusque d’éruption
mettre myocarde sur table
chaque aigrette
à prix chanté
Virtuosité des nuages
blocs éponges
équilibre
déroulant
la terre
le tricot
de nos aspirations
chorégraphie tumultueuse
Loin en-dessous
un homme aux mille rides
autant de prières
basanées
garde le rire grégaire
des siècles qui paissent
et l’ombre passe
au dos des collines
Insondable contact du lit où couche ma mémoire
après le fourreau des lèvres
un horrible ressac donnera mes jambes
aux avenues transfuges
Lignes d’hémisphères collées au fard de la terre
langue d’arrêt sur la nuque
Paumes en petites coupures soufflet du seul feu
À la plage
langue sur le sable
par échelons d’organes
descendre
sous la sueur des vagues
une femme assigne
dans son maillot abrupt
des lignes souveraines
alors qu’une mer
enroule aux jambes
par crochets d’étoiles
sa fréquence ondoyante
le cœur se balance
délire calme
là-haut par efforts réitérés
un cerf-volant
vise la stupeur bleue
les mouettes
se battent à coups de becs
dans la ouate des nuages
sous la clameur du soleil
chaque coquillage
s’invente une histoire
le ventre se creuse
mémorial de perles
Coin de trottoir
oreiller des feuilles
venues dormir
sous les années
au néon
lèvres du passage
paroles
entre les mailles
du filet à commissions
je cligne vers cette nuit
dont les ailes déposent
le seuil d’une perpétuité
Mon empire appartient
à l’étreinte du repli
rasade névralgique
active abrasion
fébrilement cousus
irrigation fidèle
d’une commissure
tête de manies
lissant la fumée
mes pas se foulent
au caoutchouc
d’ornières indolentes
Une craie m’isole
dans ma peau
doigt sur la bouche
pleine de nuit
faim
en ressorts d’étoiles
source magnétique
des os
du sang
s’entend le trafic
grave roulis d’organes
qui pressent leur ruée
contre le macadam
et le temps chante
berceuse
sur des talons aiguilles
L’échine se bat
avec des rafales pensives
le désir s’essouffle
casse les vagues
dans sa crèche de peau
goût de mordre
la souche des vertèbres
ces flancs
d’à-vif soulevé
le sort gît
au pied du firmament
bâille la règle des blessures
une langue s’oublie
à l’opération des pierres
Une larme creuse mes traits
use la voie lactée
jusqu’au fin fond des gouffres d’astres
elle fait désespérer
d’épaules sur terre jamais
La clef du ventre hurle
lapidaires besoins abrupts
cordes à nerfs sous le manteau
ce barrage cellulaire rompu
marque nos scrupules
d’animal veillant sa place
au secret exclusif du tourment
nappe sur la bouche du feu
Casiers où cahute l’huile des heures
marche sur têtes d’aiguilles contre l’hure du train
notre corps se prend dans les plis du discours
mémoire trafiquée en pied de grue fanges d’incisives
la venue au monde épluche un diamant
sueur batracienne qui retombe tuiles linguales
La saignée du silence
procure une épaisse ligne noire
également cette ombre bouillante
dont plane le pli au ciel
front garrotté assénant
périlleux motus crépusculaires
Membres lacés dans leur socle
veines encore pleines du rêve fixe
d’installer l’azur
alors que les pensées fusent et s’enlisent
couronne de trafic
une jeunesse passe
entourée de rires forte de ses roues
frôle et rase
mon rôle déjà muet
ébranle la peau tirant d’effort
figé à l’ombre des arbres
regards battus par la mémoire
traits barricadés en poids d’offrande
place longeant dès lors
le solstice du maquillage
sous des plumes glissantes
d’aléatoires numéros de saison coffrent
d’une banquise la part de rides
Cette fenêtre
par laquelle tes yeux participent
à la sortie du second corps
tendu d’émancipation
liant crachés ses moindres pactes
ma conscience au milieu d’autres
ressasse en tas l’océan
rompue devant ton sourire
s’arrête de jouer faute de peau
sur vide
Survol des formes
montée des membres
propos d’empreintes
thaumaturgiques
la poussière soudain rideau
s’évapore quand
chaque note d’échine sangle sa prestance
s’allie au mercure
soute à cellules épaules fixes
une main dans nos cheveux
repêche mémoire
Insondable contact du lit où couche ma mémoire
après le fourreau des lèvres
un horrible ressac donne mes membres
aux avenues fugitives
Lignes d’hémisphères collées aux pas du ventre
langue d’arrêt sur la nuque
Paumes en petites coupures du feu seul
L’appui du bleu me manque
nerveuses sentences en pierre de taille
au plan desquelles je range mes cartouches grises
semences palléales
attendant de leur radiance
qu’elle me trace un pli d’éternité
doctrine filante
encoignure médiane découverte dans le tissu du jour
une nuit perplexe tranche plutôt mon profil
firmament détourné
effusion d’ombre sous le métier astral
la chair des sens baille vers un puits de stupéfaction
étude complice au dégoût inabouti
que pourchasse une meute d’algorithmes
Je gravite autour d’une planète rare
prononciation instable
vocable irascible au fond de sa loge
dont la transe parturiente impose ces chirurgies transfuges
chaîne d’incarcérations boréales
tandis que mon visage cherche influence
granit et flamme
encagoulés sous le vent
par différentes incantations du domaine :
abysse ouvert
Une agonie foncière s’affiche
inébranlable voracité précède l’existence
éclairage incisif sur les pièces au quotidien
dont la chair tourne en legs non reçu
étages d’anges entre les côtes
nuées d’os établies au moindre pas
l’adhérence du lendemain éloigne sa poigne
chaque coup de cœur vérifie une mort étanche
mes mains raclent l’aile
d’âges en banque
morsures de l’or au sourire tétanique
sans dégager cette clef d’envol
rigueur aguerrie
par sa seule déclaration au clocher
que froisse le gris des langues de feutre
Une faim de terre
jointures du rêve
cartes au tirant d’astres
à fleur d’espace
croûte meuble
membres pastel
éparpillés
pour les orgues de mon abattement
Un rire frappe contre sa boîte de fer blanc
elle penche toujours
vers la déchirure
cette curiosité abyssale
creuse les parois du ventre
vide
et demande que je tourne la petite clef
joue
dans le mécanisme du sommeil
des sardines que baigne l’or
en huileux regards d’écailles
Couleurs grondantes
à composer leurs torrents
lézardes libellées
sur nos palissades
en chair
flancs de commerce
épidémiques
emblèmes à arracher
pour que se montre
la rumeur du sang enfin
se fonde le délire
bras à l’encre de rage
sourdes épines
bannières d’atermoiement
d’un bâtiment à l’autre